22/06/2007
" JE M'EN IRAI DORMIR DANS LE PARADIS BLANC " ...
Une forme de Traite des Blanches à laquelle il faudra bien finir par se faire.
"Mon cul contre ton passeport", un deal très tendance ces temps-ci. On fait pas plus oecuménique, nom de Dieu : Ouverture sur l'Autre, Rapprochement entre les Peuples, Libre-Echangisme au premier sens du terme, de quoi réconcilier les traîtres concurrents de tout l'échiquier politique classique. Et puis les nutritionnistes vous le diront : la viande blanche, c'est bon pour lutter contre le cholestérol.
<< Bouddha et Allah – la foule grondait - , Shiva, Vishnou, Garuda, Ganesh, Krishna, Partavi, Indra, Deruga, Souriya, Bhairav, Ravana, Kali – suivit tout le panthéon hindou dont chaque nom chanté provoquait des gémissements d’extase – ont tenu conseil et sont allés rendre visite au petit dieu des chrétiens. Ils l’ont décloué de sa crois, ils lui ont essuyé le visage, ils l’ont soigné par leurs baumes sacrés, ils l’ont guéri puis ils l’ont assis parmi eux, ils l’ont salué et lui ont dit : « Maintenant, tu nous dois la vie, que vas-tu nous donner en échange ? » (...) Alors le petit dieu sans croix frotta ses membres engourdis, remua bras et jambes, tourna sa tête plusieurs fois sur son cou et dit : « C’est vrai, je vous dois la vie et je vais vous donner mon royaume en échange. Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée… » (...)
<< Ainsi parla le petit dieu des chrétiens. Alors Allah et Bouddha, Shiva, Kali, Vishnou, Krishna… l’entraînèrent dans une ronde autour de la croix vide. Puis ils se mirent ensemble au travail. Avec les morceaux de la croix, ils construisirent un grand bateau, capable de traverser les mers et les océans, un bateau aussi grand que l’India Star. Puis ils rassemblèrent leurs colliers, leurs diadèmes, leurs bracelets et leurs bagues et dirent au capitaine : « Il est juste qu’on te paye, prends tout cela et, toi qui connais les routes du monde, emmène-nous aujourd’hui au paradis ». Quand le bateau prit la mer, suivi de milliers d’autres, le petit dieu des chrétiens courut sur ses jambes blanches et malhabiles, le long du rivage. Il criait : « Et moi ! et moi ! Pourquoi m’avez-vous abandonné ? » Bouddha et Allah répondirent avec un porte-voix, et le vent lui apporta leurs paroles : « Tu nous as donné ton royaume. Le temps est fini où tu prenais d’une main ce que tu donnais de l’autre. Mais si tu es le fils de Dieu, marche sur l’eau et viens nous rejoindre. » Le petit dieu entra dans l’eau courageusement. Quand les vagues atteignirent sa bouche et ses yeux. Il mourut, noyé.
<< Le voyage fut long et périlleux. Beaucoup moururent en route et d’autres naquirent pour les remplacer. Puis le soleil cessa de brûler, l’air se fit doux et caressant quand apparut le paradis d’Occident. On apercevait des fontaines de lait [54] et de miel, des fleuves poissonneux, des champs gorgés jusqu’à l’horizon de récoltes spontanées. Mais on n’y voyait plus personne, ce qui n’était pas étonnant puisque le petit dieu des chrétiens était mort. Alors tous les monstres dansèrent et le peuple se mit à chanter, toute la nuit, sur le pont de l’India Star. Nous étions arrivés. >>
Jean Raspail, Le Camp des Saints, page 53-54
15:20 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (0)
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