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25/06/2007

LA HAINE, PULSION VITALE

<< La haine, c'est la liberté >>, clamait en janvier dernier un anonyme Organiste. C'est parfaitement vrai, mais ce n'est peut-être pas tout. Il se peut bien que la haine soit tout simplement indispensable à l'humanité.

 

Qu'on puisse écrire des lignes aussi lucides et furibardes, tout en conservant son capital de sympathie auprès de l'extrême gauche moderne, voilà qui troue le cul jusqu'à la glotte. Chapeau, Oncle Bernard.

 

 

La pulsion de mort relève de ce que Freud appelle une "intolérance spectaculaire du narcissime à la petite différence". Nous détestons ce qui ne nous ressemble pas. Mais notre détestation commune nous unit. "Il n'est manifestement pas facile aux hommes de renoncer à ce penchant à l'agression qui est le leur. L'avantage d'une sphère de culture plus petite - permettre à la pulsion de trouver une issue dans les hostilités vis-à-vis de ceux de l'extérieur - n'est pas à dédaigner. Il est toujours possible de lier les uns aux autres dans l'amour une assez grande foule d'hommes, si seulement il en reste d'autres à qui manifester de l'agression."

 

Ce narcissisme des "petites différences" a permis aux Allemands et aux Français, assez semblables au fond, culturellement proches et d'un niveau économique comparable, de se haïr au point de se détruire à deux reprises, en 1914 et en 1940. Le narcissisme des petites différences aide à comprendre les phénomènes nationalistes, les pogroms, les haines de voisinage, ou les matchs de foot qui dégénèrent en guerres ordinaires.

 

Cette haine qui cimente provisoirement les humains, pourtant déchirés par la compétition et la rivalité mimétique, est perturbée par le processus de la mondialisation. Apatride, antifamilial, antipatriote, le capitalisme crée un monde uniformisé, mondialisé. Or, contre qui retourner la pulsion de mort quand il n'y a plus d'extérieur ? Qui tuer, sinon soi-même ? Où trouver des juifs à brûler ? "On se demande avec inquiétude, dit Freud, ce que les Soviets entreprendront une fois qu'ils auront exterminé leurs bourgeois." Eh bien, la réponse est simple : ils disparaîtront. La mondialisation et l'uniformisation du monde éloignent les possibilités d'exutoire. Voilà la Terre déboisée, débarrassée de tout ce qui est différent (animaux et peuples primitifs, religions anticapitalistes). Enfin, la technique a triomphé, enfin les femmes sont devenues des hommes et les hommes des femmes, enfin l'uniformisation est parfaite.>>

 

Bernard Maris, Antimanuel d'Economie, t.2, p.301

 

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