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17/02/2010

C'EST PAS L'HOMME QUI PREND LE POUVOIR...

... c'est le pouvoir qui prend l'homme.

 

Tous les révolutionnaires croient qu’il leur suffit de prendre le contrôle du Système pour que cessent ses nuisances. Ils envisagent la société comme un train qui déraille parce qu’il va trop vite, ou dans le mauvais sens, ou sous la direction d’un conducteur ivre-mort ; ils se croient capables de faire mieux, de changer l’abomination « de l’intérieur » - et à chaque fois qu’ils y mettent les pattes, ils en deviennent un rouage, avec mille excellentes raisons de trahir une intégrité originelle présentée alors comme une pureté de maniaque post-ado. A chaque fois, la même putain de rengaine : MOI, à la place de X au gouvernement, JE ne ferais pas les mêmes erreurs, JE serais intransigeant, JE ne me compromettrais avec aucune puissance occulte, JE n’aurais en tête que les intérêts du Vrai Peuple, et il suffirait qu’on ME laisse faire pour que tout commence à aller un peu mieux.

Vous pensez être réalistes et courageux en faisant le deuil de vos pulsions bestiales de vengeance sanglante ? En vous lançant dans une pénible, socialement dangereuse, économiquement précaire carrière de représentant du peuple ? FOUTAISES. Allez, va pour le courage, il en faut !

Comme il faut une remarquable souplesse, une puissance musculaire remarquable et une maîtrise de son corps au-dessus de la moyenne pour exécuter les acrobaties hip-hop les plus spectaculaires – sauf que ça reste du hip-hop, à savoir le degré moins douze du raffinement culturel.

Comme il faut une détermination incroyable et une résistance physique de demi-dieu pour survivre à l’enculade d’un cheval.

Comme la capacité d’ingurgiter sans vomir le caca de douze inconnus suppose une volonté d’acier dont pas un individu sur mille n’est capable.

Tout ça pour quoi ? Tant d’efforts, de rage de vaincre, de calculs infinitésimaux, pour quel résultat, à part peut-être un amendement mineur à un règlement communal ignoré du plus grand nombre ?

Que tu bandes dur ou mou, que tu aies pris trois ou huitante-huit doses de Viagra, que tu places ta foi en Jésus ou en Krishna, quand tu mets ta bite dans un mixer, ce qu’il te restera après coup ne te servira même plus à pisser.

Couillons idéalistes après couillons arrivistes, la machine bureaucratique déchiquète tous les prétendants qui s’imaginent pouvoir survivre au concassage pour leur minuscule conception du bien commun.

Chacun d’entre nous rêve au moins une fois par semaine de prendre le pouvoir pour s’attaquer enfin à ce qu’il estime être les « vrais » problèmes urgents. Alors que tout ce dont nous devrions rêver, c’est précisément que ce putain de pouvoir n’existe plus :

L’opinion, dans la mesure, très faible, où elle en prend conscience, se scandalise de l’arbitraire des bureaux. Mais parce qu’elle se scandalise, elle se contente de l’attribuer à la volonté de puissance de quelques individus ou d’une classe. Et ainsi lui échappe ce qu’il y a de profondément normal dans la tyrannie bureaucratique. Dans une civilisation de plus en plus complexe, la connaissance des faits devient le privilège d’une minorité de techniciens. Obéissant à des raisons qui ne peuvent qu’échapper à l’ignorance du vulgaire : celle du public et parfois du ministre, ils sont habitués à décider seuls. Il ne saurait être question pour deux de discuter ; car dans le monde où ils évoluent la sanction des faits est automatique, - du moins ils aiment à le croire. En eux s’incarne la nécessité des sociétés modernes ignorée par les idéologues du XVIIIe et du XIXe siècles. Ceux-ci avaient identifié la Science et le Progrès à la Démocratie, résolvant ainsi a priori le problème de leurs rapports. Alors, la Démocratie et le Progrès ont évolué chacun de leur côté : à l’une les belles formules des discours politiques, à l’autre l’action. Les constitutions libérales n’ont été qu’une façade de plus en plus artificiellement plaquée sur une tyrannie technocratique.

 

Charbonneau, L’Etat, p.101

Commentaires

Sauf que "rêver que ce putain de pouvoir n'existe plus" n'est pas plus efficace ni plus réaliste que se masturber dans un isoloir ou coller des affiches...
Le vrai défi est individuel et consiste à trouver des failles dans le système où ce dernier ne peut nuire que modérément. Pas facile mais possible...

Écrit par : Ivane | 17/02/2010

Il faut aussi arrêter de croire que "tout va mal en ce moment historique absolument horrible ouinnn ouinnnn" : la vérité c'est que la société est en soi un enfer invivable et que même si la super anarchie nazie était en place, on aurait envie, tout autant qu'aujourd'hui, de flinguer son proprio (collectif ou pas !), ses voisins (bien Blancs mais aussi cons que les bougnouls), sa femme (aussi folle que pendant la funeste ère de la Vaginocratie), ses gosses (aussi morveux qu'il y a 5000 ans même si on a le droit de torgnol et de vie et de de mort sur leur sales petites faces) et au-delà, de tout humain qui passe à notre portée.

Je délire ?

Non, je ne fait qu'énoncer l'évidence ; et vous le savez bien. :)

Écrit par : Hegel | 18/02/2010

Les révolutionnaires veulent transformer un déséquilibre en équilibre, mais ils veulent que cet équilibre soit perpétuel. Il n'y a rien de perpétuel, un gosse de 10 ans sait ça. Une révolution est un débat sur le monde à un moment de l'histoire. Si elle ne crée pas davantage de déséquilibre que d'équilibre, c'est qu'elle est achevée, bonjour la nouvelle tyrannie!... Les révolutionnaires sont le plus souvent des ultra-conservateurs... des "fixistes" aux idées fixes, fondamentalement. La société ainsi sacralisée, c'est l'enfer.

Pour l'instant quelques affinités électives suffisent à mon ordinaire, l'idée d'association ne me traverse pas même l'esprit. Je pense que l'on y trouve malgré tout les meilleures possibilités d'épanouissement.

"De même que Je n'aime pas être l'esclave de Mes maximes, mais que Je les soumets sans aucune garantie à Ma critique constante et que Je ne Me porte aucunement garant de leur maintien, de même et plus encore Je n'engage pas Mon avenir au service de l'association et Je ne lui remets pas Mon âme comme on dit quand il s'agit du diable et comme c'est véritablement le cas quand il s'agit de L'Etat et toute autorité spirituelle, mais Je suis et Je reste pour Moi plus que L'Etat, l'Eglise, Dieu, etc., donc aussi infiniment plus que l'association."

Stirner, L'Unique...

Écrit par : Ns | 18/02/2010

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