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17/04/2010

PRINCIPE DE SUBSIDIARITE

Pour faire suite à ceci.

Le sentiment viscéral de vacuité qui ne lâche jamais le post-faf un peu honnête s'explique aisément. C'est que nous sentons ou savons tous que la question a été retournée dans tous les sens et que la réponse est cristalline. Il y a un boulot que nous devons faire et dont nous repoussons chaque jour l'échéance à un « plus tard » chimérique. Quand tout ira VRAIMENT plus mal. Quand nous n'en pourrons VRAIMENT plus. Quand les provocations, les humiliations, les crachats symboliques dans la gueule ne seront VRAIMENT plus tolérable. Un jour. Bientôt. Peut-être.

 

Comme si tous ces concepts vaseux avaient le moindre sens.

 

Il y a un boulot à faire, que nos gouvernants ne feront pas à notre place, un boulot que nous nous refusons à faire. Au lieu de nous y coller enfin, nous rejouons en boucle le cheminement intellectuel qui nous a mené à cette constatation, comme pour nous en enivrer.  Nous en remplissons nos pages perso, les fora que l'on fréquente encore par lassitude,  nos conversations de petits matins avinés, comme des dépressifs ressassant leurs envies de suicide sans jamais se mettre sérieusement en danger. C'est sans doute parce que la question est fort simple, et sa solution tout autant. Elle ne serait qu'une application du principe de subsidiarité.

 

Il y a un couple de rats dans mon appartement, que j'ai plus ou moins réussi à isoler dans la penderie. Mais le dératiseur refuse de venir s'en occuper, la police n'en a rien à foutre, les services d'hygiènes ne répondent pas, et aucun voisin ne répond à mes appels à l'aide. Si je ne peux pas me résoudre à m'enrichir de leur différence ou à leur sacrifier une chambre en attendant qu'elles meurent de faim, je vais devoir neutraliser les bestioles tout seul. C'est salissant et dangereux, c'est contraire à ma nature et à mes valeurs, mais quoi ? Personne ne le fera à ma place.

 

Et me voilà, assis par terre à contempler cette porte, à écouter les bruits qui s'en échappent, la batte en alu appuyée contre le mur. Et j'attends. Et je gamberge. Et le temps passe. Et rien ne bouge. La nuit tombe. Il faut bien aller dormir. Puis se réveiller le lendemain. Partir bosser et entendre, en sortant, toujours les mêmes bruits dans la penderie. Y penser toute la journée. Rentrer chez soi en sachant que le problème n'est toujours pas réglé. Manger n'importe quoi. Essayer d'oublier. Se rasseoir devant la porte et observer la batte en écoutant les bruits. Et attendre. Et gamberger. Et recommencer pendant des semaines, des mois, des lustres. Prendre du bide. Perdre des tifs, s'en faire des gris, s'avachir, s'épuiser. La porte est toujours fermée. Il en sort toujours les mêmes bruits. La même solution simple. Ne pas l'appliquer. Ne pas lâcher prise. Ne pas admettre l'inéluctable.

 

Attendre comme une sorte de miracle.

 

Commentaires

Un pas de plus vers la lucidité, ce que beaucoup se refusent encore à admettre et cachent par un sur-verbiage pseudo-intellectuel que je hais (je ne vous vise pas particulièrement, vous allez plutôt au fond de choses, donc on avance un peu).
Les analyses, commentaires, peuvent s'étirer jusqu'à la fin des temps, cela ne changera rien au fait que tout est dit et écrit. Je me rends bien compte moi-même que je ne fais que me répéter.
J'attends qu'enfin, nous soyons suffisamment nombreux et suffisamment lucides pour avoir cette énergie du désespoir qui nous cloue encore au sol comme des semelles de plomb. Mais je sais aussi que nous avançons. Trop lentement bien sûr, mais nous avançons, même et surtout si c'est vers la fin. Pas forcément la nôtre (qu'importe), mais la leur, c'est ce qui nous donne assez de force pour continuer.
Les autres, les masses pour parler simplement, le savent également mais elles possèdent cette force (?) ou cette lâcheté qui leur permet de continuer à vivre dans une certaine illusion, certes de plus en plus fragile, illusion qui en réalité apparaît comme l'élément le plus révélateur de cette réalité (l'illusion se retournant contre son créateur qui s'en sert pour se cacher derrière). Piégé.

Écrit par : Sébastien | 19/04/2010

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