26/05/2010
CAUSE SAINTE POUR SOLDATS MONGOLIENS
A poser des questions stupides, on ne récolte pas toujours des réponses idiotes. L'apparente croissance de la complexité de nos conditions de vie, qui provient surtout de la surinformation paralysante, justifie que l'on se paie de loin en loin une bonne purge mentale à base de pure candeur. Elle est une alliée indispensable à quiconque veut conserver intacte sa volonté de vivre sur un continent dont le spectacle quotidien justifie toutes les fuites possibles et fait fermenter les plus humbles pulsions d'en finir vite et bien. D'ailleurs, sans elle, comment préserver sa capacité à se foutre en rogne ? Comment refouler la liquéfaction des vertèbres et de l'esprit, quand un cynisme sucré et jobard tient lieu de posture morale à tout ce qui prétend gamberger plus haut que la moyenne des culs ?
Il faut être un peu con pour garder sa dignité, et si on a reçu une trop bonne éducation, il faut apprendre à le devenir en temps utile. « La volonté d'être stupide », voui, farpaitement. Même s'il vaut mieux éviter de citer Nietzche, puisque ça fait bouseux frotté de littérature.
Pratiquons ce que nous prêchons, et posons une question aussi conne que centrale. Ca semble aller tellement de soi que personne n'en cause jamais, du moins sur la frange rouge-noire-brune-fuchsia du ouaibe francophone. Et pourtant : n'est-il pas navrant qu'il faille être facho pour en avoir quelque chose à secouer d'être Blanc ?
Ne nous égarons dans des considérations sur la conception de l'identité chez les enfants du manioc, du couscous ou du riz. Le Black Power marxisant, La Raza qui chie dans les bottes des Républicains, la nouvelle Chine qui retrouve ses traditions sans faire le deuil de Mao, rien à foutre finalement. Ce qui se fait ailleurs sur Terre ne nous concerne pas, et quand bien même le brassage serait la norme, nous n'en voudrions pas plus.
On pourrait déduire de ce constat qu'être pâle et satisfait de l'être, est effectivement une marotte de réactionnaire. La gauche moderne, qui se croit encore internationaliste alors qu'elle n'est plus que cosmopolite, le clame à chaque fois qu'elle en a l'occasion. C'est ce qui lui permet de faire la jonction idéologique entre un capitalisme intrinsèquement apatride et les forces de police qui le protègent, obéissant fatalement à des autorités très locales. L'honnête homme doit comprendre ces railleries, surtout s'il a fréquenté l'extrême droite suffisamment longtemps – un camp qui attire autant de cas sociaux que les squats antifäschÿstes ne mérite rien de mieux.
Admettons donc, pour cette énième démonstration superflue et vaseuse, qu'accorder une importance féroce au teint clair de ses enfants soit une coquetterie de bourrin à slogans ou de célibataires qui se paluchent autant le zgeg que le cortex. Il en découle qu'un Occidental détendu, bien dans ses pantacourts et son époque, est supposé s'en foutre intégralement, et les aimer comme ils viendront, monochromes ou multicolores (la seconde option étant tout de même plus tendance). « J'me prends pas pour un Blanc », sagesse goguenarde et dandyesque du toubab avec supplément de conscience sociale.
Admettons – ça n'y change rien. C'est triste. C'est à se flinguer de laideur et de grisaille. Parce qu'être Blanc et fier de l'être devrait aller de soi.
Ça ne devrait jamais, en aucun cas, constituer ne serait-ce qu'un début de programme politique, ni de philosophie personnelle. La « blanchitude » ne devrait être qu'une condition sine qua non de tout projet individuel ou collectif en Europe, exactement comme elle l'a été de la nuit des temps au XIXe siècle. Vivre en Europe, entre Européens, à l'Européenne, ne devrait pas plus être une option que le besoin de respirer ou boire de l'eau fraîche. Les changements en la matière, même radicaux, si interminables qu'ils semblaient définitifs, n'ont jamais été acceptés. Après sept cent ans de crouillification (oh oui, la splendeur des arts et des sciences, Averroès, les chiffres arabes, je sais, rangez tout ça dans le tiroir de Anta Diop, merci), l'Espagne n'a pas estimé que la Diversité était une richesse et a foutu l'envahisseur dehors. Son exemple demeure une source d'inspiration certaine, mais pour qui ? Voilà bien le drame.
Partout sur les terres émergées, Monsieur Moyen semble plutôt content de ce qu'il est, et assez déterminé à ne pas échanger son identité contre n'importe quelle merde confortable sous prétexte qu'on peut la lui fournir en haut-débit. Les crasseux qui nous vampirisent la lacrymale sur le Chiapas ou les tribus d'Amazonie en sont parfaitement conscients. Ils omettent simplement d'appliquer leur grille de lecture aux Fromages, parce que participer activement à l'ethnocide est ce qui a motivé l'engagement militant de la plupart d'entre eux.
Et nous voilà, misérable poignée d'enragés, réduits à devoir surjouer notre attachement à nos semblables, alors que la plupart nous paraissent si peu dignes de respirer ! Nous voilà à nous acoquiner avec des arsouilles de la pire espèce dans l'espoir de grappiller trois voix à une élection, ou une subvention municipale pour un local associatif et une antique photocopieuse. Nous voilà à causer biologie et génome alors que nous n'avons jamais eu la fibre scientifique, et que neuf prétendus semblables sur dix nous donnent au mieux des démangeaisons, au pis des visions cannibales. Nous qui n'avons jamais aimé la foule et les abrutis, nous acceptons de porter la bannière du clan des Bidochons, parce qu'il risque d'être remplacé par la smala d'Abdelkrakra.
Plus humiliant et absurde encore : nous en venons à cautionner malgré nous un enflicage complet de la société, en soulignant avec amour et maniaquerie la moindre délinquance allogène. « Y sont pas d'ici et y foutent la merde – DONC y foutent la merde », voilà à quoi se résume l'analyse médiatique de la fafosphère, quand elle ne taquine pas les tarlouzes christianophages ou les emballeurs de moukères. Préoccupés par la conservation de notre espèce, nous gobons tout le kit réactionnaire, farci de choses radicalement contraires à notre nature et nos convictions profondes. Plus de képis et de caméras ? Censurer la parole et l'écrit ? La Main Invisible assistée de la matraque omniprésente ? Vivre entre leucos dans un immense hard-discounter à ciel ouvert ? Ca sera sans nous, et merde plutôt que merci.
La question était débile, la recommandation sera encore plus bête. Pour que survive la culture des Faces-de-Craie, il faudra qu'une ample majorité d'entre eux recommencent à s'aimer, à s'aimer pour ce qu'ils sont, et à écrabouiller la gueule de quiconque a quelque chose à redire sur le sujet. Or les promoteurs du White Power sont des repoussoirs pour leurs contemporains, et mézigue s'inclut sans illusion dans le tas.
La boucle du noeud coulant est bouclée : la cause est sainte, ses soldats sont mongoliens, leurs rêves de liberté sont concentrationnaires.
23:31 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Voici la prochaine publication sur mon blog. Merci Stag.
Écrit par : Kid A | 27/05/2010
Ce que j'aime bien dans ce texte, comme dans d'autres, c'est que je n'y comprends pas tout. En tout cas, persiste une zone grise qui me force à utiliser quelques neurones de plus que d'habitude. Subtilité ou doute engendre la réflexion qui change un peu des certitudes toutes faites d'autres blogs, même si elles s'appuient sur une partie de la réalité.
Écrit par : Sébastien | 27/05/2010
D'ailleurs plus le temps passe, plus les Blancs, on a envie de les haïr, de leur dégueuler des tomberaux de merde sur la gueule, plus on se célinise....
Écrit par : Benjamin Binus | 28/05/2010
@ Sébastien : il est heureux que vous gambergiez, c'est un peu le but. Il est en revanche regrettable que je ne sois pas plus clair, vu que je ne prétends offrir que de pénibles évidences.
Écrit par : Stag | 28/05/2010
@ Stag, çà doit venir du style, ou le cheminement de votre pensée, je ne sais pas trop. En même temps, j'aime bien qu'un texte "me résiste" un peu. Ne soyez pas affecté par mon avis: je pense avoir compris ce qu'il y avait d'essentiel à comprendre!
Et puis je préfère vous lire plutôt qu'allez chez un psy.
Écrit par : Sébastien | 29/05/2010
@ Stag, çà doit venir du style, ou le cheminement de votre pensée, je ne sais pas trop. En même temps, j'aime bien qu'un texte "me résiste" un peu. Ne soyez pas affecté par mon avis: je pense avoir compris ce qu'il y avait d'essentiel à comprendre!
Et puis je préfère vous lire plutôt qu'aller chez un psy.
Écrit par : Sébastien | 29/05/2010
C'est assez courageux comme constat, et assez inédit.
Tu as réussi à résumer l'une des raisons qui font que j'ai banni toute intervention de ma personne (sauf celle-là, couillon) sur la machinsphère.
Parce que ça ne sert à rien, déjà.
Parce que ceux qui causent ne sont *jamais* ceux qui agissent (ça a été reconnu par les plus grandes marques de lave-vaisselle depuis Adam et Ève).
Parce que oui un positionnement est déjà un aveu d'impuissance.
Et enfin parce que, sauf exceptions, on n'a pas d'amis dans ce bordel.
Écrit par : GAG | 02/06/2010
Ouais juste un truc pasque je savais pas et que j'ai appris ça récemment : « chez les enfants du manioc » dis-tu avec malice.
Savais-tu que ledit tubercule n'est nullement africain mais est un greffon en provenance d'Amérique du Sud ?
Ce sont les Espingouins et les Portos qui ont procédé à cette migration alimentaire transversale. Je ne sais pas trop s'il existe d'autres exemples du même type, étant donné l'aspect assez carré du processus concernant le commerce triangulaire (hihi, "carré" et "triangulaire").
À l'inverse par exemple, le café n'est pas américain mais arabo-africain (cf. Moka du Yémen et Harrar d'Éthiopie). Et pourtant l'écrasante majorité du café produit, vendu et consommé sur la planète provient du Nouveau Monde (Brésil surtout).
Rangez vos cahiers et sortez en silence.
Écrit par : GAG | 16/06/2010
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