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18/11/2012

HIN HIN HIN

L'ironie est un réflexe de défense qui ne nous protège plus d'aucune compromission – si tant est que cette protection ait jamais été autre chose qu'une humiliante illusion. L'empire du Commerce ne nous demande pas de croire, uniquement de pratiquer, et comme il est omniprésent, ses prêtres se foutent bien de notre vernis d'incroyance. Ils tolèrent même, sous mine de s'en offusquer ça et là, quelques griffures de leurs reliques les plus sacrées – c'est ce qui explique qu'il existe des traductions françaises de South Park diffusées sur Mtv: si nos cauchemars sécuritaires et politiquement corrects étaient bien réels, Parker et Stone seraient traités comme Faurisson et Dieudonné. Mais un certain volume de grincements cynique fait partie de ce qu'on attend de l'intello moyen.

Il est commode, et d'autant plus tentant, de mettre tous ses ennemis dans le même sac. Aux antifas pour qui le capitalisme est un modèle colonialiste et sexiste, répondent les néo-fafs, selon qui l'ultralibéralisme nous condamne à la négrification et la féminisation. Tous ont partiellement raison, et c'est « partiellement » qui fait chier. L'hypothèse la plus probable est aussi la plus incapacitante : le système économique s'accommode de tout, et il n'est pas du tout exclu qu'on finisse par pouvoir acheter Mein Kampf à la Fnac – le cellophane hermétique et la préface d'avertissement de cinquante pages n'y changeront que dalle.

Une fois qu'il sera lui-même une minorité, le mâle hétérosexuel blanc en colère sera traité comme un segment du marché mondial et on lui fournira des livres sur l'héritage des celtes, des mangas glorifiant l'esthétique SS, des sonneries Horst Wessel Lied pour son Heil-Phone. On a fait le même coup aux punks et aux rappeurs. La controverse n'est pas nuisible au buisness, bien au contraire. Même les sous-chiens auront leur nonosse à ronger, on ne les en prive actuellement que pour aiguiser leur future soumission.

Quand vous crèverez assez la dalle, vous aussi vous ferez le beau et vous remuerez la queue.

On peut déjà considérer comme obsolètes toutes nos tentatives de déconstruire et railler les «contradictions» du discours de la Correction Politique, elle-même étant sur le déclin. Par «déclin», je n'entends pas « proche de sa fin », dans le sens où elle finirait bientôt par être renversée – on se réveille ! Je parle de la fin de son rôle actif, du chômage technique de ses Polit-Kommissars, de la même manière qu'on déterre un tuteur une fois qu'il a imprimé à l'arbre la droiture voulue. Cette droiture, c'est notre autocensure systématique, l'acceptation d'un lexique chargé de propagande globaliste, l'adoption d'attitudes fausses pour lubrifier nos relations sociales avec nos prétendus semblables.

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La régularité quasi-métronomique des mises à mort médiatiques pour «dérapage» (généralement, la victime fait partie des troupes d'élite de la décérébration, à quoi bon s'attaquer aux soit-disant dissidents ?) ne doit pas nous aveugler sur ce point : le mal est fait, le pli est pris, le conditionnement effectif, ne demeurent que des piqûres de rappel et des emplois fictifs de garde-chiourmes pour occuper des gens dont on n'a plus vraiment besoin.

C'est le quotidien de tous les syndicats, des ONG, des clubs où l'on croise inévitablement les mêmes dégaines à base de pulls à trous, de dreads tentaculaires, de mal-être souriant affiché comme une forme d'autodérision censée être plus franche et plus saine qu'une chimérique «hypocrisie bourgeoise» - comme si les deux étaient incompatibles, provenant de deux mondes inconciliables... La Coop et la Migros ennemies mortelles, Coca et Pepsi à couteaux tirés, le choix souverain de l'individu libre et conscient entre le fistage et l'encule...

Le relativisme implique fatalement une dose d'ironie obligatoire, déguisée en une conquête sociale, un droit arraché de haute lutte à un pouvoir caricatural, monolitique, puritain à l'ancienne. C'est l'équivalent négatif de la politesse de surface. Les blaireaux qui en sont encore à organiser des «Rire contre le ouacisme» ont quatorze trains de retard, de ce point de vue : l'avenir de l'humour Citoyen, ce sera «Rire AVEC le ouacisme», pour le dédramatiser, l'expliquer, le banaliser, lui retirer toute crédibilité, tout potentiel de subversion. C'est la conséquence logique, l'aboutissement cartésien de la médicalisation de la dissidence.

La mise en scène de la Diversité va connaître des records de délire leucophobe et de déni de réalité, mais ce ne sera que pur spectacle : aux manettes, il faudra quelqu'un qui sache conduire la loco, et avec les Everests de pognon en jeu, les Défavorisés n'en ont pas fini avec les joies du «Plafond de verre», sans lequel leur identité se résumerait effectivement aux couches superficielles de leur épiderme.

Plein-emploi garanti pour la gauche radicale, qu'on a convaincue d'abandonner toute idée de destruction du capitalisme pour encadrer le lumpen allogène – et qui, pendant qu'elle est accaparée par cette noble tâche, ne réfléchit pas trop à l'immense bite wallstreetienne qu'elle s'est prise dans le cul depuis des décennies – qu'elle aille «occuper» les trottoirs de ses maquereaux ne fait que souligner son rôle de pute malgré elle... Pour maintenir les réacs sous contrôle, fastoche, on a trouvé depuis longtemps de quoi les occuper avec l'épouvantail nazislamiste... Et pour les plus agités, on exhumera Le Quota pour en faire une interminable série « subversive » diffusée à minuit et quelques, qui lâchera quelques vérités ethno-sociales bien senties, histoire de donner à penser que «les gens se réveillent enfin»... 

Profitez, ricaneurs semi-pros ! Profitez un maximum du leurre d'une ironie « corrosive » qui vous mettrait à l'abri de quoique ce soit. La dérision systématique, c'est tout ce que vos descendants recevront en guise de culture. Le relativisme ambiant est encore mi-sinistre mi-béat, il sera bientôt trash, exhibo, graveleux, obscène, délibérément stupide, mélangeant tous les degrés imaginables de l'humour en une bouillie qu'on vous enfournera comme à des poupons attardés.

Commentaires

Je ne vois plus d'autre alternative que d'apprendre à manier les explosifs.
J'aimerai bien que les "alter" fafs ou non se rassemblent sur les sujets de destruction du territoire frankistanais (aéroports, gaz de schiste) et allient leur haine contre ces destructeurs. Ça évite l'aspect politique, ça a le soutien d'une bonne partie de la population, ça permettrait la construction d'une résistance terroriste au régime républicain... la Corse en métropole quoi.

Écrit par : Unabambi | 19/11/2012

pour la résistance aux aéroports ( aéro porcs , ayrault port ) ça commence à venir

la résistance au gaz de prout , à mon avis , ça sert à rien
mieux vaudrait les exploiter, proprement et laisser la saoudie et le crachat retourner à leurs querelles religieuses médiévales (encore que nos médiévaux auraient pu se croire injuriés par cette comparaison hasardeuse)

Écrit par : kobus van cleef | 19/11/2012

Les gaz de schistes sont les dernières gouttes de pétrole avant le peak oil. Détruire un peu plus l'environnement par leur exploitation et par les émissions carbonées que ça va créer est tout simplement du non-sens.
Il suffit de se renseigner sur le prétendu succès des gaz de schistes aux USA. Ce sont des puits qui s'assèchent très vite et qui ne feront que retarder de quelques mois, voir années le pic pétrolier (et la guerre mondiale/"crise" qui y sera associée).
L'addiction au pétrole il va falloir commencer à s'en soigner.

Écrit par : Unabambi | 19/11/2012

@ unabomber

si le pitroul' disparaît, l'ami, c'est toute l'espèce humaine qui disparaît


ça a l'air brutal de dire ça , mais je vois pas nos chose-citoyens revenir à la traction animale , à la bougie et au silex

je vois pas les hostos perfuser les gensses avec des tubulures en caoutchouc restérilisables, ni utiliser des seringues pas usage unique

c'est un peu risible de penser que nous ne tenons que grâce aux déchets des ères géologiques qui nous ont précédés ( car en définitive, le combustible fossile , c'est du déchet compacté et réchauffé...)

Écrit par : kobus van cleef | 20/11/2012

Je crois que je vous aime. Je vous jure. Je n'ai jamais -jamais- lu quelqu'un étant autant sur la même longueur d'onde que moi.

Et c'est pourquoi je vous accuse d'avoir menti: vous n'avez rien d'un crasseux cynique écrivant à la kalach. Vos phrases sont ciselées, sachant très bien où vous voulez les mener, avec facilité et intelligibilité, et au détour de chacune d'elles l'habile synthèse réalisée du démontage de deux contradictions.
Vous ne prenez pas les mots pour des valets !

La déception fugace de vous savoir avec femme et enfant est rapidement éludée par la joie de vous imaginer goûter un peu le bonheur!

Écrit par : Eve Kendall | 22/11/2012

Révérence.

Écrit par : stag | 23/11/2012

Mein Kampf était en vente à la fnac, rue de Rennes au début des années 80.

Écrit par : Sylvestred19 | 12/12/2012

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