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08/01/2012

SELON QUE VOUS SEREZ LAINEUX OU CORNUS

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Si toi vote pour moi, moi aimer toi lonnnnngtemps.

Pour rabâcher des choses lues là. Et aussi ailleurs tant qu'on y est.

Imaginons que les plus grands guides gastronomiques se piquent de négliger absolument ce qu'on leur sert pour se concentrer sur comment on le leur sert. Que la tronche du serveur compte pour dix points, contre un pour la qualité de la cuisine. Ca paraît loufoque ? Il suffirait pour cela que leurs enquêteurs appliquent les méthodes de leurs collègues de la rubrique politique en période électorale. En ce moment, dans les rédactions d'ex-France, on renifle déjà avec avidité les miasmes qui s'échappent de l'irrespirable cantine présidentielle.

Et vous n'en trouverez pas un pour écrire que, derrière la valse des serveurs-représentants, c'est toujours la même tambouille infecte qui parvient aux tables. La gargote Démocrassouille change de loufiats tous les quatre ou sept ans, et on voudrait qu'on se passionne pour ce carnaval des faux-culs, alors qu'en cuisine, on s'applique à réchauffer la même soupe qu'il y a trois générations. De Mitterand à Sarkozy, de Carter à Obama, les mêmes Attali et les mêmes Brzezinski qui travaillent de l'ouvre-boîte. D'une transhumance à l'autre, le bétail d'isoloir est rassemblé, aux cris de "Plus de taxes" ou "Moins d'impôts" selon qu'il porte de la laine ou des cornes.

Passe encore qu'on fasse mine de s'intéresser au cirque miteux du personnel politique en plein rituel de rempilement. C'est ce qu'on semble attendre d'un "honnête homme", ça fournit des sujets de conversation entre gens qui n'ont rien à se dire, c'est Citoyen. Mais commenter avec sérieux une visite d'usine de surimi ! Suivre et décrypter la moindre minauderie des racoleuses parlementaires (1) comme si l'orbite de la terre en dépendait ! Prétendre échapper au ton de la presse pippeaule en transcrivant leurs misérables saillies, les plus miteux coups tordus qu'ils font semblant de se faire, les détours incroyables qu'ils empruntent pour ne pas être vus sortant des mêmes clubs sordides! Elections après élections, se laisser prendre au même jeu de con, sans qu'on sente jamais un commencement de lassitude! Une telle résistance à la désillusion devrait être considérée comme caractéristique d'une forme rare d'autisme ou un symptôme de mort cérébrale.

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" Ensemble, tout devient possible ! "

ou

" Yes we can ! "

ou

"La campagne commence très fort."


Le terme même de "campagne" a quelque chose d'insupportablement affecté, de colossalement faux, il sonne comme un aveu qu'aucune torture ne devrait vous arracher. Il devrait être plus difficile de concéder qu'on en mène une, que d'admettre face à un gonzesse qu'on s'y intéresse parce que toutes les autres nous ont ri au nez, ou dégueulé sur les pompes.

Dans une société solide et protégée contre toute forme de folie collective, les journaux les plus sérieux devraient déborder de sarcasmes virulents, dénoncer avec la plus grande violence la pantomime électorale, noyer de crachats ces hommes mûrs qui jouent les aguicheuses adolescentes. A chaque élection, il devrait être considéré comme normal et juste que les vraies putes puisse tripler leurs tarifs pour lutter contre cette concurrence à la fois déloyale et grotesque. Si j'étais socialiste, je proposerais une taxe de solidarité ad hoc pendant ces journées clownesques, ainsi qu'une loi rendant obligatoire le port d'un brassard pour distinguer les travailleuses du  sexe des dragouilleuses de votes.

Il faudra un jour que je cause avec quelqu'un qui participe activement à ce music-hall saugrenu, qui suit l'actu politique, qui peut dire rien qu'en l'écoutant que tel candidat a plus qu'un autre la "stature d'un homme d'Etat".  Et puis le disséquer, voir ce qu'il y a à l'intérieur d'un corps apparemment crevé mais qui bouge et parle encore.

Commentaires

la stature de l'homme d'état c'est l'envie
l'envie d'être calife à la place du calife
et la trouille
la trouille qu'on te pique ta place

Écrit par : kobus van cleef | 22/01/2012

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