11/09/2013
CONFESSIONS D'UN BECANISTE RELAPSE
What’re you riding mister?
Ok, there’s not often a “mister” in the question, but you know how it is. Roll into a party or a restaurant or a bar or a whatever with a helmet and, invariably, another male is going to attempt to gauge the size of your penis in comparison to his own by asking what type of bike you’re riding. While an accurate answer would be, “Whatever it is, it’s faster than your car,” I’m resolved to be less of an asshole this year.
Piéton miraculé depuis bientôt trois putain de semaines, je poursuis ma chasse à la successeresse de feu ma bécane. Quelques essais plus ou moins concluants - dont une Suzuki sur laquelle je me sens cougné et trop poussive niveau accélération. Les trajets à faire à pied, en train ou en bagnole m'emmerdent encore plus qu'avant.
Un numéro de la Décroissance avait consacré à la plus noble conquête mécanique de l'homme l'une de ses rubriques La saloperie que nous n'achèterons pas. Immondes sous-blaireaux à mobilité molle. Voici pourquoi, moi, je vais en racheter une, et vite. On peut résumer par le verbe truander, et développer en ces termes :
Tout motard est par essence un donneur d'organes potentiel, qui la plupart du temps s'ignore. (Perso, vous pouvez toujours vous brosser, je garde ma viande pour les asticots. Mais je lègue mon foie à la gastronomie si un chef s'engage sur l'honneur à le cuisiner dignement). Moyen de transport le plus dangereux imaginable, il condamne ceux qui s'y accrochent à se vautrer méchant au moins une fois par carrière. Comme le résumait untel, on paie cher nos fautes, et tout aussi cher celles des autres. Une certaine prudence prévaudrait donc dans le milieu, comme le réflexe de chercher le regard du connard à quatre roues qui s'apprête à nous brûler la priorité, et de piler sur les freins s'il ne nous a pas clairement regardé dans les yeux. Ceci explique peut-être la mansuétude dont les flics font preuve à notre égard : le bécaneux est réputé a priori pas assez con pour rouler bourré, et est rarement soumis à un contrôle d'alcoolémie, du moins si j'en crois mon expérience.
Reste qu'on s'amoche et qu'on meurt beaucoup sur deux-roues, le plus souvent sans l'avoir cherché. L'infirmier qui m'a décollé de la route, quand je me suis éclaté en vélo il y a un an, me disait qu'il avait fini par vendre son engin, écoeuré de ramasser les débris chauds ou froids de ses anciens frères de guidon. Cela n'empêche pas d'être un peu honnête. Aussi l'affirme-je bien volontiers: chair à pare-chocs par essence, le motard est aussi un sagouin qui ne respecte rien ni personne.
La sensation de glisser à la surface de la route et la violence de l'accélération ressentie sans le truchement ridicule d'un habitacle pour épiderme douillet, sont les plaisirs basiques de la conduite motocycliste. Mais la réelle satisfaction vient du fait de pouvoir s'autoriser à violer la plupart des articles du code de la route, selon le principe du Pas-Vu-Pas-Pris.
Patienter dans les bouchons ? Connais pas. File d'attente au feu rouge ? Faites-vous plaisir. Sens interdit ? Leaule. Vitesse limitée ? Pour vous. Retrait de permis ? Attrape-moi si tu peux. Parking "sauvage" ? On fera l'effort du "civilisé" si on est d'humeur. Un gros cul qui se traîne devant nous à 75 à l'heure ? Trois secondes et c'est une silhouette qui implose lentement dans le rétro. En visite chez M.Criticus, du temps où il hantait une atroce mégapole d'ex-France, j'ai dû, pour rejoindre l'autoroute, emprunter successivement un sens interdit, une voie de tram et un bout de trottoir, et je me demande si je n'en ai pas profité pour griller un feu rouge.
Pour trois fois moins, l'automobiliste se retrouve privé de son jouet pour un bon moment. La moto flatte et fait prospérer le sociopathe qui sommeille en la plupart d'entre nous. Sous l'anonymat du casque, le bon élève, l'employé discipliné, le respectable père de famille se paie le luxe de la trouduculerie radicale et du manque complet d'égards pour autrui, jusqu'à l'absurde et suicidaire mépris pour sa propre sécurité.
On est d'accord, il n'y a pas de quoi en être fier.
19:40 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Mon Lyon natal, atroce ?
Bon, ok, c'est un peu vrai.
Il y a un peu plus d'un siècle, Lyon accueillait la naissance du cinéma.
Il y a quelques années, c'était celle du Vélo'v, ancêtre du Vélib'.
Heureusement, l'actuelle municipalité a trouvé un slogan à la hauteur du siècle (qui n'en finit plus de commencer) : « Only Lyon ».
Écrit par : Criticus | 12/09/2013
mouais.
Pour moi une moto, ça rallonge d'au moins 5 ans le temps qu'on devra passer à bosser. C'est intolérable.
Mais au moins, ça réintroduit un peu de sélection naturelle chez les humains.
Peut-être que ça coûterait moins cher d'offrir une moto à chaque nouvel arrivant, et aux handicapés et aux vieux.
Une Endlösung sur deux roues.
Écrit par : LeCalmar | 12/09/2013
ah parce que l' "atroce mégapole d'ex-France" c'était Lyon ??
c'est juste un gros village
de plus dans le genre "atroce" tu as pire, bien pire, et très facilement encore
Écrit par : GAG | 12/09/2013
@ GAG
Lyon est plus peuplé que Zürich, ceci explique cela.
Écrit par : Criticus | 12/09/2013
Pourquoi ne devrait on pas être fier de se sentir sociopathe en puissance ?
Ça réveille l'anarcho en toi !
Perso, stoppé depuis 23 ans, l'âge de mon dernier ( ultimatum féminin et noyé de larmes, bref, vous m'avez compris vous m'avez)
Écrit par : kobus van cleef | 15/09/2013
Ceci dit, si la bécane sur la remorque est la votre, elle a, effectivement, bien morfle...
Écrit par : kobus van cleef | 15/09/2013
Mâtez les palmiers, M'sieur Cleef. Y en a certes au Tessin et dans certains coins étonnants de Lavaux, mais je n'ai pas l'heur d'y squatter.
Écrit par : stag | 16/09/2013
Des palmiers dans le Tessin ?
Écrit par : Criticus | 16/09/2013
Mieux vaut un palmier dans les seins qu'un cactus dans l'cul
( proverbe cévenol ,totalement inventé pour la circonstance)
Écrit par : kobus van cleef | 18/09/2013
Je préfère les proverbes africains/haïtiens : http://lesenfantsdelazonegrise.hautetfort.com/archive/2010/01/17/le-proverbe-africain-du-jour.html .
Écrit par : Criticus | 18/09/2013
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