05/09/2014
MINISTÈRE DE LA SUBVERSION
Tous les X mois, un nartiste de mes deux se pique de remettre en question les clichés sur les rôles traditionnels homme-femme, ou l'appartenance-raciale-qui-n'existe-pas, und so weiter. Ca se veut souvent ludique et décalé - sans qu'on daigne nous spécifier par rapport à quel repère ledit décalage se mesure.
On en déduit que l'impertinence vise l'antédiluvien corpus culturel et idéologique de la bourgeoisie d'avant-guerre, ce temps béni où les bolchos avaient des ennemis un peu solides auxquels se confronter. Depuis, les malheureux en sont réduits à rejouer toujours la même pièce, le même Miracle sur le parvis de l'église, tout en se piquant bien sûr de railler les ricains qui s'afflublent de jabots et perruques pour revivre l'aube de l'indépendance du pays...
Ce qui est pathétique dans ce genre de démarches prétendument iconoclastes, c'est que les icônes martelées sont en miettes depuis quelques quinzaines de saisons déjà. Des gravats au gravier, au sable, à la poudre, à la poussière, à plus rien du tout.
Martelage dérisoire. Corrida contre un taureau réduit à l'état de vertèbres disloquées.
Mais plus grotesque encore que ces circulaires officielles du Ministère de la Subversion, c'est leur caractère profondément moutonnier, groupal, respectueux des normes, des bonnes moeurs et de la jurisprudence. Les clichés ne se basent sur rien de réel, donnent une image caricaturale de la diversité des individus, les enferment dans des carcans réducteurs ?
Personne n'est forcé de s'y conformer.
A chacun de se démerder. Tu ne veux pas correspondre à la norme ? Dévie, mon gars, dévie ! Ne demande pas la permission avant de le faire ! N'exige pas qu'un Politkommissar te signe une autorisation ! Ne fais pas voter une putain de loi écrite qui t'autorise à ne pas en respecter une autre tacite !
L'émancipation qu'ont en tête ces déchets sociaux ne fonctionne bien évidemment qu'à sens unique, et dans celui qu'ils s'imaginent.
"La liberté ? Oui mais pour faire ce qu'on vous dit, et absolument rien d'autre!" Il est ainsi interdit de disposer de soi-même si c'est pour se conformer librement et joyeusement à un cliché dénoncé par la Correction. De même qu'il est interdit de railler les clichés qu'elle-même défend à grands moulinets de ses petits bras (un président du Yankiland cesse d'être une ordure impérialiste à partir d'un taux minimal de mélanine, ce truc censé n'obséder que les ouacistes).
20:48 Publié dans Chez les boniches de la Zone Grise, La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
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