12/03/2015
DE L'UTILITÉ TRÈS RELATIVE DE LA PROPAGANDE
Précision sémantique importante: n'oublions pas que la propagande est toujours ce que raconte l'ennemi. Notre propre propagande n'en est pas, la contre-information, la ré-information. Si je ne m'abuse, "Pravda", en français, veut dire "vérité". Je crois que ça clôt le débat.
A ma gauche, la version SimpleMindesque d'une compo de l'inégal Peter Gabriel, en hommage à une icône afrobolcho de la Correction Politique. Musicalement, c'est ample, un vrai hymne qui, si vous êtes un tant soit peu honnête avec vous-même, a de la gueule, tout particulièrement quand on boit de la bière avec de vrais potes.
Voilà pour la forme. Pour le fond ? Qui, mais qui putain ! a encore quelque chose à secouer de l'ami Steven, qui sait seulement qui il a été et ce dont ses martyrologues le créditent ? Que pouic. J'ai découvert la chose peu avant la vingtaine, immédiatement amoureux de la combinaison entre percus martiales et mélodie des cornemuses, et ça n'a pas spécialement bloqué le germination des graines d'adolfisme dans ma pauvre caboche. Quant à ceux, non adolfisés, qui l'écoutent encore avec un vrai plaisir, je doute fortement qu'ils lèvent un poing ganté de noir en pensant aux cachots de Pretoria. Si ça a pu mobiliser quelques toubabs déjà très bien disposés à la trahison ethnoculturelle à l'époque, la charge militante du truc s'est volatilisée depuis. N'en reste qu'une chanson qu'on aime ou n'aime pas, pour peu seulement qu'on l'ait jamais entendue à la radio ou a bistrot ces vingt dernières années.
A ma droite, la seule chanson de Lynyrd Skynyrd que connaissent tous les topios aussi antiouacistes que leurs grands-parents étaient respectueux des préfets et des curés, groupe sudiste dans tous les sens du terme, et qui a composé ce Sweet Home Alabama en réponse à un autre groupe qui chiait sur le pays et dont les connaisseurs les plus pointus ont oublié jusqu'au nom. (MAJ: on me dit dans les commentaires qu'il s'agit en fait du marmonneur folkeux Neil Young)
Ce classique des soirées vaguement rock, succès immédiat auprès d'une foule qui ne danse sur du ipeaupe que parce qu'il n'y a vraiment rien d'autre, ne provoque pas l'apparition subite de cagoules en taies d'oreiller, ni la mise à feu de crucifix à taille humaine, ni d'incontrôlables pulsions de lynchages chez le Charlitoyen ordinaire - tout juste un dandinement du cul aussi maladroit que sincère, et la gueulante au refrain d'absolument tout le monde pour au moins les trois premiers mots, parce que c'est facile et que ça sonne bien.
Quand elle passe dans les baffles, même la pauvre conne qui tique ou quitte la pièce quand elle vous entend dire "nègre" rejoint l'idiote cohorte des danseurs comateux et lève son mojito au ciel aux moments opportuns, avec une la meilleure conscience possible.
Ce que ça change ? J'hésite entre "mouairf" et "groumph". Passons donc à autre chose, comme par exemple un groupe assez clairement chrétien, dont une majorité d'amateurs n'a jamais bouffé d'hostie de sa vie.
11:32 Publié dans Survie musicale zonarde | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Ce n'est pas pour faire le malin, mais il y a gourance sur le groupe soi-disant oublié qui chiait sur l'Alabama. Lynyrd Skynyrd, avec « Sweet Home Alabama » (1974) – qui faisait l'éloge de leur pays, répondait à deux chansons de Neil Young: « Alabama » (1972) tirée de l'album « Harvest » et « Southern Man » (1970) tirée de l'album « After the Gold Rush ».
La référence à Neil Young est d'ailleurs explicite:
« Well, I hope Neil Young will remember / a Southern man don't need him around anyhow »
Source: Jewki.
Écrit par : Danny | 12/03/2015
Les commentaires sont fermés.