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27/03/2007

DJ DOUDOU REPREZENT EN FORCE

La police suisse est fasciste. Les Africains de Suisse ont peur. L’UDC propage des idées racistes. Le gouvernement helvète traite le problème avec négligence. Il faut agir, et vite, parce que c’est un problème très grave. Comment ? En lançant un débat démocratique, en construisant un véritable multiculturalisme et en passant des lois strictes.

 

Celui qui dit cela n’est pas un obscur délégué de classe de second cycle. Ce n’est pas non plus un conseiller communal de centre-gauche après un coup de blanc superflu. C’est un « expert indépendant », payé par l’Organisation des Nations Unies, et qui s’est longuement baladé en Suisse avant de pondre vingt pauvres pages d’un rapport sur le sujet. Avec le paragraphe ci-dessus, vous vous épargnez bien vingt minutes de lecture fastidieuse, de verbiage insane et de réinvention de l’eau froide. C’est tout ça de plus à consacrer à des activités plus intelligentes et constructives, comme s’épiler les orteils ou compter les trains.

 

Monsieur Doudou Diène (on ne ricane pas, c’est vraiment son nom) n’a pourtant pas l’air d’être un farceur. Est-ce son fort élégant costume ? Sa calvitie raffinée de basketteur professionnel ? Quelque chose en lui inspire un respect instinctif, un peu comme on fait attention à ne pas marcher sur les pieds d’un aveugle ou à ne pas trop bousculer un vieux cardiaque. Seulement, quand il ouvre la bouche, ça ne va plus du tout. La façade de respectabilité s’effondre et, là où on croyait avoir un successeur de Senghor plein de dignité, on trouve un figurant pour clip de la Compagnie Créole.

 

Monsieur Diène ne se contente pas d’exposer la honte du régime d’Apartheid suisse. Il nous offre en plus plein de belles recommandations, qui se déclinent en de multiples « axes ». Et comme il colle aux tendances les plus hot, il nous les propose en slam, pas moins ! Pensez à installer RealPlayer pour savourer ce moment intense de poésie de la rue (cliquez sur "Les recommandations de Doudou Diène", dans la rubrique Audio à droite ; le lien direct ne fonctionne évidemment pas).

 

Evidemment, le numéro n’est pas encore tout à fait au point. Le stand-up est intéressant mais trop imprécis, trop brouillon ; il y a par exemple un gros effort à faire au niveau de l’articulation (on prononce « société », pas « sosté » ou « socié »). Et puis le sketch part un peu dans tous les sens. Pas sûr que ça cartonne au Chamelle Qu’on Médit Club.

 

On ne peut pas savoir tout faire. A la limite, DJ Doudou pourrait se contenter d’écrire les textes et les faire interpréter par d’autres ? Une carrière moins éclatante, loin des feux de la rampe et des adolescentes hystériques qui réclament des autographes sur le bas-ventre, certes… Mais bon, certains chanteurs n’ont été grands que parce qu’ils avaient d’excellents paroliers, et bien des dessinateurs n’auraient jamais percé sans un scénariste talentueux. L’art a ainsi besoin d’ouvriers de l’ombre, patients, méticuleux et désintéressés.

 

Aussi, nous recommandons à monsieur le Rapporteur spécial de continuer à nous amuser par son verbe déstructuré et ses trouvailles dadaïstes, mais de faire dorénavant déclamer ses productions par Michel Leeb ou par la doublure francophone d’Eddy Murphy. Leur diction est plus assurée, leur expérience plus grande et leur caricature de l’indigène beaucoup plus drôle que votre rôle de composition.

 

Comique, c’est un métier qui ne s’improvise pas.

 

 

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