07/08/2007
DEBRIEFINGUE POST-EXIL
Deux ou trois choses à retenir d'une retraite à l'arrache du côté de la frontière tessinoise:
° Il y a autant de sortes de grappa que de ouiskis, et leur puissance comme leurs arômes dépendent pas mal du type de raisin qu'on utilise. Si vous en dégustez chez l'habitant, il faut se battre pour ne pas finir la bouteille seul. Si vous tombez dans une boutique à pinard sympa, il faut aussi prévoir du temps pour terminer "l'échantillon" massif qu'on vous sert et qui, par grande chaleur, ne descend pas aussi vite que du Prosecco.
° Quand on campe sur une clairière de montagne pas trop en pente dans les environs de Bellinzone, on peut avoir la chance de croiser des cerfs ou des loups. Ca n'a pas été mon cas. Par contre, vue imprenable sur les bûchers de la Fête Nationale, sur le versant d'en-face. Au moment des feux d'artifices, les sommets se renvoient l'écho en zig-zag presque quatre fois. Ca doit laisser indifférent la plupart des autochtones, à force, mais pour le citadin vaudois ça a de la gueule.
° Contrairement à une réputation tenace, les gnocchis ne sont pas nécessairement des boules élastiques et indigestes ; quand ils sont faits par la maîtresse de maison peu avant d'être cuits et mélangés à un pesto du jardin, ça fond tout seul, même qu'une deuxième ration aurait été éliminée sans problèmes. A l'inverse, les lasagnes à base de pâtes fraîches, tu as beau t'acharner par gourmandise, l'élimination de la seconde portion est une épreuve qui fait le même effet au ventre qu'une série d'abdo après des semaines de flemme.
° Squatter les bords du lac de Côme, ça peut sembler un loisir de gros bourge. Et de fait, quand on débarque à Bellagio, on a l'impression d'errer dans un supermarché de luxe à ciel ouvert. Par contre, si on veut bien prendre la peine de traîner le long de la côte ouest, entre Argnegno et Tremezzo, on trouve des bleds pas répertoriés sur toutes les cartes, où l'on n'est pas affligé par les hordes touristiques, où les rares habitants qu'on croise limitent les contacts à vous observer de derrière leurs volets, et qui ne peuvent compter pour leur alimentation que sur le minuscule marché du matin. La plupart des ruelles, formant un labyrinthe démoniaque qui n'a pas la même gueule à l'aller qu'au retour, n'ont qu'à peine changé depuis un siècle ou deux. Le comble de l'insolence consiste à s'arranger pour qu'on vous y prête un appartement avec vue sur la flotte. Georges Clooney doit payer une fortune pour profiter d'un panorama semblable. On dit qu'il fait de la bécane le long des rives et le fait est que ça grouille de motards, trés bien équipés, machines rutilantes, tous à la retraite ou presque. La plupart roulent avec infiniment plus de savoir-vivre et d'égards que les automibilistes, dont la rustrerie et le mépris des usages les plus élémentaires font passer les chauffards frouziens les plus muffles pour des modèles de civilité.
° Côme même, aucune idée de la tronche que ça a. Je sais par contre qu'ils y font une bière parfaitement remarquable. Difficile de la trouver dans les bistroquets quasi communautaires que j'ai visité, et où il est préférable de carburer au spumante. Ceci dit, quand on s'accoude à un bar où des caricatures de Berlusconi cotoient des cartes postales du Duce en toute simplicité, on ne se plaint pas de ce qu'on nous sert à boire.
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