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28/03/2007

LE ROCK EST MORT

R&F : Y a-t-il une pensée politique derrière le livre (1)?

Benoit Sabatier : La pensée politique part de ce paradoxe : je suis pour l'avènement d'un monde rock'n'roll. Il a eu lieu mais c'est plutôt le cauchemar. On voit Nagui à la télé : "Waow ! Trop rock'n'roll, j'ai invité le dernier groupe de rock trop bien, Coldplay.". C'est une catastrophe, il y a eu dégénérescence. Il y a 25 ans, le journal Libération faisait deux pages sur Alan Vega, il consacre à présent la même place à Carla Bruni. Dans cette histoire de la culture jeune, ça m'a intéressé de montrer que la politique ne vient pas de là où on s'y attend. Un personnage apolitique comme Ray Davies a une portée infiniment plus subversive que Bertrand Cantat. Kurt Cobain avait beaucoup plus de poids que Rage Against The Machine. (...)

 

Personnellement je trouve que la culture jeune, aujourd'hui, l'esprit "Brice de Nice", les gens de la mode qui n'ont que le mot rock'n'roll à la bouche, les baby-boomers qui pensent être dans le coup parce qu'ils écoutent leur iPod, c'est l'apocalypse. Christopher Lasch, Serge Daney et Lester Bangs avaient raison : l'angélisme du cool, c'est un cauchemar.

 

Rock & Folk, mars 2007, page 22-23.

 

(1) Benoît Sabatier, Nous sommes jeunes, nous sommes fiers - La Culture jeune d'Elvis à Myspace, Hachette.