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05/04/2007

FRANCE-DENTELLES CONTRE FRANCE-POUBELLE

De passage par une grande surface de la région (pas de pub, démerdez-vous pour la reconnaître), Yours Truly est surpris d’entendre pour une fois autre chose que des bruits de jungle urbaine ou des mièvreries pop spécial pucelles. De l’accordéon, dis voir ! Et pas du manouche, du musette ! La mélodie du Ricard, du camembert, du Beaujolais, des pavés parigots… 

 

On se serait cru en pleine caricature amerloque. Qu’ils nous fassent des cartoons ou des films, il existe pour toutes les productions yankees un même code sonore immédiatement identifiable par n’importe qui dans le monde, pour comprendre que l’action se passe en France : un air d’Yvette Horner ou de n’importe quel pianoteur à bretelles. C’est la bande-son incontournable, le complément audio obligatoire du béret, de la baguette sous l’aisselle et de la Gauloise au bec. L’équivalent, pour mon côté de la frontière, du yodel, du cor des Alpes et du mugissement du Yéti des forêts inexplorées d’Unterwald.

 

 

C’est pas le cliché qui est choquant en soi. C’est son décalage avec une réalité que tout le monde peut constater, alors que la force d’une caricature tient à sa ressemblance, même exagérée, avec le modèle représenté. Voilà un nouveau cas de Fracture Sociale, une nouvelle hernie entre Pays Légal et Pays Réel.

 

 

Le bal-musette, musique populaire française ? Couleur locale de l’Hexagone ? Et puis quoi encore ? La France populaire actuelle, c’est plus ça, c’est ça. Tout le monde le sait, tout le monde le sent, tout le monde le comprend instinctivement. Nos meilleurs journaleux nous l’expliquent, en nous rappelant que c’est un progrès, que c’est normal, que c’est inévitable, que ceux qui ne bandent pas face à cette évolution sont des nazis à garroter sur la place du marché.

Et pourtant, le cliché perdure. Comme une précieuse relique. Comme ces fausses ruines où les romantiques d’un autre siècle aimaient bichonner leur mélancolie. Comme un fétiche où se serait réfugié l’esprit de la France , celle qui n’avait pas encore la tête si profondément enfoncée dans les chiottes qu’elle savait faire la différence entre un Abd-al-merdik et un Baudelaire.

Cinéastes, publicitaires et autres pollueurs publics, pour nous plonger dans l’ambiance franchouillarde, oubliez La plus bath des java et choisissez plutôt Ma France à Moi. Ca fait moins de charme et plus d’odeurs de poubelles qui brûlent, mais au moins vous ne tricherez plus sur la marchandise.