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05/04/2007

"REVOLUTION IS OFFLINE - YOU CAN LEAVE HER A MESSAGE "

Les changements que nous espérons n’obéissent pas à une logique militante. La Révolution est un cycle historique qui mobilise des masses d’hommes et certaines élites agissantes, mais qui ne se laisse pas mobiliser par elles. Une émeute est spontanée ou alors elle n’est qu’un show, une opération paramilitaire déguisée en mouvement populaire pour lui conférer de la légitimité « démocratique ».

 

C’est ce qui fait notre désespoir, notre paralysie et nos échecs répétés : nous tentons d’organiser ce qui ne peut pas l’être, de préparer ce qui se fait tout seul. Le salut de l’Europe, ce n’est pas la victoire électorale d’un parti natio, ce n’est pas non plus le triomphe d’une armée identitaire de libération, ce n’est toujours pas une opération de rétablissement de l’ordre où les traîtres seraient déportés et les allogènes rapatriés manu militari. La Reconquête, si elle se produit jamais, sera un mouvement spontané, bordélique, aléatoire, de communautés apolitiques qui si ça se trouve ne nous connaissent pas et/ou n’ont pour nous aucune sympathie particulière.

 

Nous prions et agissons dans l’espoir d’un « réveil » de nos semblables, mais planifier ce réveil est une chimère absolue. Autant essayer d'accélérer la vitesse de l'orbite terrestre. Voilà pourquoi tous nos groupements sombrent dans la rente militante et une routine sectaire débilitante : c’est tout simplement qu’il n’y a rien d’autre à faire. Nous sommes des hyperactifs qui doivent absolument dépenser de l’énergie en croyant agir pour le plus grand nombre, mais nous sommes réduits à attendre que ce plus grand nombre agisse de lui-même – ou choisisse de mourir. Toute ingénierie sociale pseudo-révolutionnaire débouche fatalement sur la persécution massive, l’endoctrinement absurde, le bonheur collectif imposé par le tonfa et le clystère mental.

 

Tout ce qu’il nous reste est un pari sur le destin de notre civilisation, et le choix de nous préparer physiquement, culturellement et moralement pour être à la disposition du hasard des événements. Espérer les organiser, les faire apparaître ex nihilo ou les précipiter, c’est l’erreur fondamentale de tous les révolutionnaires. Je ne sais plus si c’est Benoist-Méchin ou Gripari qui l’a écrit, mais il est absolument correct d’affirmer qu’ils sont les avorteurs de l’Histoire, trop pressés d’exprimer leurs propres angoisses et leurs tentations de démiurges pour laisser le Temps faire son œuvre à son rythme.

 

Nous ne ferons pas la Révolution. Elle nous fera, nous brisera ou nous laissera sur le bas-côté, c’est tout. Même un révolutionnaire « professionnel » n’est utile à rien ni personne dans le cadre d’une société stable, avachie, confite dans sa honte, sa routine ou son impudence. C’est ce qui a fait s’envoler les bolchos les plus couillus des années septante vers l’Amérique du Sud ou l’Afrique, là où il y avait une possibilité d’action. Dans notre Grand Hospice, la seule action possible est le combat de rue mongolien ou telle forme stérile ou symbolique de terrorisme. Les bonnes vieilles conditions objectives ne sont pas présentes, et dépenser trop d’énergie durant cet interminable intervalle revient à épuiser nos forces vives, alors que la sagesse nous inciterait plutôt à les économiser pour tout ce qui n’est pas entraînement au combat à mains nues et résistance aux pressions sociales, psychologiques ou économiques.

 

Ce que nous voulons, ce n’est pas de prendre la tête des mécontents réacs ou sécuritaires pour assouvir une imbécile soif de pouvoir. C’est contribuer à aiguiser et canaliser au mieux une révolte populaire qui n’aura de sens et de sincérité que si elle n’est PAS provoquée par nous. Nous attendons l’Emeute Blanche, pas l’enrégimentement des antiracailles et des xénophobes. Nous sommes des éveilleurs de peuples et de conscience, pas des généraux de brigade ni des recruteurs de mercenaires. Nous ne sommes rien seuls. Or c’est ce que nous sommes actuellement : dramatiquement isolés – et aucun slogan guerrier n’y changera quelque chose.