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07/05/2007

HISTOIRE URBAINE SANS MORALE II

De retour dans la capitale, de bonne heure, la première fois depuis bien longtemps. Le bus arrive, les rares matinaux en sortent à l'exception d'un seul qui reste assis. Lunettes transparentes mais fort peu médicales sur le nez, bonnet relativement peu printanier sur le plot, oreilles hermétisées à l'Aïepode. Fringues de marque "racaille-de-luxe", sac de sport itou. Le regard absent, une expression de maître zen. Tout au long de notre trajet commun, qui durera vingt minutes, il têtera avec une belle régularité une bouteille de whisky dégueulasse. A-t-il mis du thé froid dedans ? Est-il immunisé par des années de pratique assidue ? Il a l'air plutôt avachi mais ses gestes sont précis, parcimonieux, rien de chaotique. Dans son sac, la petite soeur de la première, déjà vide ou encore pleine, on sait pas trop. Je suis monté au terminus et il était toujours à sa place quand je suis descendu : combien de tours du circuit aura-t-il fait durant la journée ?

 

Il me reste quelques heures à marcher sous la pluie, à la recherche d'un cadeau. C'est tout moi, ça, m'y prendre systématiquement à la dernière. Tout le monde le fait, sans doute ; les gens organisés ne sont pas "normaux". Pourquoi pas un bouquin ? Je passe justement devant un grand supermarché de l'imprimé. Fait chier de leur filer du fric. Mais bon, comme disait Brutal Truth, Extreme conditions demand extreme responses : c'est une situation de crise qui justifie la compromission avec la grande distribution. Se répéter ça trois fois ce soir avant de dormir.

 

Il me faut quelque chose de léger, d'humoristique, de la chick-lit en somme. Surtout se garder de prendre quelque chose qui me plaît, échec assuré au déballage ce soir. Mais quand même, lui acheter de la merde façon Bridjette Djeaunze ? Faire foutre, un équilibre doit être possible entre le pamphlet impubliable et le Prix Fémina. En farfouillant, je passe devant un présentoir rempli de littérature pour moutards. Une bédé, format étrange, pas vraiment A4. Dessins laids et sommaires. Deux enfants hilares. Un adulte bronzé souriant. Un adulte pâlichon qui tire la gueule. Titre : "Mon papa a peur des étrangers."

 

Certainement une histoire qui finit bien. On ne trouve plus de contes qui finissent mal, de toute manière : faut pas les traumatiser, ces petits. "Mon papa est un nazi qui se fait enfiler en prison (et c'est grave bien fait pour sa gueule, il peut toujours se toucher pour les visites et les colis)", je sais pas pourquoi, ça sonne plus didactique et citoyen, mais vachement moins vendeur aussi.

 

Bien joli d'éduquer les démocrates en herbe, mais si c'est pour se retrouver avec des hangars entiers d'invendus, ça vaut pas la peine.

 

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