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13/06/2007

CAUSE OF DEATH : EXTREME BOREDOM

L’Occident meurt de vieillesse et d’ennui. Il n’y a plus rien à faire en Europe, à part attendre. Attendre la fin des études. La fin du contrat à durée capricieuse. La fin du chômage technique. La fin de son temps légal de putanat. L’épuisement final de toutes ses ressources physiques et mentales, ces fragiles barrières contre la tentation de se laisser enfin aller à l’oubli total, de passer le pas définitif.

 

 

Tout est routinier sans plus rien de traditionnel – la mémoire des anciens étant la seule chose qui permette de faire indéfiniment les mêmes conneries sans concevoir des envies de décoller sa tête de ses épaules. Dès novembre et jusqu’au 2 janvier, tout pue la fête obligatoire, l’orgie banale, l’éclate prédigérée.

 

 

C’est dangereux, une jeunesse qui s’emmerde sous l’œil indifférent de ceux qui l’ont mise au monde. Quand elle est encore vigousse, elle est capable de provoquer des révolutions, cette rédemption des inutiles par naissance. Nous n’avons même pas ce choix-là. Regardez-les, nos Gentils Animateurs en charge des émeutes urbaines. Regardez les costumes d’arlequin qu’ils nous proposent, les cours de tam-tams qu’ils nous dispensent, les chansonnettes mièvres remplaçant les slogans guerriers, les parcours fléchés et balisés de képis de toutes leurs manifs « spontanées ». Ça vous donne envie de vous engager ?

 

 

Eux-mêmes, ces bons bergers, on se demande d’ailleurs comment ils tiennent le coup moralement, quand on voit le niveau du cheptel qu’ils côtoient. Peut-être qu’ils ont recours au même cynisme et à la même froide cruauté que les toubibs face à leurs patients, que les éleveurs de porcs entassés dans l’ombre et les remugles. Si c’est le cas, la désespérance serait la condition vitale de tout militantisme soutenu, et tout idéal véritable le meilleur moyen de ne plus rien branler.  Paradoxe gratiné.

 

 

On ne peut même pas se faire le porte-parole de « toute une jeunesse » qui s’emmerde, d’ailleurs. Nous ne sommes que quelques-uns qui s’offusquent de cet ennui, et nous ne sommes même pas d’accord sur ses causes, ses conséquences et ses remèdes.

 

 

Il y en a, majoritaires, écrasants, omniprésents, qui s’en accommodent fort bien, qui n’exigent de la vie qu’une routine confortable à six tickets par mois, sans restriction en matière de DVD, de tuning et de vodka-caramel. Ceux-là mettent beaucoup de bonne volonté à s’emmerder avec le sourire, à faire exactement ce que font leurs voisins tout en estimant sortir du lot, représenter l’avenir, rayonner la santé et la joie de vivre, coincés qu’ils sont dans leur recoin personnalisé de notre abattoir Citoyen.

 

 

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