Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/06/2007

STARAC', SOC-DEM, MEME COMBAT

Premier cadavre pas forcément exquis, extrait tout chaud de mes morgues personnelles. Ca doit dater de septembre 2005.

 

Vous êtes beaucoup, Frenchies ou compatriotes, à être allés voter ces dernières semaines. L'occasion de dépoussiérer les lignes qui suivent, à l'attention particulière de ces nombreux progressistes qui arrivent à cumuler mépris snob de la télé-poubelle et idolâtrie du suffrage universel.

 

 *   *   *   *  *

 

La demoiselle qui partage une bonne partie de mon quotidien m’inflige régulièrement des séances de téléréalité. La bougresse affirme qu’il n’y a pas meilleur laxatif mental après une journée de boulot. D’autres adeptes de la Starac ’ qui n’ont pas cette franchise m’expliquent qu’il y a des leçons sociologiques à tirer du comportement de ces rats de laboratoires « chantant ».

 

 

Le fait est que chaque époque a les élites qu’elle mérite, tant au niveau politique que culturel, et ne n’est pas un hasard si la starification de votre voisine du dessous coïncide avec le règne de la démocratie moderne.

 

 

Pour peu qu’on creuse un peu, ce ne sont pas les points communs qui manquent entre les deux phénomènes : dramatisation de non-événements (élections de représentants ou d’apprentis-artistes), égalitarisme, promotion de la multiculturalité artificielle, glorification de la vulgarité, pseudo-pouvoir décisionnel du citoyen-spectateur…

 

 

Le dénominateur commun le plus flagrant entre ces deux symboles de la modernité est peut-être leur fonction d’ « ascenseur social » pour ceux qui arrivent à se frayer un chemin sous les projos. Alternance au pouvoir ou renouvellement des programmes, des nouvelles têtes apparaissent au sommet de la pyramide médiatique ou politique à intervalles réguliers et s’y maintiennent aussi longtemps que possible, jusqu’à ce qu’ils finissent par lasser et par se faire remplacer par d’autres candidats plus vendeurs, plus retors, plus habiles à flatter les instincts les plus bas de leurs publics respectifs…

 

 

Dans un cas comme dans l’autre, c’est du rêve en sachet que l’on nous fourgue : comme si un nouveau gouvernement allait faire changer les choses en trois ans de semi-réformes et de ravalement de façade ! Comme si une nouvelle idole emballée sous vide allait tromper notre ennui pendant six mois, avant de se faire à nouveau confisquer  sa minute de renommée jetable !

 

 

Pourtant, si on trouve peu d’intellectuels qui cautionnent la télé-cuvette, ils sont à l’inverse majoritairement acquis à la guignolade qu’on fait passer pour la quintessence de la liberté collective organisée. A l’époque du « Loft » (cette webcam pour cage à lapins dont on se souvient à peine), il s’était trouvé des écriveurs pour hurler au scandale, à l’enculade cérébrale, à l’insulte adressée à l’esprit. C’est non seulement ridicule mais en plus très inconséquent de leur part : ce n’est que grâce aux « Armes de Distraction Massive » que le règne de l’intelligentsia libérale a pu se prolonger aussi longtemps. Une fois guéris les prétendus aveugles, comment feront les borgnes qui nous gouvernent et nous éduquent pour conserver les apparences ?

 

10541c07daa2240e9a27cc73b32d76b0.jpg

Recycler le papier, c'est cool pour la planète

 

A tous les étages, c’est encore le règne de la minute de gloire individuelle, de la grande Ecole Des Fans. Tout se ressemble, tout est cousu d’avance, et il faut une énorme dose de bonne volonté (ou de coke) pour trouver l’énergie de singer l’enthousiasme. L’issue de la Starac ou des élection ? Le suspense est pareil et les conséquences sociales aussi. On sait que ni la télévision ni l’Etat ne s’arrêteront après le générique de fin.

 

 

Ceux qui espèrent changer le Système avec ses propres outils sont pareils à ceux qui pensent que zapper améliore la qualité des programmes : quelqu’un devrait leur expliquer que fumer du thé nuit à la clarté de l’esprit.

 

 

Il n’y a pas d’antidote miracle contre la « politique-réalité », mais il est essentiel de commencer par reconnaître que notre tâche de dissidents est gigantesque… et que les grandes choses prennent du temps. La médiocrité continuelle du monde où nous vivotons en est un parfait exemple,  lui qui n’a créé que le fast-food, le speed-dating, le plan-cul vite négocié, le mouvement perpétuel entre la droite et la gauche, la mode qui change plus vite que les saisons et la destruction des cultures locales pour apaiser les conflits avec les cultures d’importation.

 

 

C’est pourquoi la tâche de tout résistant à la Nouvelle Mélasse Mondiale est avant tout d’apprendre à durer. La Reconquête de nos terres sera une Révolution qui s’étendra sur plusieurs décennies et si elle aboutit jamais, ce sera grâce à ceux d’entre nous qui auront eu le souffle aussi long que la Mémoire.

 

Les commentaires sont fermés.