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09/07/2007

FABRIQUER DES SALOPES EN SERIE

 

Une autre vieille merde encore d'actualité, parue en mars 2005 semble-t-il.

 

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Je ne sais pas pour vous, mais les quelques fois où je me retrouve devant une télévision pendant assez longtemps pour qu’on m’inflige de la pub, soit je coupe le son, soit je coupe l’image. Ça me donne l’impression, peut-être illusoire, que les marchands de tapis ne volent plus que la moitié dans mon « temps de cerveau disponible » (Patrice Le Lay). L’emmerdant, c’est que ce genre de protection n’est pas possible avec toutes les intrusions médiatiques. Comment fait-on pour échapper aux agressions visuelles des affiches, par exemple ? On peut s’abstenir de les lire, se forcer à ne pas les regarder, mais on ne peut pas ne pas les voir.  

 

 

Cette propagande omniprésente a doucement colonisé notre espace urbain, en allant s’incruster dans les endroits les plus reculés, dans des quartiers résidentiels aussi bien que sur les grands boulevards. Il s’est même trouvé de somptueux dégueulasses pour penser à incliner les panneaux dans le sens du trafic, histoire que les conducteurs n’en perdent pas une miette. Des campagnes faisant la retape pour des sous-vêtements ont pu être liées à des accidents de la route, pour des raisons qui auraient dû crever les yeux des sociétés d’affichage : quand il y a une paire de miches sur le trottoir, l’automobiliste mâle ne regarde plus le bitume…

 

 

A ce propos justement : ces derniers temps, certaines marques de fringues pour pouffiasses assumées ont dépassé toutes les bornes en matière de mauvais goût, voire d’incitation à la pédophilie. Pas question de les nommer ici : si je vous dis que leur lamentable slogan est « Totally sexy », vous aurez compris tous seuls de quoi on cause. Le concept est simple : faire poser des post-adolescentes portant les chiffons qu’il s’agit de vendre, dans des postures clairement obscènes et attifées comme des pompeuses professionnelles.

 

 

Ça serait suffisamment immonde comme ça, mais la mode est au « porno chic » (pourquoi pas la « poubelle propre » ou à la « merde qui sent bon », tant qu’on y est ?). Les concepteurs de la campagne ne se sont donc pas arrêtés en si bon chemin. Un leitmotiv récurrent, symbole de la marque, inverse l’évolution de l’homo sapiens vers le primate. Message implicite : achetez nos frusques et vous transformerez en babouins tous les mâles vous entourant. Que ça puisse être un argument de vente efficace auprès d’une jeunette qui se respecte un minimum me dépasse complètement. Mais après tout, MTV, MCM, M6 et autres crasses télévisées ne donnent pas vraiment une image de la femme qui incite l’ado moyenne à se faire traiter comme autre chose qu’un gadget sexuel. Ne parlons même pas du mépris que le concept témoigne aux hommes ; depuis deux générations, ils ont largement pris l’habitude de se faire ridiculiser, humilier et manipuler par les publicitaires.

 

 

 

Vous me direz qu’on vit en démocratie, et que si une fille majeure et vaccinée a envie d’investir dans des tenues de hardeuse, c’est un problème entre elle, sa conscience et son compte en banque. C’est bien possible. L’ennui, c’est que les fripiers de luxe ne s’adressent plus prioritairement à des jeunes femmes, mais à des gamines. Les filles dans votre entourage vous le confirmeront : les tailles disponibles dans bien des boutiques ‘jeunes’ ne sont pas adaptées à une morphologie de femme normalement développée. Elles sont conçues pour votre petite sœur, pas votre petite copine.

 

 

Le marché des 12-16 ans est devenu intéressant pour vendeurs de caleçons depuis qu’ils ont compris un fait de société fondamental : les mères actuelles n’ont aucun scrupules à habiller leurs filles comme des futures victimes de viol collectif. Elles sont même prêtes à payer pour ça, et pas qu’un peu. Quant aux pères, pour autant qu’ils soient là et qu’ils en aient quelque chose à foutre (ce qui fait déjà beaucoup de qualités rares de nos jours), beaucoup semblent trouver parfaitement normal que leurs progéniture confondent l’école avec un club échangiste.

 

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Cette « liberté » pour les jeunettes de s’habiller comme bon leur semble est une fausse liberté. Elle est un artifice supplémentaire du Marché qui nous rend tous un peu plus esclaves de ses volontés :

 

 

-         les cibles principales des fringuistes, pour qui adopter un look de pétasse facile et superficielle n’est pas un libre choix, mais une obligation sociale. Les gosses ne gagnent, avec de tels accoutrements, que le droit d’être reconnus par leurs contemporains. On porte un string non pas pour plaire, mais parce que la mode décrète qu’il est obligatoire de plaire, comme il est obligatoire d’avoir certaines marques et pas d’autres. La séduction est devenue une industrie qui rapporte et une pression supplémentaire au conformisme, à une époque qui n’en avait vraiment pas besoin.

 

 

-         les mères de ces cibles, dont beaucoup ont claqué leur jeunesse en militant pour promouvoir le féminisme, et ont sacrifié leur famille au nom du carriérisme. L’occident capitaliste, en faisant mine de céder du terrain face à leurs revendications, les a contournées pour mieux les enfermer dans la machine à consommer. La génération des soixante-huitardes, qui brûlaient leur soutien-gorge pour lutter contre le machisme, en est venue à débourser des fortunes pour que leurs filles portent publiquement des choses qu’elles-mêmes n’auraient jamais osé montrer dans une chambre à coucher.

 

 

 

-         les pères également, qui n’osent même plus protéger leurs filles contre les prédateurs du marché ni ceux de la rue (qui lisent dans les uniformes « sexy » le message qu’ils contiennent, à savoir que la fille est facile et qu’on peut y aller sans autres), par peur d’apparaître réac, coincé ou pire : autoritaire. Ce n’est pas lui, mais sa femme, qui accompagne sa gamine dans ses opérations shopping, parce qu’en général il n’y comprend rien. Alors il ferme sa gueule et regarde sans rien faire ses enfants transformées en fantasmes pornos avant l’âge de leurs premières règles.

 

 

-         les hommes en général, soumis jour et nuit à un bombardement psychologique qui leur fait voir du cul partout. Comme si leurs instincts ne travaillaient pas suffisamment d’eux-mêmes ! Mais l’Etat, qui a toujours redouté la jeunesse pour son potentiel d’agitation,  n’a pas à se plaindre de cette dérive obsessionnelle. Un jeune qui ne pense qu’à tirer son coup, et qui ne voit autour de lui que des occasions de le faire, oublie volontiers les problèmes économiques et les scandales politiques qui justifieraient son engagement.

 

 

-         enfin, faut-il vraiment le préciser ? les femmes dans leur ensemble, dont l’image est toujours plus formatée et toujours plus salie. Pour les ordures de l’impérialisme publicitaire, la psychologie féminine se résume au besoin de consommer et de se faire mettre. Le gavage médiatique auquel nous sommes soumis vise à nous imposer leurs conceptions et à faire une norme générale du comportement, minoritaire et déviant, des salopes les plus cradingues et les plus pathologiques. 

 

 

 

 

Deux autres catégories de personnes se retrouvent parfaitement dans cette situation :

 

 

-         tous ceux qui constituent le réseau commercial (vendeurs, fabricants, intermédiaires, publicitaires, annonceurs, médias), pour qui la pornocratie étendue aux mineures ne représente que des bénéfices et qui se touchent éperdument des conséquences à long terme ;

 

 

 

-         …et les pédophiles, très heureux qu’on leur mâche ainsi le travail. Une gosse préparée mentalement à être traitée en objet sexuel se défendra moins contre les salauds et les tordus, et pensera moins facilement à porter plainte par la suite…

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