30/08/2007
HYMNE FUNERAIRE
Quand attacher ses godasses ou couper une tranche de pain devient une discipline monacale, on comprend mieux ce que doivent ressentir certaines bêtes de zoo. Un seul os vous manque et tout est dépeuplé, n'est-ce pas. Alors quand tous les bouquins empruntés sont lus, quand le ouaibe faf est exploré, quand l'inspiration vous extorque un peu de repos , et qu'on ne peut aller nulle part tout seul, il se passe quoi, mmh ? On va prier Sainte-Zapette, patronne des éclopés, des oisifs et des sans-sommeil.
Et bon dieu, qu'on en apprend, des choses, en tuant consciencieusement son temps devant la téloche, surtout quand on voit un clip d'Amel Bent. Vous pensiez connaître ce qu'il se fait de pire en matière d'abomination féminine avec Ma France à Moi de l'autre boudin gominée ? Bien essayé mais tout faux. Amel Bent est un peu moins laide (enfin, disons qu'elle ressemble un peu plus à une femelle) et produit une bande-son pour salle d'attente moins intolérable. Mais côté puissance du message délivré, elle explose tout ce qu'ont fait de plus revendicatif les orang-outans à casquettes et bling-bling.
On constate d'abord que, quand l'Organe dit certaines choses, ce n'est pas systématiquement de la provocation jouissivement gratuite. Ca peut aussi être un constat aussi triste qu'objectf. Mais on ne discute point du dégoût des couleurs, comme disait un poète qui ne connaissait même pas la télé en noir-blanc, alors passons.
On se rend compte ensuite que, sur les questions de remplacement de population en Europe, fafs et antifas se gourrent pareillement.
Les seconds oscillent entre négation totale du phénomène et acclamations du Nouveau Monde qui se profile, où l'humanité sera tellement métissée que le grand coït mondial se mettra en place de lui-même. Que feront-ils de leurs pulsions d'agitation quand tout ira si bien qu'ils se retrouveront au chômage technique ? Mystère. C'est un peu le même problème qu'avec les juifs et les antisémites, d'ailleurs. Brel, dans son poème sur Les Vieux, estime qu'il n'importe pas de savoir qui meurt et qui survit dans le couple : "Celui des deux qui reste se retrouve en enfer."
Les fafs, de leur côté, dénoncent une extermination culturelle des Blancs qui débouchera à terme sur un effondrement de la société ou une guerre civile - pour laquelle peu d'entre eux parviennent à cacher leur impatience. A croire qu'ils se réjouissent d'en être les premières victimes, vu le sérieux qu'ils mettent à s'y préparer...
Bonne nouvelle pour tous ceux qui, depuis des lustres, voient dans ces deux options métapo Les Deux Fesses d'un même Cul. Madame Soleil Noir vous transmet ses salutations et vous informe qu'elle a vu des choses fort instructives dans sa boule de cristal, en ce qui concerne l'avenir du continent. On y verra un joyeux mix des pires paniques et des meilleurs fantasmes résumés ci-dessus. Pour ceux qui n'ont pas de voyante attitrée, pas besoin de prendre des cours en la matière. Allumez la téloche, plantez-vous sur une chaîne qui passe de la musique pour djeunzes et attendez de contempler le clip Nouveau Français de la grognasse en question.
Séquence stupéfaction. Vous voilà projeté dans notre avenir proche, cette Europe que nous aurons le temps de connaître et de savourer si, par stupide acharnement, nous nous entêtons à vivre jusqu'à la moitié du siècle.
Tout y est très doux, suave, de l'esthétique au message en passant par la bande-son. On y voit un être de sexe certainement féminin, qui ne l'a pas toujours été peut-être mais qu'est-ce que ça change ? Ni leucoderme ni allogène, la silouhette calibrée, la démarche décontractée, l'expression veloutée. Pour peu qu'on compare avec ce qu'elle était au début, on constate un remarquable travail de relouquingue, comparable au blanchiment outrancier d'une Shakira.
Derrière elle, un magma informe de gens gris clairs et gris foncés, qui saluent militairement quand est mentionnée la France et ses Enfants. Ca vous a une autre gueule que les macaques qui la traitent de garce et l'accusent de trahison, hein ? De quoi filer bien des triques aux réacs légalistes, bien racistes quand l'exotique est un mâle agressif mais foutrement plus tolérants et humanistes face à de la souris bien balancée, même saturée de mélanine.
Pourtant ces enfants-là ne sont pas nos frangins ni nos cousins, on ne sait trop d'où ils débarquent. Mais ils sont là. Pépères. Festifs mais pas trop. Rien de hargneux ou de revendicateurs dans leur ton. Ils sont là et c'est tout naturel. Pas de haine, pas de doléances, pas de ressentiment à vider, pas de post-colonialisme mal digéré tout exprès pour en extraire de la repentance et des biftons.
C'est toute la sucrerie de l'ensemble qui est véritablement glaçante. Face à un Djohéstarre, un Bouba, un Sniper, il est possible de sentir l'érection du fusil, la turgescence des cartouches, l'appétit de violence aveugle. Ils veulent notre peau ? On va faire en sorte qu'ils la paient à en avoir des dettes sur treize générations. Voilà la réaction saine, la seule réaction possible face à la prose délirante des Occupants. La haine assumée est possible. Le retour de manivelle s'impose. Ne s'y refuse que le dhimmi, la lopette, le rentier de la collaboration.
Mais que voulez-vous faire contre quelqu'un qui ne vous veut pas de mal, et qui vous explique calmement que désormais vous faites partie de la même famille dysfonctionnelle ? Comment frapper délibérément quelqu'un qui vous offre un Free Hug, si dégoûtant qu'il soit ?
C'est la Relève, tout simplement. Les Autres. Les Nouveaux. Les D'Après. Passez le témoin et fermez la porte en sortant : ils n'ont pas envie de renifler l'odeur de notre morgue.
22:10 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (0)
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