29/08/2007
HISTOIRE URBAINE SANS MORALE IV
Mangeaille improvisée à plusieurs dans quelques heures. Le frigo est un réquisitoire contre la famine et la consommation d'eau minérale, va falloir ressortir pour relancer la noble industrie du malt et du cochon. Il ne pleut pas encore, j'irai vélo. L'occasion de mettre les pieds dans ce grand machin multicommercial que je connais à peine. Pas facile de trouver la section bouffe-bière dans ce fourmillement de boutiques où rien ne se boit ni ne se mange. Pas facile non plus de viser la bonne porte automatique ; concentré sur les denrées toutes proches, je manque d'en bousiller une en la prenant à contre-sens. Bref moment de solitude sous l'oeil mi-amusé mi-agacé de l'hôtesse d'accueil.
Butin en main, il faut encore tourner pour trouver les caisses. Haïssable endroit. Se répéter comme une patenôtre que c'est un cas de force majeur, que les supermarchés font partie de l'Axe du Mal et qu'il va falloir engloutir force eau-de-vie bénite pour se purger l'âme. Ma caissière est volubile, la lippe traversée par un clou. Echanges d'amabilités. Sa dégaine un peu punk tranche avec le discret raffinement de sa conversation - mais c'est pas à moi de donner des leçons en la matière, je crois.
Je m'apprête à sortir affronter l'averse quand elle m'expédie : "Vous êtes d'où ? Vu votre accent, Fribourg ou Valais, non ? " Ah. Ben non Mademoiselle, du tout, produit Vaudois jusqu'à preuve généalogique du contraire... "Ah bon. Vous avez un joli accent, pour un Vaudois." On va dire que c'est un compliment. A Grenoble on me prenait pour un Québecois. A Nantes, on me prenait pour rien mais on se fendait la gueule à chaque fois que j'ouvrais la mienne. Suis-je une minorité persécutée qui s'ignore ? Y a peut-être du blé à se faire en procès pour souffrance morale.
14:46 Publié dans De quoi j'me merde ? | Lien permanent | Commentaires (0)
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