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14/08/2007

" WELL, HELL DOESN'T WANT YOU, AND HEAVEN IS FULL "

Fous-toi ça dans le plot le plus vite possible, Zonard Gris semi-asphyxié. Tant que tu n'auras pas trouvé le moyen de tuer ta conscience, tu mèneras une existence atrocement solitaire, quelle que soit la densité de ton entourage. Il y aura toujours entre toi et le monde des vivants, comme un mur antibruit indestructible, contre lequel tu viendras régulièrement t'ensanglanter le museau. La faute à l'instinct grégaire.

 

Ton hypothétique famille, tes prétendus amis, tes soi-disant semblables ne te toléreront que parce qu'ils te verront t'agiter dans le silence artificiel de leur incompréhension complète. Tu Marcheras Toujours Seul. Tes camaraderies seront aussi solides que tes résolutions de sobriété post-coma éthylique. Tu le sais et tu le sens déjà depuis longtemps, je ne t'apprends que dalle. Simplement, il te faudra rester sur tes gardes pour encore un bon demi-siècle. A chaque fois que tu baisseras ta garde, chaque fois que tu penseras être enfin compris, chaque fois que tu croiras avoir enfin trouvé ta place, le mur de verre te cueillera la face sans prévenir. Il y a Toi d'un côté, et le reste du monde de l'autre.

 

Ce n'est même plus une question de choix. On en viendrait presque à regretter le temps où l'on pouvait brailler "On my side or in my way" en toute sincérité. Malheureusement les plus grands obstacles à ta liberté ne sont pas tes pires ennemis. Ca faciliterait tellement les choses. La plupart d'entre eux ne fait pas exprès d'être en travers de ton chemin. Beaucoup ne te veulent même aucun mal. Mais chaque bergerie a son mouton noir et, pas de bol, c'est pour ta pomme. Un mouton en chemise noire, avant de finir en camisole de force. Gripari, dans Frère Gaucher, ouvrage phénoménal et par conséquent inconnu du Milieu, estime que le suicide est un acte libre mais que la folie est une lâcheté. Il vivait en des temps peut-être un peu plus simples que les nôtres. Pour nous autres, la folie n'est peut-être qu'une solution de continuité.

 

Tu entendras souvent autour de toi des échos réconfortants, des fragments désossés de ta sagesse personnelle, des raisonnements sains et lucides comme autant de confirmations de tout ce que tu fais et crois. Untel que tu croyais Collabo se révélera plus indépendant que prévu. Un autre se laissera parfois aller à une saine colère dont tu le croyais incapable. Un autre encore te confiera entre deux clopes qu'il a toujours pensé comme toi et admiré ta résolution, ton jusqu'au-boutisme. Foutaises que tout cela. Réveil absurde des écorchures silencieuses. Aucun d'entre eux ne sautera jamais ce pas qui te sépare d'eux à jamais, même quand tu seras retourné dans le troupeau à reculon, la gerbe aux lèvres et le sang fracturant tes tempes comme une marche funèbre de tes idéaux. Entre eux et toi, à jamais, une vitre pare-balles.

Commentaires

Nous sommes "dans le monde", mais nous ne sommes pas "du monde". Il y a cependant une sortie (autre naturellement que de se flinguer); mais c'est affaire personnelle.

Écrit par : Palmyre | 14/08/2007

Dépasser la phase de désespoir et entrer sereinement dans le non-espoir... Notre existence est déjà une victoire sur le totalitarisme du Bien. Etre et durer... Déjà pas si vain... Mettre la guerre en soi-même, se vouloir, et se mettre en route... C'est, compte-tenu de l'impasse au fond de laquelle noue errons, la seule méthode pour se tenir debout. Dieux merci, nous avons des ennemis...

Écrit par : IVANE | 14/08/2007

"Non-Espoir" ? Kézako ?N'est-ce pas exactement en contradiction avec l'idée de "mettre la guerre en soi-même" ? Je ne vois que la Sainte Rogne pour nous permettre de nous maintenir dans ce cloaque et elle implique bon gré mal gré un atome d'espoir obstiné que rien ne bousille, parce qu'il échappe à notre contrôle.

Le jour où je trouve de l'ataraxie sans ordonnance, c'est vite vu : je n'écris plus une ligne, je ne fais plus chier personne avec des questions de civilisation et je me concentre exclusivement au noble art brassicole. Chez les trappistes, au moins, on se sent pas obligés de rajouter du manioc dans les bouteilles pour faire progressiste.

Écrit par : Son Eminence | 16/08/2007

Le non-espoir c'est justement se reserrer sur ce qui nous touche en propre, ce qui nous concerne, ce pour quoi nous pouvons quelque chose... un catholique dirait ses devoirs d'état...
Pour le reste, ce qui tient de la politique, laisser le monde aller comme il va, où il veut. Politique stoïcienne... Ataraxie pour l'ex-France - advienne ce qui doit advenir - et réserver nos trésors d'énergie pour les nôtres...

Écrit par : IVANE | 16/08/2007

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