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09/10/2007

HISTOIRE URBAINE (PRESQUE) SANS MORALE V

Centre-ville. Le sac à dos bourré de choses mangeables, pas trop chères et supposées durer un peu. Il fait assez beau pour qu'on puisse encore se déplacer en Marcel. Direction la gare. Un stand de jeunes qui aiment la planète, banderole bleue, motifs flous, je regarde à peine. Deux chevelus alpaguent le chaland.

 

Pas envie de parler. A personne. No human interaction today please. Tirer la gueule des jours où il faut faire les paiements, marcher d'un pas wehrmachtien, le regard expressif d'un bouledogue empaillé, ça marche parfois sur les moins assurés. Pas de bol, celui-là connaît la ficelle ou brûle d'un prosélytisme méprisant l'éventualité d'une insulte ou d'un coup de boule. Va falloir se le farcir.

 

Lui accorder, s'il-me-plaît, vingt-huit secondes de mon temps. Si je connais son organisation. Qui fait ceci et cela contre le réchofment cataclysmique. Si je veux pas des fois devenir membre. Que ça va pas me ruiner et que c'est généreux. Et qu'est-ce que j'en pense ?

 

Carambolage de pensées tandis qu'il récite son écolaïus. Forcer un ricanement supérieur et blessant ? Bricoler vite-fait un sarcasme obscène ? Citer des morceaux confus des travaux de Bjorn Lomborg ? Lui demander s'il a quelque chose à branler de l'ethnodiversité ? Une brève envolée lyrique sur l'air de "L'espèce humaine est une saloperie" ? Va pour cette dernière option : elle seule permet de rester socialement présentable sans baver de catéchisme hypocrite.

 

Chevelu réagit assez bien. Une brève étincelle de sauvagerie éclaire son regard, quand il évoque la cause animale, visiblement plus importante pour lui que la défense des droadloms - "On fait pas dans l'humanitaire." Sourire cannibale. Foutage de gueule ou franchise éphémère ? J'essaie de me foutre à sa place, quand j'avais son âge, pourtant pas si lointain, mais qui semble avoir été monopolisé par va savoir quel succube, vécu par un clône. Je présume que neuf fois sur dix, on naît en se foutant de l'Humanité en tant que telle, en se réservant le droit de juger individu par individu selon ce qu'ils nous apportent. C'est sans doute ça le cynisme véritable, sain, naturel.

 

Lui semble faire partie du dernier dixième, celui qui oscille entre suicide altruiste et Tabula Rasa, un jour Christ de poche, un autre Einsatzkommando embryonnaire. Se peut bien qu'il emprunte un jour ces mêmes chemins de traverse où chante pas vraiment du Cabrel, sans qu'il sache, lui non plus, comment il a foutrement fait pour arriver là. C'est sans doute pour ça que je reste aimbable avec lui durant notre rapide conversation.

 

83e6b4bc34d2fd3d1e4be508d54390e9.jpgJe le laisse à sa mission anti-CO2 avec la conviction diffuse qu'il n'a strictement rien compris de ce que je lui ai dit et de rester quelques jours dans sa mémoire dans le rôle d'un prophète de quai de gare.

Commentaires

J'ai une méthode radicale pour faire fuir ce genre d'importuns. Prenant mon plus bel - et néanmoins fallacieux - accent slave : "Je pas comproundre, je Bosnia". Ca marche, ils finissent même par se confondre en excuses. Évidemment, faut avoir la tête qui va avec...

Ou alors, vous faites basculer la conversation vers les perruches, les tortues de Floride, et toutes ces espèces importées parasitaires qui modifient l'écosystème local. Assentiment. Puis, vous insinuez doucement et doctement un parallèle avec l'immigration. Déconfiture. Amusant, mais faut avoir envie...

Écrit par : Piotr | 09/10/2007

L'accent slave, je suis pas sûr d'être très convaincant... Les parallèles avec les problèmes humains, beaucoup n'y sont pas sensibles. Mais ils ont en général la décence d'éviter la porte de sortie côté "on n'est pas des animaux"...

Sinon y a toujours l'option Schopenhauer, l'insulte ad hominem. J'en ai croisé une, il y a bien longtemps, très angoissée par la disparition des baleines et agacée qu'on lui demande ce que grinepisse faisait en Suisse même. "Faut pas rester coincé dans son petit pays", etc. Elle avait des yeux fascinants, mais conne comme un balai. Ca non plus, elle a pas aimé entendre.

Écrit par : Stag Nation | 10/10/2007

Y a toujours le très bon "désolé, mais je suis nazi"... ça leur coupe généralement l'herbe sous les pieds. Ca marche avec les ONG comme avec les gens qui vont demandent si vous avez pas une feuille à rouler.

Mais à faire uniquement quand vous avez la juste humeur à ce genre de blagues.

Écrit par : Simon | 10/10/2007

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