27/11/2007
SUR L'AIR DE "THEY BREED - WE SLEEP"
Piqûre de rappel dans les Quartiers d’ex-France. La mort d’un petit con infoutu de conduire correctement un pocket-bike est un crime raciste d’Etat. En guise de répétition de cet axiome fondateur de l’Etat de droit moderne, nous avons droit à une nouvelle Staracailledémy dans un bled pourri dont personne n’avait jusqu’ici rien à foutre. Pas trop envie de me la jouer Madame Irma, mais je me parie une tournée de gentiane (Chapelle-des-Bois mon amour) que tout ça ne mettra pas des semaines à retomber. Et puis, malgré tout, par ennui, par dégoût, par stupidité occupationnelle, je regarde ce qu’on en dit dans la boîte-à-cons. Je regarde souvent les conneries à Yves Calvi. Son numéro de ce soir (27 novembre, comme le temps passe) aura été assez chiant, avec quelques pointes dont se rappeler, pour dans trente ans, si nous vivons encore et que fouiller dans les annales de notre mort collective nous amuse encore.
Une sorte de Grand-Frère-Educateur-de-Rue avec un prénom très Nouvelle France qui t’explique que tout ça c’est pas de l’Emeute mais de la Révolte. Un maire socialiste qui estime que nier l’existence du ouacisme antiblancs équivaudrait à un mensonge. Un Xavier Raufer qui parle cash et réplique aux lieux communs du Néofrançais avec un sourire parfaitement délicieux. Des gens qui parlent tous en même temps, impatients de déblatérer leur laïus, s’époumonant comme si on les avait menacés de castration sans anesthésie s’ils ne faisaient pas assez de bruit. Un débat de société, quoi. Le truc à regarder périodiquement pour se remettre en mémoire les raisons qui vous poussent à haïr tout groupe d’humains supérieur à deux personnes. Ça sert, parfois. Il y a des gens qui vous demandent pourquoi vous "faites semblant d’être misanthrope". C’est toujours utile d’avoir un argumentaire organisé sous le coude.
Quand on éteint le poste et qu’on retourne à sa non-existence citoyenne, on en tire quelques constats simples, exactement les mêmes qu’en 2005. Il n’y a pas de guerre civile ethnique. Il n’y a pas d’insécurité croissante. Il n’y a pas de symptômes d’un effondrement de la société capitaliste démocratique sécuritaire. Il y a tout simplement des événements festifs et bordéliques pour réitérer encore et encore l’affirmation d’un fait : nous ne faisons pas partie du même monde. Ces gens nous disent : « J’ai les mêmes papiers que toi – ou je les aurai bientôt – mais je ne veux pas de tes devoirs, de tes croyances, de tes références, de tes ancêtres. Tout ce qui est ‘toi’ est une oppression des ‘miens’. »
Economiquement, politiquement et socialement, rien de tout cela n’est grave ni dangereux, ni à court ni à long terme. Ce n’est pas non plus un problème qui concerne la police en particulier ni l’Etat en général. C’est une simple Sécession tranquille. Eh oui, « tranquille ». Ça peut paraître dur à avaler cet adjectif quand on voit son deuxième leasing partir en volutes noires sur le parking d’en-face de sa cage à lapins. Mais : pas de centaines de morts et de blessés ? Pas de prises d’otages ? Pas de barricades façon nouvelle Commune ? Pas d’insurrection structurée par un discours socioéconomique clair et révolutionnaire ? Alors c’est de la GNOGNOTTE.
Ce que nous « disent » de tels événements, c’est simplement que la bonne vieille Fracture Sociale est accomplie, que rien ne la rebouchera, qu’elle a toujours existé mais qu’elle était soigneusement maquillée en vague malaise de la jeunesse par le matraquage masochiste des rentiers de l’immigration massive. Et ce maquillage est craquelé comme le fond de teint d’une salope trop vieille pour refuser de négocier le prix de la passe. « Ils » ne sont pas « Nous ». Ils n’ont jamais voulu l’être, rares sont ceux d’entre eux qui ont réussi à faire illusion en gagnant assez de fric et en gravissant assez d’échelons dans la hiérarchie des Régulateurs et des spéculateurs.
Ce sont des choses que Monsieur Moyen mettra encore du temps à réaliser pleinement. Il finira par gober toute la pilule, un jour ou l’autre. Mais il sera trop tard. Et au moment de la dernière pénible déglutition, il se rendra compte aussi qu’avec la pilule, c’est un hameçon qu’il aura avalé en même temps. Un hameçon relié à des communautés dont il ne pourra plus se défaire. Elles auront la même « nationalité » que lui, c'est-à-dire des titres de séjour et des fiches de paie qui paralyseront toute intervention de l’Etat à leur encontre, quand bien même elles sortiraient les lance-roquettes pour officialiser pleinement leur autonomie territoriale.
Cette paralysie administrative mène d’ores et déjà à des paralysies analytiques auprès des instances officielles qui en ont la charge. Le choix du groupe d’appartenance culturelle, la définition d’un « Nous Autres » selon le taux de mélanine, ce sont des choses qu’aucune directive gouvernementale ni aucun lavage de cerveau lobbyesque ne peut éradiquer. Ça s’éteint naturellement chez les plèbes cacochymes et ça résiste à tout chez les peuples à l’épreuve du temps.
Vous aurez beau les enterrer sous leurs Certificat d’Européanitude reconnu par Bruxelles, encenser les bienfaits qu’ils représentent pour nos rentes AVS, nos besoin en main-d’œuvre et nos taux de fécondité honteux à se flinguer, RIEN n’y fera. Vous resterez toujours des Toubabs, des Faces de Craie, des exploiteurs, des descendants d’esclavagistes, les membres d’une race de racistes congénitaux, contre qui aucune insulte n’est assez vache ni aucun coup suffisamment dur.
Seulement, une séparation, c’est quand même une histoire de couple. Si l’un veut s’en aller mais que l’autre l’en empêche, il n’y a pas de divorce possible.
« Eux », ils ont déjà choisi. Ils veulent conserver la bagnole, la maison et la garde des enfants, mais ils nous laissent généreusement les factures, la pension alimentaire et le Devoir de Remord. En clair, ils nous foutent dehors – avec évidemment un droit de visite régulier pour nos filles et frangines prêtes à leur transmettre nos excuses en nature.
« Nous », c’est autre chose. D’abord parce que « Nous » n’existons pas. Monsieur Moyen adore ergoter sur les différences de marque de t-shirt, sur les disparités de revenus, sur l’inégalité des classes sociales, sur les engueulades clochemerlesques. Tout ce qui lui permet de fracturer sa communauté culturelle lui donne des frissons d’émancipation pour pas cher. Il ignore rigoureusement ce que signifie se serrer les coudes entre semblables. C’est peut-être héréditaire. Des lustres qu’on s’étripe entre voisins. Trop de peuplades, de traditions et de langues différentes sur un coin de continent aussi minuscule, ça ne peut que péter. D’où cette obsession immémoriale d’aller piquer le territoire à d’autres. La colonisation. L’exploration des océans. La fièvre des horizons lointains. Cette garantie implicite d’avoir enfin de grands espaces à ravager. Est-on sûr qu’Alexandre ait vraiment pleuré à l’idée qu’il ne lui restait plus de royaumes ennemis à conquérir ? C’est égal : l’image symbolise à elle seule les trois quarts de notre histoire collective.
Reste que malgré – ou à cause de, qui sait – ces antécédents de pillage et d’expropriation, nous avons en moins d’un siècle perdu le Feu sacré. Les meilleures choses ont une fin. Nous avons enculé la planète. La planète se venge et nous envoie la bite de tout le Tiers-Monde dans le cul, centimètre par centimètre, on va se la manger jusqu’à ce qu’elle nous brise la mâchoire de l’intérieur. La plupart d’entre « Nous » l’accepte. Ecrasée sous ce cheptel soumis, une poignée de sociopathes, de ratés, de poètes à plume tordue et de hooligans lettrés se répètent depuis cinquante ans que non, décidément, ce n’est pas un avenir acceptable. Mais ils ne sont que des grumeaux perdus dans la soupe et un demi-siècle d’agitation n’y a rien fait : la soupe ne s’est pas solidifiée autour d’eux. Il n’y a pas de Choc des Civilisations parce qu’ « Eux » n’en ont jamais vraiment eu une, et parce que « Nous » avons sabordé consciencieusement la nôtre. Arrière-Grand-Papa a commencé le boulot en bandes molletières. Grand-Papa l’a achevé à coups d’Etoile Rouge et de Stars and Stripes. Papa, qui n’a rien compris au film, a assuré les finitions avec trois pavés, deux manifestes pro-partouze et une éducation de ses gamins qui ressemblait à une longue IVG post-partum.
Oui, c’est mal barré. Non, ce n’est pas irréversible. Profite que je sois vaguement optimiste pendant deux secondes, toi le malheureux surfeur qui m’accorde ton attention par pitié ou curiosité anthropologique.
Entre « Eux » et « Nous », un obstacle jusqu’ici insurmontable : nos Zélus et nos Fournisseurs-d’Emplois. Voilà une belle paire de cochons pour qui ce deal invraisemblable mérite toute notre attention. Ils nous le font assez comprendre : Touche Pas A Mon Client/Electeur. C’est votre avenir, ces Jeunes révoltés, qu’ils nous serinent. Acceptez-les au plus vite. Baissez les yeux, c’est mieux que de vous les faire crever. Et puis pensez aux avantages, à ces hordes d’hommes vigoureux et de femmes sensuelles, tous prêts à vous échanger fraternellement un peu de chaleur humaine contre le gîte, le couvert et la naturalisation. L’économie de marché, ça se passe aussi dans la chambre à coucher. Soyons terre-à-terre. C’est pas du cynisme, c’est du réalisme, de la maturité, le courage de se comporter en adulte dans un monde qui ne badine pas avec la marchandise. Vous trouverez bien une raison. Démerdez-vous. Comme si vous aviez le choix de toute manière.
Il n’y aura pas de solution à ce problème tant que ces putain de Frères Siamois interviendront dans nos affaires. Ou plus justement, tant que nous les laisserons analyser, circonscrire, gérer et rentabiliser en duo des problèmes sociaux auxquels ils ne devraient jamais pouvoir toucher sans y perdre au moins une main. Bulletin de vote, vidéosurveillance, budgets prévention, crédits répression, séminaires de sociologie urbaine, gadgets d’autodéfense semi-légaux, durcissement ou débandade des « lois-muselières » - KIF-KIF TOUT ÇA.
Pour en avoir une énième confirmation, tendez une oreille attentive à « Leur » discours, corroboré par toutes les chiennes et les mercenaires qui se précipitent pour élever le moindre de leur étron au statut d’œuvre d’art militant. Vous n’entendrez parler que de mise à l’écart, de discrimination, de mauvaise insertion, de désintégration sociale, de ghettoïsation, de manque de représentativité, et pourquoi pas de ségrégation statocapitaliste s’il y a un bourdieusien à peu près clean qui traîne dans le bistrot. Autant d’explications rationnelles à des comportements d’hostilité systématique, réflexive pour ainsi dire.
Excuses à deux balles le charter. Mais pas que ça : ce sont autant d’obstacles qui ne Les ont pas empêchés de retrouver/maintenir/inventer une solidarité instinctive contre l’Ennemi, le Blanchouille, le Riche, le Patron, le Raciste, le Souchien.
Ils ont sauté par-dessus tout ça comme un 110 mètres haies, comme une course à sac de gamins. Ils sont censés être en marge, désorganisés, pas écoutés, méprisés, sans débouchés, réduits à la misère et à l’aliénation, et BAM ! Le moindre accident mongolien et c’est toute la té-ci qui part en feu de Bengale. Ils se sont joyeusement passés de tout l’arsenal associatif, métapo et militant que le dernier carré Réac agite désespérément comme ses seuls moyens de coaguler une opinion publique partagée entre je-m’en-foutisme et dhimmitude.
Il y a là comme une putain de leçon à tirer.
20:30 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : L'abus de vodka-pomme peut provoquer des logorhées incontrôlabl
Commentaires
je suis inquiet
j'ai foutrement mal au fion à chaque fois que je vous lis
et je reviens pourtant chaque semaine me prendre ma branlée hebdomadaire
grande forme
Écrit par : Julius | 28/11/2007
Ca peut paraître inquiétant, oui. Je vous rassure de suite. Vous ne faites que lire ça une fois par semaine. Moi j'y pense d'une aube à l'autre. A ce rythme-là, l'organisme dépasse souvent le niveau d'usure dont il peut se remettre. N'augmentez pas les doses, ne contaminez pas les gens que vous aimez et tout ira bien.
Bonne suite avec vos propres productions. Chez moi, c'est bizarre, il y a une marge grise à gauche qui mange un centimètre de vos textes. Est-ce normal ?
Merci pour la visite et le lien, je vous rends la pareille sur l'heure.
Écrit par : Stag Nation | 29/11/2007
si nos femelles ne se jetaient pas,comme un seul homme, aux mufles lippus de la babouinaille prognathe, nous puiserions un peu de courage pour nous battre, affronter la répression, la prison dans un premier temps, et vaincre ensuite; mais collectivement elles ont les yeux de Chimène pour les"mâles dominants" importés. Tout est perdu. Que tout périsse! Viva la muerte!
Écrit par : felix niesche | 01/12/2007
Tres bon texte comme souvent.
Ce qui m'étonne le plus en France, c'est son degré de lobotomisation ambiant.
Continuez et à bientôt,
cab
Écrit par : cab | 11/12/2007
Les commentaires sont fermés.