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29/01/2008

ANAAL NATHRAKH - "HELL IS EMPTY AND ALL THE DEVILS ARE HERE"

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Pour qui Excalibur est un affreux navet guère plus évolué que Conan le Barbare, aucune raison de jeter une oreille même circonspecte à un groupe baptisé d’une citation archiconnue du Merlin guignolesque de John Boorman. On se dit que ça doit causer de casque à cornes ou de talismans, et qu’on a déjà assez donné de fric à Manowar quand on était damoiseau à poils longs.

 

 

Alors on classe l’affaire et comme on ne sait pas ce qu’on loupe, on ne souffre pas. Jusqu’au jour où, par un mélange de charité païenne et d’ennui insomniaque, on daigne laisser sa chance à Hell is empty, dont le titre est emprunté à la Tempête de Shakespear. Une demi-heure plus tard, on n’est pas loin de se flageller pour s’être arrêté à l’étiquette d’une gnôle aussi décapante.

 

 

Du grindcore irréprochablement construit, exécuté avec la rigueur d’un instructeur des Marines et qui sait conserver des rythmiques audibles autant que des mélodies accrocheuses ? Oui mon Général, ça existe ! Ça existe même depuis 1999 et de toute évidence, ça s’est foutrement bonifié avec les années, à l’instar de ces précieux nectars d’abbaye dont les lies accumulent de la patate dans leur bouteille. La cuvée 2007 offre un cru à déguster strictement entre amateurs éclairés, après avoir planqué tous les briquets qui traînent pour prévenir des pulsions irrépressibles de foutre le feu au quartier.

 

 

C’est qu’une tempête de flammes et de fumées toxiques serait un accompagnement nécessaire à une telle bande-son pour guerre civile. Dès l’intro d’une courte minute, on sent déjà qu’on va se farcir du costaud. Le son est ample, la cadence pesante comme une forteresse volante, deux notes criardes zigzaguent en guêpes folles au-dessus de cette masse qui s’avance. Puis sans la plus élémentaire sommation, c’est l’assaut qui est donné. Der Holle rache kocht in meinem herzen sonne une charge hystérique, où se mélangent déchirements d’œsophage et chœurs guerriers.

 

 

Le véritable exploit de ce skeud est de tout casser et de pousser la démence sonique et vocale à leur paroxysme tout en restant déchiffrable. La netteté des compositions, la précision ahurissante des partitions et la production cristalline offrent un écrin inespéré à un tel distillat de haine 100% pure. C’est à se demander comment on peut encore se concentrer sur un instrument quand on est pris d’une telle fureur d’anéantissement, comment on peut avoir encore le moindre égard pour l’auditeur tout en promettant l’extermination à tous les bipèdes du globe.

 

 

Si le niveau de brutalité ne baisse jamais d’un micropoil, chacun des titres repousse les limites du désordre organisé sans jamais déchoir dans le bordel inaudible auquel un Brutal Truth s’était trop souvent livré dans son ultime galette. Dans la névrose mitraillante de Virus Bomb ou de Sanction Extremis, on ne perd jamais le fil.

 

 

Le dénommé « Irrumator », assumant la charge délirante de toute l’instrumentation, fait preuve d’une maîtrise dans l’ingénierie du boucan qui fera date dans l’histoire. Quant à son comparse « V.I.T.R.I.O.L. », il passe des bruits purement animaux à des élans lyriques qui soulignent le massacre ambiant par un effet de contraste tout à fait scotchant.

 

 

Death, hardcore, grind, noise, chant clair et vibrant comme un appel aux armes, tous les registres du suicide vocal y passent sur fond d’ode à l’homicide planétaire conçu comme une forme d’art supérieure à toutes les autres. Rarement une citation biblique aura pu foutre hérétiques et fous de Dieu dans la même fosse commune : ce septième Lama Sabachthani, hurlement du Christ face au Père qui l’abandonne, c’est la révolte de l’enfant devenu homme par le viol originel de l’horreur, celle dont Céline disait qu’on pouvait rester puceau si longtemps.

 

 

Oui, en vérité, il n’y a plus personne en enfer en ce moment. Mais maintenant que nous avons ces trente minutes d’aliénation contrôlée, nous savons déjà que nous ne serons pas dépaysés quand viendra notre tour d’y faire notre place.

Commentaires

Et ça se trouve où cette merveille ?

Écrit par : Brett | 31/01/2008

De mauvaises langues vous murmureront que ça se chipe sur Emule. Ne les écoutez pas, ce sont de vilaines gens qui nuisent au commerce et à l'indépendance des artistes.

Écrit par : Stag la fauche | 31/01/2008

Les commentaires sont fermés.