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23/01/2008

CRISE, REVOLUTION ET AUTRES QUESTIONS SANS IMPORTANCE

« Quand les caddies seront vides... » : introduction à tous les grands délires sur la fureur du peuple qui se rebellera un jour, parce qu’il en aura assez, parce qu’il aura faim, parce qu’il n’aura plus le choix que de se conformer aux grandes attentes que nous plaçons sur lui.

 

 

Or ces grandes attentes, Monsieur Peuple, il s’en tape. Il s’est toujours tapé des rêves des gens qui ont fondé des religions sur lui (et qui ont souvent fini par le massacrer pour qu’il se conforme au culte). Fafs, écolos, anars et bolchos, tous ont en commun une vision idéalisée de leurs semblables et de leur potentiel de changement. Tous ignorent un fait fondamental, c’est que l’individu préfère toujours être mal accompagné que seul, et que les foules vivront mieux sous une dictature maternante que face à une liberté anxiogène. C’est vexant mais c’est ainsi. Le knout, c’est le sex-toy des foules depuis la préhistoire.

 

 

Ce n’est même pas quelque chose de condamnable en soi. Sans un minimum de stabilité, de sécurité et de prudence, il n’y a tout simplement pas de famille, pas de projets à long terme. Pas de science, pas d’art, pas d’autonomie, rien de ce qui donne de la saveur à l’existence, rien de ce qui équilibre les sacrifices atroces qu’exige une vie en communauté. Les hyperactifs que nous sommes tous un peu ont tendance à l’oublier, à cultiver le risque gratuit, à parer leur suicide émotionnel d’atours flamboyants.

 

 

Ceci dit, on peut poser que l’homme moderne n’a jamais été aussi assisté et déresponsabilisé que depuis un demi-siècle. Jamais ses tâches n’ont été aussi prémâchées, ses envies surgavées avant même qu’elles n’apparaissent. Il vit le long d’une crémaillère dont le pire des accidents ne peut le faire dérailler. Et on voudrait que ce mammifère dévirilisé ait conservé en lui la rage de se battre pour sa survie, alors qu’il accepte fort gentiment la perspective d’avoir une descendance qui lui crache à la gueule ?

 

 

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Il ne faut pas attendre, ni espérer, que l’aggravation des conditions de vie accouche la conscience politique de nos semblables. Bien au contraire, plus Monsieur Moyen devra se battre pour bouffer, moins il aura à foutre de contribuer à toute espèce de planification du bien-être collectif. Il ne s’embarrassera plus de mythes incapacitants façon Fraternité Universelle et apport culturel formidable des allogènes, mais il ne se lancera pas non plus dans aucune sorte de Reconquête. La seule épopée qu’il aura les moyens de concevoir et de mener, c’est la lutte quotidienne pour que sa famille ait à bouffer et un endroit pour s’abriter du froid et des prédateurs.

 

 

Les grandes crises historiques développent les formidables capacités d’adaptation et d’inventivité de l’homme. Elles ne sont pas des catalyseurs à ses envies de révolution, qui n’existent que dans l’esprit d’une stricte minorité de timbrés.

 

 

Le révolutionnaire moyen cherche à briser le carcan de la frustration d’action gigantesque, il rêve de justice expéditive, d’élimination des ennemis, d’une marge de manœuvre lui permettant d’assouvir ses instincts haineux et ses phobies les plus profondes. Mais il n’est pas un bâtisseur, qui lui ne peut œuvrer que dans le calme, la réflexion et le long terme. Les civilisations se fondent et s’effondrent sans cette mouche du coche.

 

 

S’il nous reste une Révolution à accomplir, elle ne consistera pas à transformer la société ou à faire naître l’homme nouveau. Tout au contraire : il s’agira de ne pas laisser la société nous transformer et effacer l’homme tel qu’il a été de la sédentarisation à la Première Guerre mondiale. Il ne s’agit plus de renverser l’ordre établi mais de nous en extraire. Et c’est en cela que notre pire ennemi vit dans notre tête – pas à la Maison Blanche , ni dans une madrasa, une Loge ou une succursale de la Licra. Symptômes et épiphénomènes, tout cela. Questions d’un autre temps, enjeux d’un autre match. Il a été disputé, et perdu, par nos grands-parents, à dix contre un. Tout le terrain est occupé par l’équipe adverse et ses innombrables mercenaires.

 

 

Notre match à nous n’aura rien à voir. Nous n’avons plus rien à prévenir, plus rien à conserver. Il nous reste les souvenirs glorieux de choses que nous n’avons pas vécues et un confort matériel qui se paiera de plus en plus cher. C’est trop peu pour donner le moindre sens à notre existence. Et il faudra du temps et beaucoup de désillusions vachardes pour accepter cette idée toute simple : les plus grandes conquêtes que nous pouvons espérer seront des choses très ingrates, terre-à-terre, sans panache.

 

 

Ni l’effondrement de tout l’édifice social, ni la Guerre-Civile -Ethnique, ni le Califat des Racailles ne sont des scénarii dignes d’une seconde d’attention. Par contre un certain émiettement du pouvoir est imaginable, à l’image de l’Europe de l’an mille. Un savoir antique confiné à une élite bien protégée. Une léopardisation du territoire, avec des enclaves fonctionnant selon les règles des groupes humains majoritaires. Le tout avec le maintien d’une fiction de gouvernance officielle, de paix incontestable faute d’armées organisées, de « confiance des consommateurs » aussi endettés que leurs Représentants Démocratiques…

 

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Tous les inconvénients de la déglingue sans ses compensations en matière d’autonomie, en somme. Les amateurs de science-fiction n’ont qu’à étudier de près le Queens ou les townships de Johannesburg. Les autorités en charge de ces petits coins de paradis ne risquent ni leur peau, ni leur mandat, ni leurs revenus, ni même leur réputation. Le jour où les métropoles d’Europe connaîtront ce degré d’incohérence et d’insécurité, il ne se passera – …rien. Business as usual. Les amateurs peuvent continuer à comptabiliser les zincivilités et le nombre d'ambulances caillassées par week-end si ça leur fait se sentir utiles. La charité chrétienne voudrait qu'on leur recommande d'essayer au moins de rentabiliser ce hobby en cherchant du taff dans un quotidien gratuit, plutôt que d'inonder les fora droitards à leurs propres frais. Pour la différence que ça ferait, ça leur paierait au moins quelques sixpacks...

 

 

Oh bien sûr, il y aura quelques dizaines, quelques centaines de purs et durs peut-être, qui tenteront d’aller jusqu’au bout. Sortir des villes. Rejoindre les coins de campagne échappant encore à l’urbanisation et au dépeuplement complet. Effacer leur passé, leur identité officielle, leurs liens avec la Machine , quitte à mettre en scène leur mort pour être tranquilles. Réapprendre le braconnage et l’agriculture de subsistance, apprivoiser la faim et la peur animale. Une vie incroyablement courte, épuisante et intense. Va savoir si, ça et là, des communautés n’arriveront pas à se constituer et à maintenir une sorte d’autarcie minimale.

 

 

Et puis il y aura tous les autres. Ceux qui auront eu leur Epiphanie trop tard et trop seuls pour pouvoir entreprendre quoique ce soit de productif. Ceux qui seront déjà coincé par une famille, un job juste assez payé et gratifiant, des accoutumances tolérées par la morale de la Croissance , la lâcheté ordinaire face au risque de souffrir, le poids d’une âme méticuleusement tordue et viciée dès la naissance. Je me range d’entrée dans cette catégorie, au cas où on irait croire que je pontifie. Pour nous autres, Citoyens sans importance de la Grisaille technocrate, l’espoir d’une victoire sur nous-mêmes est le plus mince.

 

 

Mais si nous ne devions viser qu’une mort paisible, en accord avec nous-mêmes et droit dans nos rangeos, est-ce qu’on a vraiment le choix ?

Commentaires

Sur les grandes lignes, je suis plutôt d'accord avec vous, c'est à dire que comme vous je ne crois pas à une révolution animée par un peuple européen qui est à la force, la liberté, la foi ce qu'est l'escargot à la vitesse.
Si dans un précédent commentaire j'employais le terme"corrida des doryphores", je dirai que l'amour du peuple europeen pour la liberté s'apparente dorénavant à la parade nuptiale du cloporte.
je suis d'accord aussi concernant l'analyse portant sur les frigos, d'une parce que je suis sassez souvent dans des pays de merde et qu'effactivement la réalité du mec qui veut crouter c'est de trouver à bouffer, rarement de faire la révolutionne.
Par contre, là ou je ne suis plus tout à fait d'accord, c'es t le comparartif entre les townships africains, ou par exemple favellas brésiliennes comme zone de non droit administrées par des gangs(ce qui est le cas là-bas)et des futures zones en Europe qui finiront par devenir comme ça(même si dans une moindre mesure c'est déjà le cas dans certaines cités au niveau bizness).
En effet, en Afrique vous avez de gros bidonvilles(comme on dit au "Quartier), des zones sécurisées musclées, et de la brousse, c'est à dire de grands espaces, et surtout un climat qui fait que traîner sa gueule par terre toute la journée ne provoque pas une mort par le froid.
Au Brésil, vous avez encore une forêt immense et aussi de grands espaces, climat c'est pareil.
En Europe, les tâches léopards que vous décrivez ne seront pas séparées sur le moyen termes, la lutte concernant les énergies vitales n'en sera que plus dure et accentuée par un problème climatique.
Pour mettre une cité de vilains rebelles du 93 à genoux, coupez l'appro énergétique.
Dans un township angolais, ça sert à rien, un petit groupe pour 3 ampoules et roule.
On parle toujours des problèmes dans les cités concernant les flics ou pompiers, alors que ça fait belle lurette que les compteurs ne sont plus relevés...
De plus et je parle en connaissance de cause, les muslims en Afrique savent qu'ils ne pourront rien faire avec les nègres qui passent le plus clair de leur temps à baiser, boire, bouffer:c'est la règle des trois B.De temps en temps, histoire de montrer que c'est des hommes un petit génocide ethnique dont tout le monde à rien à branler, eux les premiers!
Il y une réelle usure sur les hommes par le climat tropical, c'est pour ça d'ailleurs que pleins de blancs finissent là-bas dépravés, l'Europe c'est différend.
Il va y avoir cette phase que vous décrivez, sûrement, mais je crois sincérement qu'ensuite cela obéira à la règle Européenne et ce malgré le remplacement par des allogènes du peuple originel.

Écrit par : sanpiero | 23/01/2008

Le constat est exact : le peuple est par définition mou. Cela dit, quand les caddies seront vides et, surtout, la télé éteinte, il surgira du tréfonds du peuple quelques individus supérieurs - en ce sens qu'ils disposeront d'une grille de lecture révolutionnaire des événements et d'une vision du monde différente - qui seront en mesure d'enflammer le peuple. Ca s'est toujours vu de tous temps et il n'y a aucune raison que ça change. Et comme d'habitude, le renversement de l'ordre ancien et la liquidation de "l'élite" sortante seront bien saignants.

Ce point étant acquis, tout dépendra de la vision du monde que porteront les plus habiles de ces révolutionnaires, ceux qui prendront le pouvoir et réussiront à s'y maintenir. Si ce sont des fous furieux (les exemples abondent dans l'Histoire, ce sont même les plus nombreux, qui ont d'ailleurs en commun de vouloir créer un Homme Nouveau), le peuple sera réenchaîné pour son malheur.

Si en revanche pouvait pour une fois émerger un nouveau Périclès, c'est-à-dire un chef porteur d'une vision naturelle de l'homme, eh bien le peuple serait de nouveau réenchaîné (car il ne demande que cela, désolé, c'est comme ça...), mais chaque individu se verrait proposer la clef de ses chaînes, avec la liberté de s'en servir ou pas.

Écrit par : Eric Lerouge | 23/01/2008

"en mesure d'enflammer le peuple"

Ça marche sur le papier ça ... mais le peuple, c'est pas une torche qu’on enflamme ... tout au plus un pet ...

On en revient toujours au deux pronostics, déjà explorés, avec talent sur ces pages :

Le chaos fantasmagorique, qui met providentiellement à bas toute forme d'organisation, laissant une chance aux plus forts de créer (un peu comme le Ravage de Barjavel, le Melvil de Merle ..), scénario qui est toujours plus séduisant pour le faf qui y voit l’occasion de projeter tous ses projets éternellement avortés …

L’autre hypothèse, moins simpliste, plus sale, plus humaine, plus crédible hélas, c’est celle de Stag nation … L’embourbement lent, la chape du médiocre, le délitement jusqu’à la lie. Et comme seul champ d’action pour les associaux la survivance, silencieuse, douloureuse, individuelle …

Jusqu’à ce que l’Histoire reprenne ses droits, sous des formes que nous sommes sans doutes encore incapables d’imaginer, et de grandes chances que tout ça se fasse sans aucune influence de notre part …

Écrit par : Le Bâtard | 23/01/2008

Ben moi zaussi j'va être copieux du commentaire. Si ça devient tendance sur la Zone, alors...

Périclès … J’aurai inclination à penser qu’un Charlemagne correspondrait mieux à la situation. Car la période qui risque de se pointer toute guillerette, ce n’est point tant à l’an 1000 qu’elle se peut comparer qu’à ce temps qui suivit la chute de Rome jusqu’à la venue de – précisément, comme il retombe subtil sur ses patounes – de Karl le grand. ( Histoire de se balader dans cette joyeuse période de barbarie décomplexée, en pleine Gaule mérovingienne, où pullulent invasion(s) de Vandales, bastons avec hérétiques ariens et fortes poussées de guerres et d’étripages maison entre descendants de Clovis visiter sur la toile –traduit du latin – les Chroniques de Grégoire de Tour. Passé le début et en sautant – conseils pour feignasses - les passages théologiques ou pure d’hémoglobines, c’est pas triste).

Le conclusion s’impose, ‘fectivement : survivre, en transmettant ce qu’on aura préservé –en espérant ne pas être trop vérolé à notre insu. Goulus Vs ascètes, j’en arrive à cette conclusion assez schématique mais claire.
L’un des pires symptômes de cet univers stérilisé, c’est la disparition progressive de l’Art. Celui-ci périt sous l’angoisse inutile, quand il lui faut du tragique bâtisseur. D’ailleurs, plutôt que de pontifier du commentaire, je vais plutôt vous verser une belle bollée de Bloy :

" L'art se suffit à lui-même comme un Dieu et les couronnes fleuronnées des princes, comparées à sa coiffure d'éclairs, ressemblent à des carcans. Il est aussi réfractaire à l’adoration qu’à l’obéissance et la volonté d’aucun homme ne l’incline vers aucun autel. Il peut consentir à faire l’aumône du superflu de son faste à des temples ou des palais, quand il y trouve à peu près son compte, mais il ne faut pas lui demander un clin d’œil surérogatoire. »
(Un brelan d’excommuniés)

On ne tombera plus sur ce style de foudre. Le lyrisme c’est fasciste ; la beauté n’est pas UTILE.


« Prudence is a rich ugly old maid courted by incapacity »


Ps Me baladant à l’ombre des lumières, j’apprends que c’est votre anniv. Bon : meilleur souvenir à votre apparition (de même à xyr- autre affronteur de phynxs- s’il croise par ici.) Je ne suis guère pas un célébrant de notre date de surgissement (déjà on hurlait lucide) mais... une fois n'est pas coutume et puis là, c'est marrant, xyr hier, vous le 23 - moi le 31. L’ère d’Aquarius, l’ère du Sceau du Vers (M’phenglui R’lye O Shub-Niggurath. Allez juste une seconde de pensée magique. Le cartésianisme nous a tellement cramé la glande à émerveillement.

Écrit par : Restif | 23/01/2008

Ben moi j'ai pas grand chose à ajouter à Zone Grise et au commentaire de Le Rouge. Bravo.

Écrit par : boubou | 23/01/2008

Ma foi bon anniversaire (juste à temps!) messire Stag...
Salut particulier à Restif (amateur du maître de providence!) aussi.

Écrit par : Tang | 23/01/2008

Merci Messieurs pour votre sollicitude. Cet anniversaire s'est terminé sans heurts majeurs. J'ai trop mangé, trop bu, reçu trop de cadeaux, trop de bons conseils et trop de moraline familiale. Loué soit Bacchus qui rend tous les excès suaves et entoure d'un bienveillant coton les réprimandes bienveillantes des ceusses qui se préoccupent de notre bonne intégration sociale.

@ sanpiero : jamais foutu un orteil ni en Afrique ni en Amérique. Mes exemples sont donc strictement livresques et ne visent pas à décrire une réalité vécue. Il me semble juste qu'un über-maternalisme au sommet, un chacalisme économique au milieu et une poussive guerre des gangs au ras des pâquerettes me semblait une vision d'avenir relativement réaliste.

Écrit par : Stag ivre et fatigué | 24/01/2008

Je pense que sanpiero a un point.

Écrit par : raph | 24/01/2008

Soyons clairs,(huhuhu!)
Je crois sincérement que votre analyse est pertinente et tout à fait vraie, c'est simplement sur l'évolution à long terme que je crois que cela peut changer.
la réalité c'est que pour le moment et de partout , c'est nous les blancs qui faisons tourner la boutique et que l'on ne me cite pas l'Asie(à part le Japon)parce que là-bas aussi.
Bon, pour le moment tous ces connards en plein délire croient que c'est ad vitam eternam, d'où flux migratoires et tout le merdier provoqués par notre sinistre apathie.
Mais ça ne va pas pouvoir durer justement, hors les endroits qu'on ne contrôle plus et bien ça finira comme à leur habitude dans le chaos total.
Effectivement, les blancs sont ramollis, mais on peut compter sur eux pour se ramasser, ils le font si bien.

Écrit par : sanpiero | 24/01/2008

Qu'importe la mollesse d'un peuple si il va dans la bonne direction. La direction actuelle est loin de nous réjouir, nous sommes d'accord. Mais un évènement miraculeux pourrait changer la donne : un leucocide bien sauvage en Afrique, Amérique du Sud ou ailleurs agirait plus dans la conscience de "Monsieur Moyen" qu'une propagande identitaire bien conduite.

Non, tout n'est pas perdu, il nous reste la possibilité du gouffre.

Écrit par : Un passant | 24/01/2008

"Un ticket pour le carnage", Pierre Damiens

http://forum.subversiv.com/index.php?id=238754

Écrit par : Un passant | 24/01/2008

Excellent texte GP, j'adhère.
J'ai toujours le même problème vis à vis des chevaliers sans peur et sans reproche qui parlent de "la possibilité du gouffre", en perdant de vue l'essentiel, à savoir que le monde n'est qu'un donné à travers nos yeux et que par conséquent espérer le gouffre équivaut à une sorte de suicide que bien peu de gens (personne ?) sont capables d'assumer *dans les faits*.
De toute façon, les vrais suicidaires ne sont pas ceux qui hurlent leur désespoir mais ceux qu'on retrouve pendus, trop tard.
L'absence totale de romantisme dans la prose de GP est précisément son principal attrait, loin de la sauvegarde du germen, de l'éveil des peuples ou des espoirs messianiques illuminés, toutes choses qui en définitive n'ont tout bonnement *jamais* existé.
Les visions globales sont des fantasmes ; l'Histoire montre que seuls quelques hommes ont fait le monde. Partant de là il y a à mes yeux seulement deux possibilités :
1) se voir parmi l'élite en question qui va changer le monde ;
2) se savoir con comme tous les autres avec juste assez d'intelligence et de lucidité pour comprendre le tableau global, dans une impuissance totale.
Etant dénué de tout hubris (mot à la mode), je me place évidemment dans la catégorie n°2, avec les infinies tristesse et solitude qu'elle génère.
Je terminerai par une question plus personnelle à GP : navigues-tu constamment, comme moi, entre le besoin purement humain de communiquer, d'échanger, d'écouter, de gueuler, et la nécessité plus animale de te taire, de te terrer, de t'enfermer, de ne plus mot dire et de maudire ce qui dépasse ta frontière charnelle ?

Écrit par : Vicomte Georges-André de Le Fyon | 25/01/2008

exellent texte, Vicomte, j'adhère.
Ells m'amusent bien, moi aussi, les groupies de Germaine ! comme toutes les autres groupies de quoi que ce soit, d'ailleurs ...
L'histoire; du monde en général, et de la France en particulier; n'est tellement écrite que par quelques grands z'hommes, que l'histoire récente de la France a été écrite en partie par un non français : Napoléon..Ce qui en dit long sur les notions de nationalisme et autres patries charnelles de mes deux.

De plus, il suffit que le hasard vous fasse naitre quelque part, que quelques grains de sable viennent vous faire déménager plus qu'il ne le faudrait pour " s'enraciner"...et voilà la mascarade bien à poil, sans ses horipaux mensongers. Vous n'êtes : RIEN !..un fétus de paille balayé-par-les-vents-d'histoire, comme on dit dans les chansons de Sardou.

Je sais de quoi je cause.

Derrière ça, le seul but pour survivre, sera de trouver en soi la capacité de "se" mentir chaque jour. Objectif comme un autre, soit dit en passant...Trouver des explications là oû il n'y a qu'hasard. Là oû il n'y a...rien...

Écrit par : tyler | 25/01/2008

"navigues-tu constamment, comme moi, entre le besoin purement humain de communiquer, d'échanger, d'écouter, de gueuler "

ayant remis l'humain à sa place, c'est à dire : rien...on peut conçevoir apres que "rien" plus "rien" étant égal à plus; le-besoin-purement-humain se cherche à tout prix quelques bonnes raisons de vivre. On peut même appeller ça : espoir, par exemple... L'espoir, cette vertue d'esclave, comme dit Cioran. D'esclaves du Néant que nous sommes...

Mais...c'est à GP qu'on posait la question...On parle au boucher, c'est l'andouille qui répond, je sais...je sais...

Écrit par : tyler | 25/01/2008

Peu de choses à rajouter, en fait... Tout convaincu navigue entre l'ennui mortel de la marina et l'agitation démentielle de la haute mer... Mais tant qu'il a des tracts à fourguer, il se la ramène peu sur cette alternance. Le découragement, le dégoût, la rage, la frustration de ne jamais déboucher sur rien, c'est pas glamour dans le milieu. "On a gagné", "On va gagné", "On a failli gagner", "On aurait du gagner c'est pas juste"...

Écrit par : Stag le boucher | 25/01/2008

"Tout convaincu navigue entre l'ennui mortel de la marina et l'agitation démentielle de la haute mer... "

Que dire alors du "non convaincu" dont le doute s'enracine à chaque instant sur le noir terreau du scepticisme, et qui ne voit l'utilité d'embarquer sur aucun des raffiots de sercice ?...Quels âbimes ...

Écrit par : tyler | 25/01/2008

Vite, une minute de publicité ! Ou on va finir par se flinguer, à lire votre prose de désespérés.

Écrit par : Eric Lerouge | 25/01/2008

si tu me glisses discretement sur ton testament, je ne serais plus désespéré du tout...

Écrit par : tyler | 25/01/2008

Ok, Tyler, tu es officiellement sur mon testament ! Je te lègue ma collection complète de Choc du Mois. Ca te va, pour le moral ?

Écrit par : Eric Lerouge | 25/01/2008

C'est bon pouw le mowal... C'est bon bon... Boum zim boum... (Je suis chez moi, je cite la Compagnie Créole si je veux)

Écrit par : Doudou Stag | 25/01/2008

Evitez, cher Vicomte, de juger du haut de votre superbe un individu que vous ne connaissez pas. Je ne joue pas au « chevalier sans peur et sans reproche ». Passant sans réelle culture philosophique, historique et littéraire, je suis condamné à appréhender la Grande Mutation avec mes tripes et une intuition influencée par une longue étude des probabilités et des statistiques.

Je faisais juste remarquer que « Monsieur Peuple » est capable d'un sursaut salvateur pour peu qu'il se reçoive en pleine face un choc massif façon zyklon enrichi. Sans Auschwitz, pas d'Etat juif. Sans les émeutes africaines de 2005, pas d'immigration et d'identité au menu des présidentielles. L'évènement traumatisant modifie notre perception du monde et donc notre manière d'agir sur lui. A l'échelle collective cela se traduit par mille petits gestes et mille petites décisions qui agissent sensiblement sur la trajectoire d'un peuple, d'une civilisation.

La probabilité d'un leucocide n'est pas négligeable. En tout cas cette hypothèse n'est pas plus invraisemblable que la néo-féodalisation décrite par Stag. Il n'y a qu'à constater le ressentiment des Noirs à notre encontre. Sans compter les autres peuples traumatisés par blanchette. Ils veulent leur revanche et non une simple reconnaissance de leur génie.

http://www.youtube.com/watch?v=eY5lvKnPj_M

Écrit par : Un passant | 25/01/2008

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