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09/02/2008

CE QUI TE DETRUIT NE ME REND PAS PLUS FORT

Pour faire suite à une récente conversation autour d'une foccacia et d'un verre de rouge avec MM. Abouziaff et Raskolnikof. En espérant que d’autres qu’eux arriveront à suivre :

 

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« Penser global et agir local », on a beau dire, c’est tout sauf évident. On peut carrément affirmer que c’est antinomique. On en trouve tous les jours des preuves chez les altermondialistes, pour qui l’activisme régional n’est jamais qu’une étape obligée sur le chemin de la grande partouze planétaire. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est un truc qui leur a toujours échappé. Le Melting Pot mondial ou nada. Il leur importe moins d’être Citoyen du Monde que d’être originaires de nulle part.

 

 

Pour nous autres Affreux, c’est légèrement différent, mais ça revient la plupart du temps au même : si eux se battent pour Un monde meilleur, partout avec les mêmes outils et le même discours, notre combat s’oriente plutôt contre Le Meilleur des Mondes, ici et maintenant, en se contrefoutant de ce que notre Prochain et notre Lointain peuvent bien en penser. En-Face se focalise sur les causes générales, méprisant les conséquences locales ; inversion complète du cliché de notre côté des barricades : Maîtres chez nous, advienne que pourra partout ailleurs.

 

 

 

Ce qui différencie essentiellement des causes et des effets directement liés entre eux, c’est l'expérience directe qu’un individu peut en avoir. En clair, si un salopard me casse quelques côtes quand je suis par terre, ma première priorité ne sera pas de savoir pourquoi il l’a fait ou s’il a d’autres victimes à son actif. Il s’agira en premier lieu de laisser le calcium se ressouder, puis éventuellement de déchirer la gueule de l’indélicat. Qu’il soit une authentique ordure ou un simple exécutant sera considéré comme annexe.

 

 

Appliqué aux grands mouvements de l’Histoire, un tel comportement peut être considéré comme apolitique et plutôt bourrin. Il y a simplement un blocage normal, humain, instinctif, entre le constat global et l’action locale. Je vis à une époque précise sur un coin particulier des terres émergées et ce qui se passe ailleurs ne me touche qu’indirectement, quand bien même on me démontrerait la limpidité de la mécanique à l’échelle planétaire. Je dois d’abord sauver ma peau et protéger celle des miens avec ce qui me tombe sous la main. Plus d’armes, plus de moyens, plus de troupes et une meilleure logistique seraient bienvenus, mais pas de bol, j’ai rien de tel à disposition.

 

 

Cette nécessaire adaptation à la situation explique bien des discours biaisés, bien des activismes bâclés et bien des alliances contre-nature. Sur dix obsédés du Coran, combien ne dissèquent leur trois sourates par jour que parce qu’ils croient avoir trouvé un « angle d’attaque » propice à toucher le plus grand public de blanchouilles possible ? Quelle proportion de patriotes croit sincèrement que la racaille et la liberté d’expression de quelques aboyeurs à casquette sont les menaces prioritaires de l’Europe ?

 

 

Une fois que la rage est retombée, d’autres évidences se mettent en place. Le clash n’est pas entre les civilisations ni entre certaines tribus urbaines à rangeos ou capuche. Une substitution démographique est bel et bien en train de se mettre en place, mais « Eux » et « Nous » faisons face exactement aux mêmes emmerdes un peu partout sur le globe.

 

 

Le binôme Coca et R’n’B partout, ce n’est jouissif pour personne, nulle part. Les Africaines s’infligent des décolorations du visage, les Asiatiques se font débrider les yeux, les populations arabes les plus pauvres crevotent en t-shirt de basketteur US, et les terres les plus riches en ressources de la planète voient leur jeunesse risquer leur vie pour rejoindre un Eldorado occidental fantasmé jusqu’au grotesque. La supermarchandisation du monde se met en place partout en même temps avec des conséquences diverses mais unilatéralement catastrophiques. Mais elle touche chacun d’entre nous de manière différente et, sauf à se plier à une doctrine tout aussi universaliste, il nous est impossible de réagir « spontanément » de manière collective et ordonnée. Les bolchos s’y sont risqués, ils doivent à présent se recycler dans le chantage écolocrate pour maintenir leurs structures militantes sous perfusion.

 

 

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Prenons un exemple frappant et que les sociologues de cour ne sont pas près d’analyser avec calme : l’omniprésence des références afro-américaines dans la non-culture musicale imposée à la jeunesse depuis dix ou quinze ans. D’un point de vue leucoderme décomplexé, s’infliger une heure de MTV débouche sur un bombardement de négritude hystérique sur fond de beatbox à paillettes. A toute heure, le modèle de virilité prôné se calque sur le bodybuildé du Bronx, couvre-chef à la dérive et décorations de Noël permanentes. A première vue le message peut sembler clair : Black ou Lopette, choisis ton camp, Face-de-Craie ! Avec la Tektonik , on peut même cocher la case la plus humiliante sans être homo…

 

 

Sauf que ça ne se limite pas à ça. A côté de ces Héros du Ghetto, on trouve aussi une flopée de salopes revendiquées, elles aussi porteuses d’un message esthétique extrêmement fort. Et c’est là que la négritude qu’on croyait unilatérale se prend un méchant coup dans l’aile. Une Mariah Carrey il y a une grosse décennie, une Beyoncé un peu plus récemment, une Rihanna actuellement, toute cette volaille caquetante a somme toute peu de choses en commun avec Venus Williams ou Whoopi Goldberg. Pas besoin de vous faire un dessin. L’afrocentriste enraciné y trouve-t-il vraiment son compte ? On ne le saura sans doute jamais mais on est en droit d’en douter, surtout pour ceux qui s’efforcent de dépasser le discours victimaire.

 

 

Et puis, plus largement, résumer la culture de tout un continent à une paire de baggys et une bagnole de maquereau, c’est tout aussi ignoble qu’un condensé de l’Europe à base de Gay Pride, de téléréalité et de carte Visa. Mais bon, semblerait que pas mal de Black Nationalists ne soient pas gênés par ça. Eux aussi doivent faire avec la situation donnée et le matériel humain disponible, je suppose. La Nation of Islam semble jouir d’un grand respect chez les zartistes qui font du rythme avec la bouche. On choisit pas ses admirateurs.

 

 

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La nuance fondamentale, pour les Zoccidentaux que ça gêne un peu de disparaître, c’est qu’ils vivent dans l’Oeil du cyclone, à l’épicentre du séisme qui a provoqué l’actuel tsunami culturel. Ce n’est pas qu’ils se contrefoutent du respect des autres civilisations que la leur ; c’est simplement que leurs culs se sont retrouvés en première ligne sans avoir rien demandé à personne. Ils servent de bétail à la fois aux usuriers, aux maîtres-chanteurs post-colonialistes, aux auxiliaires du remplacement de population, aux marchands d’Iphone et aux charognards du Lumpen. Ça fait quand même beaucoup d’ennemis à la fois, et pratiquement aucun allié digne de confiance. Nos semblables eux-mêmes valsent entre le coma culturel délibéré et la peur pavlovienne d’être perçu comme « fachos » - quant aux fachos plus ou moins assumés, ils ont la chair aussi faibles que les autres et il n’est pas rare d’en croiser qui maudissent le kebab tout en se goinfrant de riz cantonais…

 

 

Une vision réellement « politique » et cohérente des obstacles à vaincre supposerait donc qu’on s’affranchisse de toute cette subjectivité épidermique, dans tous les sens du terme. C’est un point qui se défend tout particulièrement si on garde ce qui précède à l’esprit : la majorité de nos contemporains se branle de survivre en tant que peuple, s’accommode volontiers d’un Etat toujours plus invasif, se fait mettre à chaque votation sans jamais être dégoûtée des urnes, et accepte le naufrage avec la décontraction béate du toxico en plein flash. Plutôt que de chercher à sauver qui que ce soit, nous ferions donc mieux de bosser à ne pas couler avec la masse, quitte à nager en étrange compagnie.

 

 

S’unir avec des patriotes de n’importe où pour contrer la Machine à déraciner les peuples ? Rien contre, au contraire ! Encore faudrait-il qu’on croise ici et maintenant, sur nos terres, des patriotes d’ailleurs qui ne nous crachent pas à la gueule, qui ne reluquent pas nos filles comme des suceuses bénévoles et qui aient le minimum syndical de considération pour nos ancêtres. Voilà quelques conditions absolument non-négociables que les théoriciens ont toutes les peines à intégrer dans leurs shémas. Or il se trouve que le trip à la Kami Seba – du moins la partie qui ne se résume pas à un pauvre sketch de Dieudonné…  – n’a pas trouvé beaucoup d’échos chez les Afrocentristes. La tendance serait plutôt à un cocktail du genre « Fier de mes racines et hostile aux tiennes ».

 

 

C’est pas que ça nous pose problème : l’hostilité réciproque, c’est une question d’hormones, ça vient sans réfléchir, il faut au contraire se fendre l’entendement pour lutter contre et c’est ce qui séduit justement bon nombre de déséquilibrés chez l’élite intellectuelle européenne. Si les nôtres nous gerbent, on se consolera facilement que les autres ne nous aiment pas beaucoup plus.

 

 

Ce qui nous chiffonne la moindre, c’est le discours qui voudrait qu’on tende la main (j’ai dit la main, bordel) à des gens qui ont toujours la leur sur la crosse du flingue, ou sur un cahier de doléances parfumé au champ de coton.

 

 

Ce qui nous fout les glandes format pétanque, c’est de vivre sur nos terres en futurs expropriés, en étant supposés ressentir de la solidarité pour ceux qui s’y invitent avec l’insulte ou la revendication toujours pendue à la bouche.

 

 

Et voilà comment revient à la charge l’antique « My People, Right or Wrong » des familles, mais sous une version plutôt inattendue. On n’est plus dans la fidélité librement choisie et assumée : ce n’est plus qu’une question basique d’appartenance, qui persiste à transcender les choix philosophiques et les engagements moraux. Nous partageons le sort de ces fils de parents indignes, qui ne peuvent effacer leur ascendance malgré les reniements, les mauvais traitements, les abandons et les coups de pute.

 

 

Que mon peuple soit un ramassis de larves attentistes et décérébrées, soit, plus question de le nier ou de le minimiser. Que l’activisme natio soit un jeu de con, puisque l’organisme visé rejette lui-même ses propres anticorps, soit également. Perd-on pour autant son Histoire, son passé, ses racines ? Non. Notre identité perdure. Elle se définit par rapport à la collectivité. Tout le drame et l’ironie de la situation, c’est que ce collectif a accepté son éviction. 

 

 

Nous voilà donc, plus que jamais, des nomades enracinés, des apatrides à mémoire longue, coincés au milieu de casaniers amnésiques. Nous ne pouvons plus ignorer que cet Autre, qui nous dispute notre territoire, est ravagé par la même pandémie, tordu par des souffrances similaires – ça n’y change que dalle. Les options sont réduites à quelques rares alternatives inacceptables : la fuite pour éviter la confrontation, l’affrontement au profit des gestionnaires du désastre, l’universalisme des favelas pour contrer l’universalisme des beaux quartiers.

Commentaires

Soral a déclaré dans une interviouve qu'il préférait avoir pour voisin un français "debranche" partageant ses valeurs et son amour de la France plutôt qu'un "de souche" métrosexuel adhérant au MRAP etlecteur de Libé.

Eh bien pas moi ! Je préfère m'expliquer avec le "desouche" en cas de problème de voisinage plutôt que de croiser dans l'escalier le "debranche", même si le voile islamique de sa femme est bleu-blanc-rouge.

Je n'y peux rien, ce sentiment gravite au niveau de mon cerveau reptilien...

Écrit par : Eric Lerouge | 10/02/2008

Dans l'absolu tous les tiers mondistes que j'ai rencontré en ont strictement rien à foutre de leur dissolution dans la fange mondialiste actuelle et pour cause c'est leur façon de vivre, bien sûr le fier Touareg ou le Masaï n'y adhèrent pas mais ce ne sont pas la masse principale du Niger, Mali ou Kenya.
De même que le fier guerrier afghan de montagnes n'est pas représentatif du monde musulman, n'en déplaise à certains mythos.
Qu'au milieu de ces nations subsistent des être fiers et conscients du désastre:sans aucun doute!
Qu'ils aient le moindre pouvoir d'influence sur leurs congénères dégénérés:mon cul!
Ils sont eux aussi comme nous dans la nasse, sauf que c'est les leurs qui se multiplient comme des lapins, en l'occurrence leur lie à eux au milieu de laquelle ils pourront opérer leur sélection.
La masse générale de leurs frères peut très bien vivre comme des blattes à Belleville, New-York, Marackech, Istanbul, ou Islam-Abad, ils n'aiment rien tant que les gadgets inutiles, les portables derniers cris alors qu'ils vivent dans des baraques sans carrelages, bref leur gestion de la priorité est des milliers d'années lumières des notres.
Mais comme je l'avais déjà dit pour l'instant la boutique tourne à peu près parce que c'est à dominance occidentale ou asiatique, ça me ferait bien marrer de voir la gueule du merdier quand ça va être African-Style.

Écrit par : sanpiero | 12/02/2008

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