14/02/2008
" L'ABÎME SE REPEUPLE "
L'Occident qui s'étouffe dans ses propres déjections, pas de choc des civilisations mais leur effondrement unilatéral, aucun potentiel révolutionnaire à chercher dans le Lumpen si rageusement fellationné par les gauchistes, relations incestueuses entre discours sécuritaire et comportement racailleux, horreur sans nom de vivoter dans un monde où tout est falsifié, voici quelques-unes des thèses développées dans ce texte carré et couillu. J'en avais posté un court extrait il y a un jour ou deux, en voici l'intégrale.
Réflexion compacte, pamphlétaire et post-situ (pour autant que ça veuille dire quelque chose et que Semprun accepte cette pauvre étiquette) sur l'état de décomposition du monde observé il y a dix ans. Quasiment rien à rajouter ou retrancher. Stylistiquement, s'il y a de belles fulgurances et des formules qui frappent, c'est souvent difficile à suivre, il faut bien l'admettre. L'auteur tend à privilégier les phrases interminables, farcies de subordonnées et de précisions qui auraient fait d'excellentes notes de bas de page. Il y a aussi ces nombreuses citations sans référence, qui n'apparaîtront comme évidemment classiques qu'aux spécialistes les plus pointus. Ca reste malgré tout une lecture très profitable, qui remettra à l'heure la pendule du lecteur persévérant.
Il n'est pas lu chez les crasseux parce qu'il n'y est pas question de classe, et on l'ignore chez les mythos parce qu'on n'y ramène pas tout à l'ADN et à la matraque. Ceci dit, son auteur serait sans doute un peu interloqué de voir son bouquin recommandé en ces lieux infréquentables. En le proposant à mon microscopique lectorat, j'espère contribuer à la diffusion de ses idées sans trop nuire à ses intérêts.
<< L’abîme se repeuple donc : dans une lointain brouillé de reportages télévisés, des pays entiers y sont précipités par la modernisation qu’exige la fuite en avant économique ; et ici même ce sont des foules stupéfaites qu’on pousse avec de moins en moins de ménagements rejoindre tous ceux qui y croupissent déjà. En Europe occidentale, le choc en retour de la décomposition imposée à la planète, du saccage planifié de toute indépendance matérielle et spirituelle à l’égard des rapports marchands, commence seulement à faire pleinement sentir ses effets. Mais le flot de réfugiés qui viennent battre les frontières de ce très relatif abri européen apportent la nouvelle : le déclenchement d’une espèce de guerre civile mondiale, sans fronts précis ni camps définis, et qui se rapproche inexorablement, à l’Est, au Sud. De bonnes âmes pétitionnaires s’inquiètent de voir la France déroger à ses traditions historiques, se fermer aux étrangers, etc. Leurs protestations peuvent être d’autant plus vertueuses qu’elles ne tiennent aucun compte du monde réel et qu’elles ne se soucient pas un instant de ce que pourrait être une transcription dans la pratique des principes qu’elles invoquent (puisque au demeurant ce n’est pas l’abolition de l’Etat qu’elles réclament.) De toute façon le problème de savoir s’il faut ou non défendre l’Europe, ou la France , comme une forteresse assiégée, va être réglé autrement, ainsi qu’il est habituel pour ce genre de faux problèmes : cette forteresse étant déjà prise de l’intérieur, disloquée par le même cours accéléré des choses sur lesquels personne ne peut rien mais que tout le monde pressent désastreux. >>
17:45 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Bon texte!
Comme vous je pense qu'il aurait gagné à plus de clarté, mais bon il y a vraiment plus de bien à en dire que de mal.
Écrit par : s | 15/02/2008
Il y a une chose qui me dérange un petit peu chez vous Stag, c'est la négation du corps. Vous êtes tout à fait pertinent sur le déclin de notre Empire, du fait qu'il n'a pas besoin de l'Autre pour se détruire, etc. Mais bien souvent la critique exclusivement sociale "télé opium du peuple, libéralisme dévastateur" me fait penser à celle d'un Soral par exemple, et je la trouve lacunaire.
Parce que quelle que soit la déchéance, la décadence culturelle et économique d'un peuple, d'une civilisation, elle sont rattrapables. Il y a des trous noirs dans l'Histoire. Mais on ne peut renaître de ses cendres que si l'on a encore un corps.
Vous réduisez souvent les identitaires, pour parler vite, à des abrutis que ne voient tout qu'en termes biologiques et qui passent à côté d'une bonne lecture des choses qui serait plus proche du marxisme en fait. Mais je pense qu'il ne faut pas négliger le fait qu'à chaque nouvelle génération surgit un espoir, à condition que celle-ci soit encore un minimum homogène.
La critique de la modernité que nous vivons est évidemment primordiale, mais je ne vois franchement pas l'intérêt de faire la disjonction avec la survie charnelle toute basique.
En d'autres termes, une Europe voire un occident dans quelques décennies qui serait guéri des maux dont vous parlez vous satisferait-il s'il était africain ? arabe ? musulman ? Je me pose simplement cette question.
Les "racialistes trouillards" peuvent avoir conscience de la propension audestructrice occidentale, mais je ne vois pas le mal qu'il y a à s'attacher aussi à la lame de fond de tout ceci, au visage des nations. Vous dites que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, tous victime du Progrès moderne. Mais alors la cible ce sont les universalistes néoconservateurs, pas les identitaires qui sont au contraire pour le respect des frontières, de cet équilibre mondiale mis à mal par le libéralisme avec les conséquences que l'on connait.
Un faf ne pourra pas se solidariser d'une racaille en se disant qu'ils sont tout deux victimes du modèle cosmopolite frénétique. Vous le déplorer mais c'est tout à fait normal. Parce qu'un ennemi commun n'a jamais créé une solidarité solide. La racaille s'en accommode lui, de cette ouverture généralisée. Il n'est pas la victime, pas la même en tout cas, que le Blanc qui voit son pays partir en lambeaux.
Il est trop simple de faire du de souche et de l'immigré des alliés qui s'ignorent sous prétexte qu'ils sont tout deux touchés par le MacDo et MTV. Parce qu'au-delà des conditions qui permettent ou non l'immigration, leurs intérêts sont antagonistes. Et cela remonte bien avant la société de marché. Voilà c'est ça en fait.
Oui l'américanisation tout ça... mais ne pas voir que le sommet de l'iceberg. Il y a des choses plus profondes là-dedans, de l'atavisme. Le conflit Israël Palestine n'est pas importé dans nos banlieues par hasard. Et lorsque le Noir insulte le Français de "sale Blanc" ça ne vient pas que de Fifty Cent ou Puff Daddy, ça remonte avec plus ou moins de conscience à l'esclavage, la colonisation, à l'Histoire, aux luttes intrinsèques entre les Hommes différents les uns des autres dans leur culture, leur architecture, leur langue.
Oui l'islamisation ne se fait pas à la machette, oui l'Amérique la favorise avec son consumérisme qui ne voit que des clients potentiels, oui les moyens et les outils changent, entre TF1, le sabre, la batte de baseball où le morceau de rap, mais elle se fait quand-même. Le rapport de forces est plus complexe, parce que l'époque l'est, parce que les résidus idéologiques et technologiques parasitent les analysent, mais il ne faut pas perdre le fond.
Ne pas devenir le symétrique de ceux qui ne voient qu'une lutte épique des peuples de couleurs différentes, genre les Elfes contre les Orcs, en négligeant nous mêmes ces instincts qui dépassent, en vigueur et en âge, les décadences propres à chaque peuple.
Écrit par : xyr | 17/02/2008
Belle tartine. Faisons simple pour y répondre :
- je ne pense pas que les ID soient des "abrutis", c'est leur discours sur l'islam et la racaille qui me gonfle.
- s'il fait beau et qu'un marxiste me dit qu'il fait beau, je prèfère l'écouter plutôt qu'un racialiste qui me soutient qu'il pleut. Il y a les sympathies personnelles d'une part et la prise en compte des réalités sociologiques d'autre part.
- une Europe africaine, beurque, mais une Europe flicarde beurque itou. A ce jour, j'ai pas eu l'impression qu'on offrait une alternative au tam-tam ou à la matraque. S'agit pas de pactiser avec l'ennemi de mon ennemi, mais de rester aussi lucide que possible sur ce qui le menace autant que moi, histoire de ne pas se tirer dans les pattes plus que de raison. C'est que les munitions sont rares.
- si vous me posez sincèrement une telle question, c'est que je m'exprime encore moins clairement que Joe Starr ou que vous m'avez lu de traviole. J'opte pour la première option, moins par politesse que par pragmatisme ; quand on est en rogne contre l'univers, la moindre des choses est d'accepter par avance de n'être compris que des fous et des pierres.
Avec mes saluts et mes compliments réitérés pour vos productions.
Écrit par : Stag en vadrouille | 18/02/2008
Croyez-bien que j'ai formulé ma tartine en oubliant que je vous comprenais, histoire de mieux appuyer l'idée maîtresse. Vous ne vous exprimez pas mal, et je ne vous ai pas lu de travers, mais il fallait un peu caricaturez les points de vue de chaque côté pour que ce soit clair, je pense. Bref...
Je reconnais votre punkitude légendaire, avec une affection non dissimulée, mais ne croyez-vous pas que la matraque puisse, sur des sujets bien précis, être nécessaire ?
Je me rappelle vous avoir lu lorsque vous disiez quelque chose comme "Monsieur Moyen s'en fout de l'invasion, de la colonisation, de la substitution, tant que cette chute se passe confortablement, avec préservation de son abonnement à TPS et possibilité d'acheter un écran plat à la prochaine paye". Ce n'est pas faux. Mais ne croyez-vous pas qu'il existe des gens qui tiennent à ne pas trembler lorsque leurs gosses sortent dans la rue, qui tiennent à une sécurité individuelle, tout en se souciant de la tragédie générale ?
Écrit par : xyr | 18/02/2008
Merci pour les compliments au fait, je vous les retourne.
Écrit par : xyr | 18/02/2008
Précisons, précisons, tels de pompeux cornichons.
Monsieur Moyen pense à mettre ses miches à l'abri, et bien gonflé qui trouvera à redire parmi ceux que sa courte vue hérisse. Moi qui gueule tant et plus, je n'ai encore posé de bombe nulle part, après tout. On peut néanmoins déplorer que les dissidents et allumés de tous bords n'aient justement que matraque ou tam-tam à la bouche quand ils réfléchissent à notre stagnation générale. Je n'aime ni le bordel ni l'ambiance de caserne, voilà tout.
Quant aux leucos conscients mais pragmatiques, il n'y a rien à leur dire, ni à leur reprocher somme toute. On joue pas au kamikaze avec une famille à nourrir et protéger des chacals ordinaires. C'est peut-être ça, tout le drame de la situation : trop de merde pour vivre normalement, pas assez pour tout lâcher et faire un massacre, trop à perdre mais trop peu à gagner, le point mort de la civilisation.
Dur à avaler, comme couleuvre, que cette perspective d'une vie entière à ramer pour absolument que dalle, pas même l'honneur ou un geste dont la beauté n'est goûtée par personne. Se promettre de ne pas trop s'attarder et de laisser des méchantes marques avant de se retirer pour toute consolation relative. Et malgré tout le corps dont on parlait plus haut, qui charogne, qui s'acharne, qui ne veut pas penser que laisser tomber soit seulement possible. Les écorchures publiées ici depuis quelques mois en sont un discret exemple.
Tout ça pour dire quoi déjà ? Qu'aucun régime ne peut se passer d'une force de maintien de l'ordre même minimale, mais qu'un programme qui met le knout en avant est inacceptable. Ca reviendra juste à la même catastrophe qu'actuellement, moins le choix de s'embrumer les sens pour nous "divertir".
Écrit par : Stag à la maison et c'est pas dommage | 18/02/2008
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