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27/02/2008

VITE ET BIEN

Chacun ses raisons minuscules pour dégueuler le monde moderne. En voilà une qui pourrait bien en transcender quelques-unes, entre individus qui ne se croiseront jamais : le refus horrifié d’une existence longue et chiante.

 

 

On est ce qu’on mange et on mène la vie qu’on choisit, il paraît. Ça reste à voir. C’est même tout vu. La seule marge de manœuvre véritable de l’individu, c’est de choisir entre se foutre en l’air d’un seul coup ou à petit feu. Les bonnes mœurs et les impératifs de la Croassance privilégient la seconde option. Ça tombe bien, parce que c’est aussi ce que la lâcheté ordinaire permet d’accomplir sans trop d’effort. Suffit de se laisser aller, de se fondre dans le cortège des porcs, de suivre paisiblement le mouvement. C’est pas les tisanes et les gélules qui manquent pour donner un coup de pouce à un « paisiblement » pas évident au début. Le secteur pharmaceutique, poumon de l’économie du pays. Croyez au hasard.

 

 

Le but ultime de ceux d’entre vous qui se cassent le plus le cul au boulot ou aux études, c’est l’espoir d’échapper à l’écrasement langoureux que subit la majorité.

 

 

Grignoter un peu de pouvoir et d’indépendance franchisée. Deux pièces en plus dans l’appart. Une plus grosse bagnole. Plus de temps libre pour s’avachir ou se sculpter d’éphémères abdos. Moins de culs à lécher et plus de langues collées au vôtre. De brefs espaces de silence et d’isolement purs, loin de la ruche hystérique où grouillent nos prétendus semblables. Un plus gros casse-dalle et de meilleures godasses pour allonger sa distance dans le même putain de marathon des aveugles.

 

 

Clin d’œil au fantôme de l’ami Raton : l’ordre ancien se basait sur trois castes qui assuraient la sécurité collective (Guerre), le ravitaillement (Agriculture) et le bricolage d’un sens de la vie aussi rigide et élaboré que possible (Spiritualité). La modernité a bousillé cet ordre ancien. Le guerrier est devenu Sécu. Le paysan est devenu industriel. L’intello-pourrisseur a évincé le prêtre. Et toute prétention à l’utilité collective a été réduite à sa seule dimension économique. Le dernier âge de l’Occident est le fruit des amours immondes entre hospice et shop de station-service.

 

 

Sois rentable pour être « utile ». Ou fais-toi mettre.

 

 

Car il y a bien des manières de se faire mettre au service du Bien Collectif défini par nos éleveurs démocratiquement élus. Ça commence par accepter l’idée fondamentale qu’on ne s’y consacre qu’en-dehors des heures de bureau. C’est le principe même du Bénévolat : tu « veux bien » consacrer du temps de survie disponible à ceux qui survivent moins bien que toi. Ou les populations-cibles que les experts désignent comme tels, plutôt.

 

 

 

Creuser des puits dans les dunes. Construire des écoles et des dispensaires dans la brousse. Donner des cours de français aux Inintégrables. Organiser des Festivals de l’Ouverture et de la Tolérance. Enseigner la Repentances aux pâles et le Ressentiment aux foncés. Ficher et dénoncer les Mauvais Citoyens – à noter que, dans ces derniers domaines, il y a quand même de belles occasions de carrière.

 

 

Nous ne voulons rien de tout cela. Nous voulons une vie courte et utile.

Commentaires

Nous ne voulons ni le confort, ni la sécurité. Nous laissons ces chimères à ceux qui ont renoncé à vivre. Nous, nous voulons un destin !

Écrit par : Eric Lerouge | 27/02/2008

La fin est étrange. "utile" ? Mais n'est-ce pas l'obligation à l'utilitarisme que vous dénoncer entre autre ? Et autre question en parallèle. Ne pensez-vous pas que l'Homme a toujours recherché la stabilité et la sécurité molle, même avant l'ère moderne ? Je vois ce que vous voulez dire, mais pensez-vous qu'un paysan du Moyen-Âge aimait sa vie courte, n'était-elle pas aussi monotone et encore pire car dénuée de soulagement ? E une dernière : ne pensez-vous pas que cette industrialisation généralisée, cette mise sous cellophane du caractère sauvage et passionnel de la Vie, est simplement due au nombre ? L'espace ne grandit pas, les populations si. Il faut gérer ce qui était auparavant des peuplades de guerriers, transformées au fil du temps en fourmilière dense ou en baril de poudre où tout peut péter à chaque instant ? Je veux dire, ce que vous pointer du clavier ici n'est-il pas une fatalité de l'évolution de notre espèce ?

Écrit par : xyr | 27/02/2008

Test : Pourquoi je peux plus poster de comms sur mon propre bleaugue, bordel à cul ?

Bon puisque ça marche reprenons avec calme et méthode.

- Ca finit un peu en queue de poisson parce que je ne voyais pas quoi rajouter de plus. Une "humeur" crachée telle quelle et qui n'apporte rien aux choses déjà dites ailleurs, notamment ici http://lesenfantsdelazonegrise.hautetfort.com/archive/2007/12/11/cauchemars-du-marcheur-solitaire.html

- Vous avez compris qu'il était question d'utilité au sens d'engagement noble, ou de "destin" comme le rappelle Eric Lerouge, paraphrasant je ne sais plus qui. Une utilité en opposition absolue avec la rentabilité comme avec la Citoyennitude.

- Toute la trajectoire humaine, alternance entre la souffrance du besoin et l'ennui de la satisfaction ? Schopenhauer l'avait conjecturé. Peut-être que, quand nous aurons vraiment tout perdu, nous regretterons les facilités disparues. En attendant, nous étouffons sous une pyramide de gadgets, légitimée par des idées fausses et criminelles. C'est notre moment du balancier, qui avachit la viande, qui pourrit l'âme et qui fait rêver d'une existence épurée, où rien ne va plus vite qu'un trot de cheval. Moins allergiques aux bondieuseries, on pourrait peut-être se faire mormons...

- Oui, nous sommes beaucoup trop nombreux sur un continent effroyablement exigu. Plus qu' , c'est une bonne épidémie qu'il nous faudrait, une catastrophe humanitaire façon Peste Noire, un revival de 1347. Mais allez discuter franchement de ce genre de choses avec qui que ce soit sans passer pour un guignol, un ado attardé ou un doux-dingue à surveiller du coin de l'oeil.

Écrit par : Stag | 27/02/2008

M’est avis qu’à notre époque d’hommes sans destin, la seule chose “utile” à faire, c’est des enfants blancs. De suite, ça m’exclut du projet. Une hurleuse de variétoche qui chie trois moutards est plus utilise qu’un ivrogne qui pond tous les ans différents concepts raciaux (germen, Septentrion, néo-païen, etc.). Evidemment, tout ça dans la perspective d’un hypothétique renouveau européen auquel aucun de nous n’assistera.

Sinon, à l’image des Norvégiens qui ont littéralement creusé au Svalbard une banque mondiale des semences pour la biodiversité, il faudrait bâtir une banque mondiale des semences de l’homme blanc. A défaut de faire des enfants, il acceptera bien de se branler, hein. Et puis p’têt que dans mille ans, un métèque d’une nouvelle religion révélée aura la bonne idée de recréer l’homme blanc.

Écrit par : MeuCeu | 29/02/2008

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