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04/09/2008

ALESIA VALEWNKOV TOI-MÊME

Chère Alesia Valewnkov,

 

Merci beaucoup pour vos deux mails ; un seul aurait suffi et j'ose espérer votre pardon pour mon unique réponse.

 

Vous me dites que votre « époux est décédé dans le désastre de Tsunami en Thaïlande.(sic) » Le pauvre homme vous a néanmoins laissé quelques 4.500.000 dollars américains, ce qui devrait vous assurer une provision de gigolos (gigoli ?) bien au-delà de votre ménopause. Mais votre belle-famille, m’assurez-vous, vous fait « quelques difficultés », si avide qu’elle est de « mettre la main sur certains biens. »

 

En femme prudente que vous êtes, vous avez soustrait ce joli tas de pognon à la rapacité de vos beaux-frères-sœurs-parents et planqué le tout « dans une mallette métallique (...) au sein d’une compagnie de Sécurité des biens » de votre beau pays, dont le gouvernement fait bien des misères à la chouette démocratie géorgienne si j’en crois mes journalopes préférées. Redoublant de prudence face à vos trouducs par alliance, vous avez carrément « insisté auprès de la compagnie de sécurité pour que [votre] mallette soit gardée avec un maximum. (sic) »

 

L’engin se trouve actuellement sous bonne garde chez « une compagnie de garderie (sic) de bien en Angleterre » et, bien entendu, vous comptez sur mon aide pour la récupérer. Je sèche discrètement une larme en pensant à vos malheurs, vous dont la belle-famille « ont (sic) à plusieurs reprises tenté deporté (sic) atteinte à [votre] vie pensant qu’à [votre] mort tous les documents légaux des bien (sic) que possédaient (sic) [votre] mari leur reviendraient de plein droit (sic ad nauseam). » Il y aurait un pourcentage pour moi en récompense de mon dévouement, ce qui paraît tout de même la moindre des choses.

 

La délicatesse élémentaire voudrait que je vous communique tout d’abord mes sincères condoléances. Or je suis un rustre - pas un homme sans manières ni éducation, mais volontiers grossier et brutal, selon la définition de Robert Petit, édition 2007 (un cadeau de mon papa, il faudra que je vous parle de lui dans une prochaine lettre.) Vous comprendrez donc que je me permette de ricaner bêtement à l’annonce de votre veuvage. Est-ce ma faute à moi si feu votre mari était un queutard, écumant les bouges de Pattaya pour se fournir en mia noi

 

Vous n’aviez qu’à lui faire les cochonneries qu’il demandait et à y convier la petite du troisième chez qui il allait systématiquement demander des sparadraps ou du sucre en poudre. Qui sait les miracles qu’un peu de piment polygame aurait pu produire sur votre libido, avec toutes les conséquences heureuses sur votre mariage et donc les projets de voyage insensés de votre vieux salingue ? Mais je m’égare, comme d’habitude.

 

N’allez pas croire que je choisisse de vous laisser dans votre dèche par pure méchanceté de gros fafanar frustré. Simplement, je ne peux pas être présent sur tous les fronts de la lutte contre l’injustice et l'exploitation. Je suis déjà en affaire avec Désiré-Trésor N’gol-Diop, dont vous avez sans doute entendu parler.  Il s’agit de l’unique survivant de la famille régnante du Bonzanzo Ex-République Populaire du Koukounia Oriental, massacrée en février dernier par les rebelles séparatistes du Front de Libération Démocratique Progressiste de l’Avenir Développé (FLDPAD).  Lui aussi – Ô ironie amère ! – se trouve dans la situation fort déplaisante d’un milliardaire SDF, obligé de sucer des pines à la chaîne pour se payer une heure de connexion dans un cybercafé de la brousse et rentrer en contact avec de généreux Occidentaux comme ma pomme.

 

 

Notez que lui, plus commerçant (l’école de la misère causée par des millénaires d’esclavage leucoderme, que voulez-vous), m’avait demandé une grosse avance pour récupérer son fric, contre promesse d’une récompense à la hauteur de ma générosité humanitaire. A choisir, votre offre eût été plus raisonnable, puisque vous ne me demandez qu’une réponse gratosse avant d’entamer les négociations proprement dites. Mais voilà, je n’ai qu’une parole et je suis déjà en affaires avec machin, là.

 

Je me vois donc contraint de vous refuser le secours que vous espériez, tant il est vrai que ma bonté est connue jusqu’aux confins du monde slave. N’étant toutefois pas un salopard intégral, je vous transmets ma bénédiction, ainsi que quelques conseils. La Vieille Europe ne manque pas de célibataires laids, incultes, cons mais aisément manipulables, et qui ont de la peine à se contenter d’un coup rapide tous les troisièmes vendredis du mois avec des prostituées tropicales (on peut être sexuellement misérable et ne pas perdre toute dignité, vous le comprendrez). Aussi vous enjoins-je à (de ? je ne sais jamais) faire bénéficier vos filles de votre temps de connexion pour vendre leurs charmes rousskis par le même moyen qui nous a permis d’initier une correspondance qui s’annonce, j’en suis sûr, longue et riche.

 

En vous souhaitant plein de courage face aux épreuves que Dieu a choisi de mettre en travers de votre route.

Commentaires

Excellent ! J'ai bien ris !

Écrit par : Naufana | 05/09/2008

Argh ! Ri pas ris.

Écrit par : Nauf | 05/09/2008

Ouarf ! C'est excellent !

Écrit par : fromageplus | 05/09/2008

"Argh ! Ri pas ris."

Gripari n'a rien à voir là-dedans.

Écrit par : un fan | 06/09/2008

très bon
on reviendra

Écrit par : ramon mercader | 11/03/2009

Les commentaires sont fermés.