04/12/2008
LE MIRACLE DE LA HAINE
Il y a les ceusses qui font des chiards parce que "ça se fait", impératifs biologiques et intégration sociale s'associant pour le meilleur et le pire.
Il y a les ceusses qui en font par amûr, ce truc qui dure environ deux ans jusqu'à la garde inégalement alternée.
Et puis il y a les ceusses, plus minoritaires mais largement moins récupérables, qui pondront des mouflets par haine pure.
Un puissant argument contre la reproduction, paradoxalement, est l'altruisme, dans sa version "souci de ne pas infliger à autrui ce qui nous a fortement déplu". Un élan aussi noble qu'infantile, l'un n'allant évidemment pas sans l'autre. ll faut une tripe romantique pour donner un sens esthétique à la vie, et les romantiques ne vivent pas vieux, soit parce qu'ils se flinguent, soit parce qu'ils finissent par mûrir et transiger beaucoup plus ouvertement, sereinement. C'est justement ça qui permet d'envisager la mise en route d'une famille sous un angle qu'on pensait inimaginable.
L'ultime acte militant. Le summum du terrorisme à long terme. La rencontre de l'amour et de la haine sur leur seul terrain d'entente possible.
Il faut bien admettre, un jour, un horrible jour, que l'action directe et la dissertation savante sur les racines ethnophilosophiques de l'Europe débouchent sur le même collecteur d'égouts. Vaine agitation. Nous ne changerons pas le cours de l'histoire, personne ne l'a jamais changé, il n'a jamais existé que dans l'esprit malsain des chroniqueurs. Coups de batte ou traits de plume, c'est pareil. Du Bruit Blanc en guise d'épitaphe commune, et rien d'autre.
Que faire alors de cette fureur de vivre qui ne nous est plus utile, puisque vivre dans notre Grand Hospice Occidental mène à tant de laideur et d'empilements de trahisons minuscules ?
Passer l'immonde témoin. Exactement ce qu'on se jurait, à mi-parcours, de ne jamais faire, par dignité, par esprit de revanche et de contradiction.
Transmettre la sainte flamme de la Colère à la génération suivante, en payant de sa personne, dans la discrétion totale et pour au moins un quart de siècle à plein temps.
Revenir aux basiques, stupidement, animalement, et plus conformiste tu claques.
Faire de notre haine folle un héritage.
Fabriquer les mines antipersonnel de demain avec notre propre chair. Avec le risque considérable qu'elles nous pètent à la gueule ou qu'elles fassent long feu, sans qu'on sache trop laquelle de ces options justifie le plus efficacement la vasectomie.
Faire comme tout le monde, en fait. C'est une expérience hallucinante, mine de rien, pour nous autres Perdants de l'Histoire (pour reprendre un sobriquet qui me plaît énormément, de même que Lumpen-Nationalistes; pas sûr que son auteur, qui se reconnaîtra, ait conçu ça comme un compliment, mais c'est le résultat qui compte et cette digression est vraiment merdique).
Bien sûr, tout ça, ne le dites pas à vos gonzesses. Elles balisent suffisamment comme ça. Faites comme d'habitude : ne dites rien. Continuez de passer pour renfermés, handicapés des émotions, égocentriques, vulgaires, et toutes ces chouettes travers sans lesquels leur besoin viscéral de se plaindre ne serait pas satisfait. Tout est bien mieux ainsi. Au sein du couple comme de l'entreprise - la similitude est assez frappante sur ce chapitre précis - une réputation solide de médiocrité accroît le confort de vie (do you speak moderne?).
"Faire comme tout le monde", putain. Dix-huit ans à s'engueuler avec tout le monde et à foutre en l'air toute chance de réussite sociale pour finir par un tel slogan. Ca fout le vertige. C'est digne d'un prodigieux connard. C'est génial.
19:19 Publié dans Marées Noires | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
« Cette doxologie qui s’élève, en arabe, vers le Christ Sauveur, portée par les voix fraîches de ces moniales arabes qui, jeunes et jolies, sont les petites sœurs d’une autre Vierge qui, par son fiat, a permis que se lève sur l’humanité une aurore nouvelle.
Ces filles ne sont point nombreuses, mais l’avenir n’appartient pas aux multitudes tumultuaires. Si l’Esprit doit continuer de souffler, ce sera dans le secret de petites communautés pareilles à celle-ci : tout ce qui se fait de grand est l’œuvre soit de solitaires, soit de groupuscules, underground à l’Ouest, podpolié à l’Est, églises souterraines qui redécouvrent le sens communautaire de l’ecclesia et vivent leur aventure comme parousie de vie totale.»
Gabriel Matzneff. Le carnet arabe. 1971
Écrit par : Ivane | 08/12/2008
GéPé...tu as oublié ceux, comme moi, qui on fait des enfants "sans s'en apercevoir" si j'ose dire...je n'ai pas dit par accident, ou involontairement.
Parcequ'un jour, épuisés de haine...une nana et un mec ont envie de s'assoir 5 mn et de se laisser porter par le flux de la Vie dans ce qu'elle a de plus "créatrice"...son prolongement.
Écrit par : tyler l'ancien | 09/12/2008
Je m'inquiète: j'ai rien compris à l'article de stag qui pourtant est d'habitude clair comme de l'eau de roche.
De toute façon et dans tous les cas, le sourire d'un bébé de 6 mois (le sien évidemment) fait vraiment oublier la pourriture ambiante pendant quelques instant.
Ce qui fait peur c'est de se dire "merde ce bébé est le plus beau du monde, il est heureux, souriant, on va lui donner toutes les chances mais il sera lâché un jour ou l'autre dans ce monde gris et minable". D'un autre côté, il aura peut-être plus de ressources qu'on ne le croit? Et au moins on pourra "briefer" notre enfants sur les innombrables risques et obstacles qu'il devra surmonter pour être heureux. Si si stag, être heureux, c'est possible, je le suis de temps à autres, sans naïveté ni méthode coué.
Un sourire de son bébé ou une belle vision en nature, voilà la vraie vie. Je me lasse parfois de ceux qui sont infoutus de sourire réellement, de ceux qui n'ont pas envie d'être heureux, qui ne savent plus voir le beau ou milieu du laid. Il y a encore des espaces préservés. Quant à l'avenir, rien n'empêche de l'imaginer différemment... Suffit de lire un peu de SF! Quand l'imagination prend le relais de la triste réalité (vaut mieux ça que sniffer comme une sous-merde). Je digresse beaucoup.
Écrit par : Hêtre du Nord | 15/12/2008
"Transmettre la sainte flamme de la Colère à la génération suivante, en payant de sa personne, dans la discrétion totale et pour au moins un quart de siècle à plein temps.
Bien sûr, tout ça, ne le dites pas à vos gonzesses. Elles balisent suffisamment comme ça."
Pourquoi? Vous nous croyez plus faibles que vous? Incapables de comprendre, voire de ressentir la même chose? Nous faisons des enfants, parce que nous refusons d'accepter de nous taire; et nous leur remettons, dès avant la conception, le flambeau du refus. Tout en les aimant. Et c'est ainsi que nous en ferons des hommes.
Écrit par : Ostara | 21/12/2008
Plus faibles non, je ne pense pas. Mais j'ai cru comprendre que vous étiez moins portées sur la rage homicide, tout de même. Des haineuses, j'en ai connu quelques-unes, mais elles n'ambitionnaient pas faire des moutards, au contraire. Mon conseil s'adressait surtout aux péquenots dans mon genre, qui se sont mis à la colle avec une souris apolitique et pour qui les notions de lignée et de patrie n'évoquent rien. Une fille normale, quoi. Si vous pratiquez ce que vous prêchez, vous avez droit à toute ma considération stupéfaite.
Écrit par : Stag | 21/12/2008
Il n'y a que la haine qui vaille.
Écrit par : fr | 01/05/2009
Le cerveau est une arme, il suffit de bien là régler.
Écrit par : fr | 01/05/2009
Balaise, encore une fois. Mais, bon, 1,8 Français pour 8 cafards, on est dans un rapport défavorable.
Écrit par : Cyrar | 29/03/2012
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