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03/02/2009

FLIC-HOP

On dirait que j’ai loupé l’événement culturel de la saison : Casino de Montbenon, le vouiquainde passé, festival Au-delà des préjugés, hip-hop à tous les étages et pour tous les goûts. Raphaël Ebinger, couvrant la chose pour le 24heures, nous apprend même que le public délicat, raffiné et divers accouru sur place a pu jouir d’une bien belle ambiance « rythmée par les BITS puissants distillés par les DJ ». Voilà voilà. Il aurait pu parler de concours de longueur de beats que ça aurait pas été moins juste.

 

Mais la pétole sur le purin, c’est quand même la présence sur place de deux représentants de la police municipale, venus histoire de bousculer leurs vilains préjugés. « Ce monde est beaucoup plus ouvert qu’il ne l’était, admet Jean-Marc Granger, qui a participé à la table ronde en sa qualité de chef de la brigade de la jeunesse. Il y a cinq ans, je ne sais pas si je serais venu, de peur d’être mal accepté. » Le même, s’adressant à ces malheureux abonnés des brutalités flicardières, s’est dit convaincu que « Si certains policiers qui ont toujours une image négative de votre culture étaient présents, ils changeraient d’avis. » Ou de métier ? Après une humiliation pareille, ça serait légitime de rendre son uniforme avant qu’on vous en prive pour trop faible taux d’ouverture sur la racaille différence.

 

On se réjouit de voir la police organiser un festival Au-delà de la matraque. Il accueillera des contorsionnistes en survêts’ et des logorrhéiques à micro pour leur permettre de se frotter au métier de flic et casser leurs sales petites idées préconçues de wassisses qui s’ignorent. Au programme : stage d’encaissement de crachats et d’insultes de macaques enragés, et techniques d’évitement du conflit même quand la meute d’en-face veut absolument vous faire la peau, consciente qu’elle ne risque somme toute pas grand-chose. Des flics armés qui reculent face à un seul taré, ça s’est déjà vu ; ils savent qu’ils n’auront droit à aucun soutien de leur hiérarchie en cas de dérapage, même légitime. Qu’on se rappelle, pour les autochtones, le foin invraisemblable provoqué par un coup de flashball à Kalvingrad, il y a quelques années. Ou quand deux purs mongols anti-WEF ont bloqué un pont d’autoroute au risque de claquer et se sont retrouvés à l’hosto parce qu’un flic a fait son boulot.

 

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Je pense au fils de Z, un ado un peu agité fasciné par les commandos d’intervention et qui envisage très sérieusement de faire flic. Je pense aussi à W, vieux pote métaleux qui a coupé sa tignasse il y a quinze ans pour entrer dans la police. Je pense encore à ceux qui m’ont coincé une fois ou deux, et avec qui la conversation devenait tout de suite politique dès les formalités réglées. Tant d’efforts, de discipline et d’abnégation pour que dalle. Pour ne pas pouvoir nettoyer les rues de la crasse humaine qui étouffe nos villes. Pour devoir faire des courbettes à la lie de la société, protégée par l’intelligentsia qui nous pousse au suicide depuis plus d’un demi-siècle. Pour jouer au chat sans griffes avec des souris qui se marrent de leur impunité, de leurs sursis pour cause de prisons pleines, du soutien logistique et juridique que leur apportent les collabos les plus glaireux de l’Histoire des colonisations.

 

J’en entends qui grincent de l’émail depuis au moins un paragraphe. On se calme et on respire. Je parle ici des mêmes flics qui ont collé ma copine pour utilisation de vélo dans une zone piétonne et défaut de vignette. Qui ne sont pas là dans les rues qui chauffent le week-end mais qui collent des bûches aux bagnoles mal garées pendant trois minutes devant les boulangeries. Qui laissent délibérément quinze minutes d’avance aux castagneurs encore mineurs pour éviter d’aller au taquet. Qui sont convaincus que voter UDC constitue le summum de l’engagement politique. Qui haïssent ouvertement les Arabes et se mettent à la colle avec des Thaïlandaises, en se plaignant en douce qu’elles font la loi à la maison. L ’affaire est entendue, je crois.

 

 

Ca n’empêche pas de ressentir un peu de compassion, passagère mais sincère, pour les jeunes policiers encore idéalistes qui auront lu les propos de leur « représentant », et qui savent à quoi s’en tenir côté respect mutuel de la part des Lumpen à beatbox. Un bref shoot d'humanité sans conséquence, avant de redevenir un enfoiré post-fasciste punkoïde aux tripes froides et à la cervelle en chômage technique.

Commentaires

Est-ce que je viens vous dire que je ne comprends rien à ce que vous écrivez, moi? :D

En même temps c'est vrai que je ne fais pas d'effort.
Puis la politique c'est un truc qui m'a toujours dépassée. ;)


Ps : Si vous pensez qu'il n'y a que les mauvais téléfilms qui parlent de salauds et de jeunes innocences bafouées, c'est que vous être un con. Nah.

Écrit par : Millie | 03/02/2009

Vous parlez de l'UDC, vous êtes Suisse? Je lis votre blog depuis peu, et j'ai toujours cru que vous parliez de la France.

Mince alors, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs que chez nous :(

Écrit par : Kouign | 03/02/2009

@ ravissante : Mon commentaire était délibérément idiot et non-avenu, supprimez-le. Quant à ma connerie, elle est de notoriété publique, et elle est sans doute préférable au statut d'innocent bafoué ou de saligaud bafoueur. Ceci dit, les Ecritures racontent n'importe quoi : les pauperes spiritu sont assez rarement beati, je vous le certifie. Le bonheur, c'est un privilège de morts-nés, comme l'affirmait Big Frédo.

@ onomatopée : chuiche AOC, effectivement, et pas mécontent de l'être aussi longtemps que je fais abstraction de mon gouvernement, de mon administration, de mes contemporains et de mes moralistes nationaux. Pas d'inquiétude donc : nous coulons au même rythme que vous, mais comme on est des nains de jardins, le naufrage se fait en douceur, avec de la musique de chambre et des effluves de chocolat.

Écrit par : Stag | 04/02/2009

Nonon... Je supprime rien. Quand on est con on assume. ;-)
D'ailleurs vous avez tout-à-fait raison de l'être : on perd davantage en dignité à faire l'innocent ou le saligaud, bafoueur comme bafoué.

Ah ces chuiches! Le sens de la mesure! J'admire.

Avez-vous bien dessaoûlé, sinon?

Ps : Pour les pauperes spiritu non beati, je confirme.

Écrit par : Millie | 04/02/2009

"et pas mécontent de l'être aussi longtemps que je fais abstraction de mon gouvernement, de mon administration, de mes contemporains et de mes moralistes nationaux."
Voilà. C'est simple pourtant!

Écrit par : Ivane | 04/02/2009

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