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08/03/2009

NOSTALGAY

Grosse promo autour d'un flim avec le pur collabo Chone Paine, racontant l'activisme d'un yanqui porté sur les culs poilus dans les années septante, martyr de la cause et casher en plus histoire de cumuler les qualités. S'il avait été dézingué par un militant du kouklouxe, j'imagine à peine les Râles extatiques des critiques. Oublions ça. Et non, je ne fais pas une fixette sur les homos : leur activisme roule sur les mêmes rails que les féministes, les arrière-petits-enfants-d'esclaves, ou les historiens pour qui tout commence et tout finit à Birkenau. Démonstration.

 

Le point commun entre ce flim qui va faire pleurer dans les chaumières inverties, les punitions interminables de Claude Lanzmann, les soap qui reviennent sur les exploits des suffragettes ou les hagiographies de Martin Luther Klong, c'est un état d'esprit qui peut se résumer par "Qu'est-ce qu'on en a chié pour gagner" (ou "It's a long way to the top", pour la faire plus rock. J'espère qu'on peut être homo sans être obligé d'écouter les Village People ? )

 

Le Devoir de Mémoire a contaminé tout le petit panthéon laïc de la démocrassouille. Le progressisme est un polythéisme qui grouille de démons domestiques, de dizaines de démiurges à qui les curetons assignent une fonction spécifique. Grand protecteur des gays, des vaginistes, des bâtards, des Commissaires du Peuple Courageux Résistants du Font de l'Est... Et chacune de ces divinités a droit à sa version cinoche ou télé de l'Imitation de Jésus-Christ : il faut s'en souvenir pour s'en inspirer, étudier sa vie et son oeuvre, ressasser la moindre de ses turpitudes et y voir des signes annonciateurs de notre temps. Comme dans un porno ou un "zombies", il y a les figures imposées et on sait d'avance comment ça se finit. Histoire mon cul : autocélébration, oui ! Pignole communautaire mal assumée, à laquelle on convie ceux que ça ne fait pas spécialement bander...

 

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Tout ça est insondablement triste parce que ça sent la fin de l'aventure, la nostalgie mélancolique d'un temps où il fallait se battre pour avoir ce qu'on obtient à présent sans effort, la conquête bouclée, la colleque de trophées qui prennent la poussière, le musée mal aéré qu'on ne visite jamais sauf pendant une sortie de classe. Les victoires décisives ont été remportées, le blanchouille hétéro a été mis en cage, et si tout n'est pas encore parfait dans le plus Moderne des mondes, il faut bien l'admettre : les soldats ont laissé leur place aux gestionnaires, aux ingénieurs et aux concierges. On peut encore s'indigner qu'il existe des "résistances", des "réfractaires", des vieux réflexes réacs d'un autre temps. Mais piquer une rogne cataclysmique parce que tout est  vérouillé dans l'indifférence hostile des machos-fachos, c'est ter-mi-né. Et ça, les militants et les activistes de toutes les spécialités dermiques et sexuelles, ça les rend malades, parce que leur inutilité leur revient en pleine gueule. Le récent article du Temps est symptomatique : 

 

(...) il fut un temps, pas si lointain, où l’homosexualité était non seulement mal vue, mais carrément hors la loi et réprimée. Où les rafles et l’opprobre public entretenaient un sentiment de honte à se sentir «anormal» plutôt que simplement minoritaire.

 

 Il fut un temps, oui - mais ce temps est révolu en Occident. Bien sûr, ça n'est pas pour si peu qu'ils vont arrêter de pétitionner, de gaypridiser, de dénoncer, d'outer, de casser les couilles à tout le monde et d'accuser d'homocide mental tous ceux qui ne s'intéressent pas spécialement à leurs histoires de cul. "Une cause jamais vraiment gagnée", dixit Norbert Creutz. C'est plus confortable et plus rentable que les causes perdues d'avance, c'est sûr.

 

Ils engueulent la droite et la droite les applaudit. Ils maudissent les nazebroques et les nazebroques ne répondent que sur internet. Ils vomissent la société et la société leur tresse des lauriers dorés. Non seulement ce mélange de colère et de nausée dont ils cherchaient à se  débarrasser en écrasant l'ennemi ne les a pas quittés, mais en plus ils réalisent qu'ils ne peuvent pas affronter la vie sans lui, et que la  dictature du sourire et de la complaisance dilue plus que tout cet indispensable carburant. Ils ont triomphé - ou plutôt nous avons tous capitulé face à eux - et ils s'ennuient. Ils s'ennuient à crever. Ils  sont devenus bourgeois après des lustres à bousculer la bourgeoisie, qui n'a jamais autant joui que sous leurs cravaches.  

 

Allogènes, tordues, misandres, ils se sont trop accoutumés à la haine et au mépris : les standing ovation leur sape le moral. Il ne leur reste que le théâtre,  le reenactment, notre version contemporaine des Miracles qui agitaient naguère les parvis des Eglises. Leur agitation doctrinaire ne ressemble plus à rien sauf à une crêche vivante. Alors on les voit se réfugier dans leur glorieux passé collectifs, comme les fafs qui s'enivrent de rites païens bricolés de toute pièce et de militaria falsifiée, comme les bolchos qui invoquent l'Octobre Rouge avec les yeux humides, comme tous ceux qui ne vivaient que par la rogne et à qui le bonheur et la stabilité file des envies de balle dans la tempe.

Commentaires

Pour la conclusion:

"Les plus allumés d'entre nous se limiteront à brûler des bagnoles, à monnayer de pauvres passerelles vers le Marché, à jongler devant les vitrines des multinationales haïes et invincibles, à invoquer les spectres d’un passé glorieux dont ils n’auront jamais le panache ni la vitalité. Les autres se consumeront lentement de l’intérieur, les plus solides moralement finissant tôt ou tard par se laisser récupérer, une fois leur rage juvénile intégralement flambée. A l’intérieur ou à l’extérieur du Système, c’est toujours la routine qui l’emporte. Les Révolutions deviennent des commissions d’enquête. Les Croisades avortées se décomposent en conseils de paroisse. Les communions intenses avec la Nature laissent la place aux promenades balisées dans des parcs sans vie. Ne demeure que la conviction navrante d’être hors-normes, alors qu’on se retrouve à moisir sur le même rayonnage que les autres produits humains."

La zone grise, 23 mars 2007.

Écrit par : Olipien | 10/03/2009

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