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21/05/2009

CLOWNERIES SINISTRES

Images éparses, éclatées, problématiques différentes, mêmes outils, même constat.

.....Usine fermée, jobs détruits, régions économiquement asphyxiée. La résistance s'organise. Des gens a priori normaux marchent dans la rue  avec des croix portant leur propre nom, avant d'aller enterrer symboliquement leur village.....

......Confrontées à leur repreneur, les troupes syndicales remettent leurs doléances, puis lèvent le poing et se taisent pendant une minute, immobiles. Quand cesse leur mutisme, le silence est brisé par le cri de guerre festivocivique: "toux sang sang bleu, toux sang sang bleu, oué oué".......

........ Tandis que le G8 ou 20 ou 88 rectifie l'assaisonnement de la soupe mondiale, les opposants à dreadlocks se peinturlurent la gueule, jonglent avec des liasses de Monopoly, singent des banquiers fantasmés en hurlant des déclarations d'amour "décalées" au Grand Capital. Pendant ces chouettes activités, des commandos assez bien entraînés et coordonnés pour déclencher des embryons de guerre civile, préfèrent concentrer leurs assaut sur des abribus, des affiches publicitaires, voire des vitrines de petits garages.........

.......... Pour protester contre l'expulsion de métèques non-invités, des déblanchis se réunissent en cercle et se taisent - parfois perturbés par des antimétèques qui eux, préfèrent taper sur des casseroles. Les métèques enragés, de leur côté, illuminent leurs ghettos haïs/adorés (la banlieue, cousin, c'est trop la merde et chuis vachement fier d'y vivre) avec des bagnoles de pauvres, avant de marcher en silence avec des t-shirts blancs 4XL "Morts pour rien", comme si les jeunes victimes de leur propre stupidité avaient vécu un seul jour pour quelque chose.......

Je suis quand même pas le seul à ressentir un horrible malaise face à ces clowneries ? Toutes ces "actions" n'existent qu'en présence d'une caméra. Seul un témoin du monde médiatique confère un semblant de sens à ce qui est absurde, de dignité à ce qui est grotesque, de spontanéité à des chorégraphies mongoloïdes.

On ose prononcer les mots de "lutte sociale" là où il n'y a plus que du spectacle de rue. On ose parler "d'engagement" alors que toute la vie politique non-professionnelle se réduit à un interminable télécrochet. Entre la Nouvelle Tare et n'importe quelle maniffe, la différence doit se dénicher dans ce que ça risque de coûter à une compagnie d'assurance.

A quel moment l'Occident a-t-il décidé de ne plus vivre qu'à travers ses propres ombres ?

Commentaires

"A quel moment l'Occident a-t-il décidé de ne plus vivre qu'à travers ses propres ombres ?"

je dirais, vers 1995-1996.

Écrit par : JoeLeTaxi | 22/05/2009

Tiens, M. Taxi... c'est la première fois que je vous croise ici ?
Je retiens votre proposition, mais si vous aviez le temps de développer, je cracherai pas dessus.

Écrit par : Stag | 22/05/2009

Ce n'est plus le village des damnés mais bien le village des tarés. J'ai déjà dit, mais il est bon parfois de se répéter, que mieux vaut la solitude volontaire à la servitude monstrueuse du troupeau et des chapelles en tout genre, à la servitude du "même" décomposé.

Et je ne résiste pas à l'envie de reprendre le bon Gaby lorsqu'il se déclare "déçu par l'extrême frilosité de la jeune génération, par le caractère petit-bourgeois de ses revendications, et aux manifestants qui descendent dans la rue pour défendre la sécurité de l'emploi je suis au regret de dire qu'ils ont beau agiter des drapeaux rouges et noirs ils ne sont pas les héritiers spirituels du prince Pierre Kropotkine. Tout au plus Antoine Pinay."

On trouve ces quelques bons passages dans "Vous avez dit métèque ?" de Gabriel Matzneff.

Ce n'est même plus les drapeaux rouges et noirs qu'ils agitent d'ailleurs, mais plutôt ceux de la gay pride permanente, ceux de la grande partouze des temps terminaux de la civilisation européenne.

Ns accessoirement dannyboy.

Écrit par : Ns | 22/05/2009

Un bel instantané ce texte!"Lutte sociale", "combat pour le pouvoir d'achat", "front de gauche"... on est vraiment inondé de rhétorique guerrière ces temps-ci. Très orwellien tout ça. Venant de la part de gens qui, pour la plupart, ne connaissent pas le goût du sang, ça ajoute une touche qui sauve ce grotesque tableau de la sinistrose absolue.

Et pourquoi 1995-1996?

Écrit par : Benway | 22/05/2009

On a sérieusement l'impression que plus ça va moins ça va, tout déraille, et pourtant. Certes la canaille est devenue la racaille, et ce n'est pas rien... ça change tout.

Et pourtant il y a plus de vingt ans déjà voilà ce qu'on pondait avec quelques potes autonomes parisiens à des heures impossibles, en des lieux interlopes, les flics au cul. Voici quelques extraits d'un tract qui garde à mes yeux une certaine valeur.

ETUDIANTS VOUS ETES FORMIDABLES !

A l'heure où trop de pulsions négatives poussent la canaille (entendons les autonomes) à s'attaquer à toutes les institutions, vous avez su trouver les mots justes, résumant parfaitement l'essence de votre noble mouvement :

"JOSPIN SI TU SAVAIS TA REFORME OU ON SE LA MET..."

(Remplaçons Jospin par Darcos et le tour est joué)
vous avez su montrer par ces simples mots que vous ne vous laisserez pas sodomiser par l'Etat à coups redoublés de réformes et vous déclarez votre intention de vous l'introduire vous-mêmes grâce à vos talents de gymnastes. Il est vrai que sachant courber l'échine et vous entraînant quotidiennement, cela ne devrait pas trop vous poser de problèmes.

(...)

Fils et filles de larbins lancés sur les traces de vos géniteurs, votre ambition la plus sincère est de tenir le votre rôle dans l'organisation sociale. vous mettez du coeur à l'ouvrage pour ingurgiter les données brutes et les systèmes de pensées qui devraient faire de vous les gestionnaires patentés de la planification de la misère généralisée.

(...)

Quand l'Etat,continuant à vous promettre de mourir d'ennui, ne vous garantit même plus de ne pas mourir de faim, les poches pleines de diplômes et d'autres attestations de votre soumission, vous arrivez bien à pressentir que le principal but poursuivi dans la grève c'est de s'inventer d'autres rapports (avec les autres et avec le monde) et que le principal intérêt d'une manif c'est bien d'y pouvoir saisir une pavasse pour l'écraser sur la face d'un flic. Mais pour vous, la révolte reste une activité qui consiste à trottiner sur un parcours préétabli (le vent bruissant dans vos cheveux) en ânonnant des slogans débiles.

(...)

Si tu peux encore agir librement, c'est aux premiers rangs des manifs (avec les derniers de la classe) que tu le prouveras. C'est en se révoltant que le désespoir s'oublie, que le plaisir s'apprend, que l'isolement s'efface et que s'invente l'idée d'un autre avenir. (...)

Signé : Des prolétaires sans illusions.

Suit un dessin représentant une salle de classe (que des filles), une prof face à la classe avec main en forme de badge épinglée sur sa robe sur laquelle est écrit "Suce l'Etat", une élève sort du pupitre un revolver pour l'abattre.

Légende : Beryl avait trouvé un moyen radical pour rompre la monotonie des cours de mademoiselle Aberghast.

Un adieu aux armes pour ce qui me concerne.

Il y a eu Florence Rey, Audry Maupin la fin des squatts pour une certaine génération... Un certain "retour à la normale" pour beaucoup et puis rien.

Ciao, à bientôt dans la zone grise Stag.

Écrit par : Ns | 22/05/2009

Ca fait bien de la route jusqu'ici NS... Cohérent en tout cas...

Écrit par : Ivane | 25/05/2009

Tu ne crois pas si bien dire Ivane, très épuisé cependant. Mais je n'y peux rien, j'ai toujours penser, depuis bien jeune, que "la modération est chose fatale" O. Wilde.

Je tiens à te remercier ici chez l'ami Stag, et ça me fait vraiment plaisir, pour ton hospitalité au milieu des ruines.

Ciao Stag, bonne route à toi et aux tiens, reviens-nous très vite...

Écrit par : Ns | 26/05/2009

Les commentaires sont fermés.