06/08/2009
COMMENT TU ME CAUSES
Pourrait-on cesser, au moins chez les bavards les plus agréables de la fachosphère, d'utiliser l'expression "les médias aux ordres" ? S'il vous plaît ? C'est presque aussi con que "Axe du Mal", ou que "Bête Immonde". Les journaleux n'attendent pas de recevoir des instructions du Ministère Mondial de la Météquification: ils les devancent, ils les écrivent tous seuls, ils le font sans même avoir conscience d'être politisés ou de servir, même par inadvertance, les intérêts des concasseurs de culture. Nulle servilité chez eux, ou si peu : ils sont bien plus obséquieux quand il s'agit de sens-du-poiler un gros annonceur qu'un puissant parti. Il y a bien sûr la part d'arrivistes qui singeront l'opinion avec un cynisme si étonnant qu'il provoque comme une sorte de sympathie chez qui le surprend. Mais dans l'ensemble, c'est une question de convictions, d'engagement, une manière de joindre l'utile à l'agréable en gagnant sa croûte tout en instruisant les foules.
Et si l'on peut parfois rencontrer un pisse-copie vaguement attentif à un discours radical, il n'en laissera rien filtrer dans sa prose quotidienne, parce qu'il préfère conserver son taf. Si c'est ça être "aux ordres", alors tout salarié l'est fatalement, du moment qu'il a un patron et que l'humeur de ce dernier peut avoir une influence sur le bulletin de salaire. Les médias ne sont pas la courroie de transmission des ordres de l'Ennemi, ils sont l'ennemi, ils sont le système, le spectacle, collez-lui l'étiquette qui vous sied. De ce point de vue, la presse dite "de combat" est elle aussi aux ordres, ceux de l'économie, du pognon, sans lequel on ne sort pas un journal papier; d'où les constants appels aux réabonnements, aux soutiens, aux dons de la dernière chance, etc. Une presse absolument libre aurait les moyens de se foutre de coûter de l'argent, sans parler d'être rentable.
17:42 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Une presse à couilles voilà ce qu'il faut ! Chacun y mettre le sens qu'il lui sied de vouloir.
Écrit par : robespierre | 06/08/2009
J'utilise jamais cette expression, faut dire que j'utilise pas beaucoup de mots à la base.
Écrit par : Yann | 06/08/2009
Devenue conscience de cette société, cette corporation n'en a jamais eu vraiment conscience. Ses maîtres de jadis, les partis du débat public, lui lèchent les bottes, sont devenus ses obligés et implorent de faire les pitres sous les sunlights tant il est vrai que tout désormais passe nécessairement par son unique filtre.
Elle s'exprime comme un individu de la classe moyenne en famille : chaque fait, enrobé d'une opinion unilatérale souvent préétablie, est imprimé sous forme d'émotion... Cette sacrée peste émotionnelle qui ravage les cerveaux des midinettes que sont devenus les Européens !
En quelques années nous avons assisté, par glissements successifs, a la prise de pouvoirs du parti de la communication... un des nouveaux centres du dispositif ennemi qui va de l'Etat à la marchandise... le centre nodal de l'abrutissement (étonner et amuser, prouver et juger, faire croire et émouvoir, faire gober à Monsieur Moyen, comme tu le dis parfois, qui en redemande) qui prétend défendre le débat public, alors qu'il est devenu le monolithe qui l'interdit... le centre à combattre sans le moindre ménagement, et je pèse mes mots pour rester soft.
Hormis quelques fortes individualités bien connues, trop rares et ostracisées , car iconoclastes, je suis atterré par le sectarisme, l'instinct grégaire et le ressassement à l'infini des poncifs du petit milieu de la fachosphère mainstream (a-t-il au moins un projet ? ): "les médias aux ordres" en fournit une belle illustration parmi tant d'autres.
En tout cas accorder le moindre crédit aux journalopes, c'est entériner sa propre défaite ! Paraître dans leurs informations de son plein gré, sans que ce soit pour leur nuire (il y a de nombreuses façons de nuire !), est toujours une collaboration avec ce régime... Y paraître contre son gré est un grave échec, échec de n'y pas paraître en ennemi.
On le sait déjà, je n'ai jamais été démocrate... et je n'ai pas de remords.
Écrit par : Ns | 07/08/2009
" une presse absolument libre aurait les moyens de se foutre de coûter de l'argent, sans parler d'être rentable. "
c'est la révolution "blog" qui est en cours, pour le meilleur et pour le pire, mais ça commence à être la panique sévère chez les encartés...
Écrit par : Ritchie | 07/08/2009
@ Bip-bip : j'ai omis le phénomène bleaugue, parce que ça ne me semble pas être une nouvelle forme de presse comparable aux anciennes. Chaque journaliste ne publie pas son propre journal, et les blogs collectifs restent rares, pour ce que j'en sais, et ils sont souvent si politisés qu'ils ne s'adressent déjà qu'aux convaincus et aux sectaires. Et puis, le blog contient son propre antidote à son potentiel de subversion : causer à cent anonymes de sa vision du monde, ça flatte horriblement la vanité d'un gribouillard, et il finit très vite par se mettre en scène, à causer de son nombril - Votre Serviteur ne fait certainement pas exception, tout au plus tente-t-il de ne pas se prendre au sérieux. Dix mille posteurs qui reprennent un même message de détestation sur le net, ça n'a pas le centième de l'impact de cent barjots qui sortent dans la rue avec des démonte-pneus et des molotovs, ou qui investissent un village déserté pour y vivre en accord avec leurs convictions.
Je ne connaissais pas le travail de Gottfried Helnwein, c'est parfaitement remarquable.
Écrit par : Stag | 07/08/2009
Et un machin collectif, Stag, ça ne vous tente pas ?
Écrit par : Hank | 08/08/2009
@ Hank : Il ne se passe pas une semaine sans que j'humidifie mon boxer en pensant à repeupler un bled montagnard du Tessin pour y implanter une communauté de fach'anars gastronomes et poètes. Mais que pouic : trop égoïste, trop sociophobe, trop lâche et trop moralement crevé pour participer à une quelconque aventure du genre. Quant aux plaisanteries collectives littéraires, j'ai tenté, avec un succès comparable au récent comebaque de Michael Jackson - soit que je finisse par m'en foutre, soit que ça tourne en jus de boudin au bout de deux mois. Alimenter sporadiquement un blog confidentiel semble bien représenter le maximum dont je suis encore capable.
Écrit par : Stag | 08/08/2009
Les blogs (enfin, quelques uns) permettent de lire des âmes qui ne sont pas encore que cendre et acceptation grisatre. Mais une méchante voix en moi murmure qu'ils peuvent aussi servir à diluer la rage, à émietter les rébellions. Bref, le principe de la soupape de sécurité. Mais bon, on à que ça à se mettre sous la paupière...
(Pas trace d'un critique contre le blogueur là dedans. D'ailleurs le scribouillard que j'aime écrit comme on suinte -comme on saigne si vous préférez, ça fait plus noble, style "blessure du poète". Bréfi-bréfa c'est cette nécessité intime qui donne de la flamboyance aux clameurs. Et de la drôlerie. Parce que je me marre AUSSI en lisotant de l'abominable.)
Écrit par : Restif | 08/08/2009
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