07/08/2009
FACHOUVERTURE SUR L'AUTRE
Tous les démocrates sincères et épris d'égalité (mes semblables ! mes frères !) vous le confirmeront : le ouacisme, ça refoule de l'entrefesse. Mais ma pomme, qui à mon grand dam est affligée de ce triste mal des temps modernes, vous le souligne bien volontiers : une moitié de ouacisme, ça passe encore plus mal auprès des narines délicates. Je démontre, avec la précision, la rigueur et l'élégance qui ont fait mon enviable renommée d'un continent à l'autre.
Ca se passe il y a quelques lustres, du temps où la blonde qui squatte mon espace vital n'était pas encore tombée complètement dans mes filets. Gros problème du rustre qui cumule le retard affectif : réussir à coincer de la souris sans s'avilir à tenter de passer pour un citoyen modèle, et sans non plus la faire fuir à force d'honnêteté exhibo et suicidaire. Putain d'équilibre de corde raide. Alors quand débarquent inévitablement les questions dites sensibles, pas évident de résister à la facilité de l'argumentaire droitard basique. On se dit que, si ça passe régulièrement dans les merdiats, ça heurtera moins la donzelle propre sur elle qu'un appel à la haine eructé entre deux renvois de bibine. C'est la dure loi de la reproduction, et notre espèce n'échappe pas au passage obligé de la parade amoureuse. Bref.
Arrive sur le zinc la question des minarets et des efforts de l'UDC pour les proscrire. Incompréhension agacée de la demoiselle, pour qui il est inqualifiable de dicter à autrui des limites légales à sa pratique religieuse. De mon côté, l'impératif de drague me fait croire que mieux vaut tenir une ligne "Faut quand même pas qu'ils exagèrent" plutôt que "Raus", pourtant plus adapté à mon tempérament raffiné de gendre idéal. Je lance alors, en n'y croyant pas une seconde, l'argu qui tue, à savoir qu'on aura l'obligation morale de tolérer des mosquées le jour où des églises pousseront librement en Iran ou en Arabie Saoudite.
Echec de la manoeuvre : la gisquette assène qu'agir uniquement en fonction de ce que fait l'autre, ou dans l'attente de sa réciproque, ce n'est pas avoir de conviction personnelle forte, c'est du simple mimétisme. En gros : que l'autre nous rende la pareille ou non, rien à battre, il faut s'en tenir à ce que l'on croit juste, et ne rien attendre en retour. J'en reste d'autant plus muet que je pensais marquer des points en présentabilité. La langue de bois, c'est une discipline dans laquelle on ne s'improvise pas troisième dan. C'est la dernière fois que j'ai tenté en amateur. Depuis, ladite délicieuse et la grande majorité de son entourage savent à quoi s'en tenir : je ne suis pas conservateur, je ne suis pas de droite, ni même d'extrême droite, je suis un gros taré génocidaire, intolérant, qu'il faut tenir à distance de toute instance de décision, mais qu'on supporte parce qu'il fait bien la popote, qu'il s'y connait un peu en pinard et qu'il a des manières avec les dames.
Conclu : la demi-mesure, pour chercher à plaire, est un repoussoir. Ce qui vaut pour la chasse à la feniaule vaut aussi pour la course aux suffrages. Inutile de chercher à passer pour un bon type avec-des-idées-radicales-mais-pas-trop. Il ne faut jamais tenter de se faire plus sucré qu'on ne l'est, et assumer son côté monstrueux sans l'afficher avant qu'on ne vous pose de questions. Un gentleman avec des idéaux de pur nazebroque passera toujours mieux en société qu'un malotru qui tente de modérer ses aboiements. Traitez les gens avec des égards et ils finiront par admettre sereinement de trinquer avec le fils de Sid Vicious et d'Eva Braun. Même après les plus wagnériennes engueulades d'ivrognes, ils reviendront vous proposer des grillades et des apéros, et, si ça se trouve, pas seulement parce qu'ils espèrent une nouvelle occasion de se défouler verbalement.
De ce point de vue, l'ethnodifférentialisme est du bidon, punkt schluss. C'est une position philosophique, notre ultime tentation humaniste, notre aspiration maison à l'Egalité et au Bien, mais ce n'est pas applicable, tout bêtement. Voui, une grande Internationale des fidèles à la Terre, la vraie, celle où l'on naît, où l'on vit, où l'on fait des mouflets, où tous les patriotes du monde se donneraient la patte pour broyer la face des mondialistes, c'est bandant comme idée. Mais ça n'existe pas, ça n'existera jamais. Tout le monde fait à autrui ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fasse, et la gêne d'exiger plus que ce que l'on donne n'empêche pas grand monde de roupiller bien. Ce pauvre monsieur Soral, s'il a jamais été sincère dans sa démarche, a dû le comprendre quand sa proposition de chanter la Marseillaise lui a valu des sifflets de la part de ses "compatriotes" antisionistes. La conséquence logique, mécanique même, du refus du nivellement globaliste des cultures, c'est le pur et simple repli sur ses racines et son petit univers. C'est mesquin, c'est beauf, ça fait très réinvention de l'eau tiède, et c'est la seule option. Chacun pour son cul, et les vaches auront une chance de ne pas devenir folles.
Est-ce à dire qu'il faut mépriser tout ce qui n'est pas Nous ? N'avoir aucun sentiment pour ces autres peuples qui, ailleurs et avec d'autres moyens, se débattent aussi pour ne pas se faire zombifier à coups de burgers, de bling-bling et de béton ? Point du tout. Seulement, c'est pareil que de se soucier de l'avenir de la planète, pour ne prendre que cet exemple : c'est hors de notre portée, et non, chaque petit geste ne compte pas, propager des idées ne sert pas à grand-chose, et il y a plein d'autres moyens plus directs et plus concrets de pouvoir se regarder chaque matin dans le miroir sans trembler de dégoût.
11:11 Publié dans Autopsie de la Dissidence | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Bien mitonné ce ragout ! Aux petits oignons.
Écrit par : robespierre | 07/08/2009
Bonjour à vous.
Que les femmes préfèrent qu'on s'affirme plutôt qu'on louvoie, c'est bien certain, du moins pour celles qui ne font pas une jaunisse quand on est pas d'accord avec elles.
Mais si je vous suis, sur le plan politique, en parlant de miroir, vous semblez bien dire que votre salut individuel vous préoccupe seulement en dernier lieu, et qu'en cela, la politique est de fait, hic et nunc, impuissante. Vous voulez ne pas vous dégoutez, et la politique abstraite ne vous y aide pas.
Soit. Mais la politique n'est pas que cela, et les idées d'aujourd'hui sont le terreau de la vie concrète de demain (sur le plan écologique aussi, d'ailleurs). Sitôt sorti du solipsisme moral, la politique abstraite me semble un des seuls recours (avec l'action violente organisée, certes, mais comment l'organiser autrement que par les idées, pour commencer) ?
Vous cultivez votre jardin, comme disait Voltaire, mais celui de vos enfants, de votre pays, de votre communauté - quelque soit le sens que vous voulez donner au terme, d'ailleurs - ?
Écrit par : Constant | 07/08/2009
Bonne analyse et amusante
Écrit par : Lasalle | 07/08/2009
@ Robypierrot : que nenni. Ca a été vite réchauffé, sans trop de sophistication. Et voulez-vous que je vous dise ? Eh bien je vous le dirai même si point ne le voulez : plus je bâcle mes merdes, meilleures sont les appréciations qu'elles récoltent. Quand je m'échine à fignoler, c'est un bide. Ca pourrait être vexant, mais in fine, c'est chouette : ça veut dire que la flemme me réussit. Quel aboulique peut en dire autant, je vous l'demande ?
@ Constant : vous causez trop compliqué pour moi - pour pour mon todalcolémi, au choix. Brasser des idées tout en postulant que ça ne sert à queude, une contradiction ? Possible. Continuer à vivre en tant que Blanchouille dans l'Occident morticole en est déjà une colossale. N'y voyez donc qu'un pitoyable défouloir, une décharge clandestine où j'entrepose les abominations qui, sans cela, me décourageraient de tenter le moindre embryon de famille. On dit, n'est-ce pas, qu'il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre. Alors je compartimente : ici, libre cours à la surabondance de bile, pour que ceux qui me sont chers n'aient pas à y nager. Fumer sur le balcon et s'enivrer au troquet pour ne pas infliger ça à la petite famille, si vous préférez. Si je n'ai pas répondu à votre question, songez à me la reformuler par mail, en ces termes simples et concis si profitables aux âmes grossières comme la mienne. De mon côté, je prendrai le temps d'examiner votre prose quand je serai moins déchiré.
@ Lasalle : moutchasse graciasse.
Écrit par : Stag | 08/08/2009
"Tout le monde fait à autrui ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fasse, et la gêne d'exiger plus que ce que l'on donne n'empêche pas grand monde de roupiller bien. "
Morbleu! Un aphorisme quasi-larochefoucaldien voire cioranesque. A ne pas manquer de ressortir à l'occasion pour bien briller lors des diners mondains.
Sinon, l'aspect très bougon, grincheux de vos écrits n'est pas sans me rappeler ceux du blog d'Eisangélie.
Écrit par : lanitro | 08/08/2009
Excellent texte, et le passage sur les filles est même culte.
J'ai compris ça depuis un moment, moi aussi. Maintenant soit je déballe tout, soit lorsqu'elle me demande lors d'une discussion à plusieurs "Et toi, tu en penses quoi ?", je réponds "Tu ne préfères pas le savoir." avec un petit sourire, presqu'involontaire.
Le fait qu'elle présage de la radicalité lui plait, en général, à ce truc qu'on appelle la fille. Peu importe l'opinion, du moment qu'elle n'est pas modérée. Mais il vaut mieux souvent la taire.
Ou alors il y a le fun aussi. Se foutre de la gueule des gauchistes frénétiques c'est amusant. Une fille a failli me taper, c'est ce qu'elle m'a dit en tout cas, quand j'ai fait des saluts nazis dans le bar. J'ai feint de me rattraper en disant "Mais t'énerves pas c'est le salut des Romains", tout en souriant pour bien lui montrer que je l'emmerdais profondément. En revanche une amie à elle riait beaucoup. Indirectement on voit les filles qui valent le coup en se foutant de la gueule des connes.
Bref tout ceci est très amusant.
Écrit par : xyr | 08/08/2009
J'aime beaucoup les saluts nazi moi aussi dès que j'ai un peu bu (mé jsui po racist lol). En fait je trouve dommage que ce soit tellement connoté ; c'est bien le seul mouvement corporel de ralliement qui puisse être utilisé sans être ridicule. Il assurait niveau com' le père Adolf.
Écrit par : Flex | 08/08/2009
@ Xyr : Si elle ne vous broie pas les pelotes après le coup de "Tu veux pas savoir", gardez-la au frais avant qu'on vous la pique, c'est une perle rare - ou un travesti, auquel cas la discrétion et la prudence semblent s'imposer tout autant... Tôt ou tard, il faut être brutalement clair, alors autant expédier la question de suite : oui, je suis ce que j'ai l'air d'être, on va chez moi ou on reste ici à s'engueuler ?
@ Flex : je ne sais pas. Le poing bolchevik, quand il n'est pas levé à la tapette socialiste comme si on tenait un cure-dents, ça vous a un certain style. Les trois premiers doigts au ciel, façon pères fondateurs de la Suisse, ça se défend aussi (mais je suppose que je ne suis pas objectif sur ce point-là). Reste encore le majeur en érection, qui met tout le monde d'accord, et auquel on finit toujours par retourner, après de tristes tentatives de prendre ce monde au sérieux.
Écrit par : Stag | 08/08/2009
les trois doigts à la suisse (point d'interrogation mon clavier est naze)
comme les gardes suisses du pape (point d'interrogation )
valable
bon une tisane et au lit .
Écrit par : kobus van cleef | 23/08/2009
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