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16/08/2009

TOUT CE QUE VOUS POUVEZ

Elle était belle, comme peuvent l'être ces femmes que l'on aime déraisonnablement. Tout en elle exhalait la Mère Porteuse, sa façon de se tenir en société, son amour avoué de cette sensation particulière d'être entourée d'une petite cour. Elle excellait dans l'art difficile de sublimer sa beauté brute par une mise en scène minimale et contrastée, en noir et blanc. Je crois avoir compris qu'elle a pondu récemment. En son temps, elle avait parié qu'en cas de séparation, elle me croiserait au guidon d'une poussette bien avant elle. J'aurais dû parier une caisse d'armagnac.

Elle venait me voir en bus, aussi piétonne que moi, bien que pour d'autres raisons plus honorables. J'avais pris l'habitude de la ramener au bus, prétextant d'absurdes raisons sécuritaires pour déguiser sous des atours virilement présentables un besoin pathologique de conserver son contact aussi longtemps que possible.

Je l'abandonne un dimance soir à cet arrêt de la zone semi-industrielle, où le turc était la langue naturelle avant que ne le remplacent les borborygmes organisés de nos doux amis kossovars. Je ne sais de ce qui a suivi que ce qu'elle me raconta plus tard, mais pourquoi aurait-elle menti ?

Un couple de retraités patiente aussi sur le banc. La conversation se noue, car elle était aussi sociable que je m'efforçais de ne pas l'être. Au moment des adieux, l'homme aurait eu ces mots :

"Mademoiselle, la vie est une garce. Il faut lui voler tout ce que vous pouvez."

Commentaires

Superbe.

Écrit par : Naufanouille | 16/08/2009

C'est toujours intéressant un clavier qui s'agrandit. Je comprends la peur de l'étalage, mais entre le nombrilisme actif et l'art de puiser dans sa palette intérieure - d'instants, d'évocations z'ect- il y a belle marge comme le montre ce texte sobre et pudique (enfin, je voudrai pas donner dans le Lagarde & Michard hein! c'est juste que c'est agréable,comme ces galettes où alternent rocks cloutés et ballades).

Écrit par : Restif | 16/08/2009

Les commentaires sont fermés.