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14/02/2010

LA FUREUR DU TYPE QUI DECOUVRE L'EAU FROIDE

« Souhaite séduire ». 

 

Ce ne sont pas les termes employés par le président de l’udéssé, mais « conquérir » et « convaincre », ça semble verbatim, et c’est bien là le sens du message.

 

Je sais que je suis naïf, j’en ai pris conscience il y a dix ans environ, quand un pote me l’a fait cruellement remarquer. Un service qu’il m’a rendu. Mais ça n’y change rien : je ne comprends pas que si peu de gens soient heurtés par ce cynisme, qu’ils ne rejettent pas avec plus de virulence l’immense jeu de cons des élections.

 

Convaincre quelqu’un concernant un sujet précis, soit ; lui arracher son soutien inconditionnel et total sur la base d’un programme, à savoir un ensemble d’idées disparates, facilement contradictoires, et que l’on ne peut mettre en œuvre sans un pouvoir absolu, voilà : mon logiciel à comprenette commence à boguer.

 

Le parallèle racolage-campagne électorale est fastoche, soit. Mais à chaque fois, ça me frappe comme avec plus de violence et de clarté. « Votez pour moi » ou « Tu viens chouchou », ça me braque pareil, et surtout pas là où il faudrait.

 

C’est certainement parce que je suis foncièrement bobet, d’une candeur bien au-dessus de la moyenne nationale. Il y a comme ça des choses dégradantes et pragmatiques dans nos existences qui me bloquent. Des choses dont tout le monde connaît l’existence et la fausseté, et auxquelles un maximum de monde participe en toute connaissance de cause.

 

Moi, quand je ne crois pas, je ne bande pas, c’est vite vu, et c’est valable pour tous les domaines.

 

J’ai appris par exemple que des mecs s’entassent dans des bagnoles et vont dans les quartiers des putes avant d’aller en boîte, histoire de « se chauffer ». Faut sacrément aimer le sordide. Et être foutrement « froid » à l’état normal…  Alors, quand tous les quatre ou cinq ans, de parfaits inconnus viennent vous promettre le Changement, et que cinq ans plus tard ceux qu’ils ont remplacés vous chantent l’exacte même rengaine, je ne pige pas que le taux de participation dépasse le pourcentage des seuls distributeurs de tracts.

 

Comme je ne pige pas qu’on puisse payer une femme pour qu’elle se laisse faire. Je ne suis pas spécialement beau et j’ai connu de longues périodes de famine sexuelle qui m’ont amené à culbuter des pouffes innommables à force de trop de frustration, mais je n’ai jamais payé pour faire les poubelles, si vous suivez l’image. Par conséquent jamais voté.

 

Un bulletin dans l’urne ou deux francs dans le juke-box, pour allégoriser un peu moins sale, quelle différence ? Dans les deux cas, c’est choisir la courte chanson qu’on veut entendre, histoire de se venger des rengaines sirupeuses ou des jappements simiesques programmés par les autres poivrots du bar. Des poivrots parmi lesquels il y a des gens que je hais et qui me le rendent bien, des gens qui n’ont rien à foutre là, des gens qui veulent que le troquet ouvre ses portes à toute la putain de ville et qu’on y serve des sandwiches sans cochon. Je schématise à la hache, mais vous avez l’habitude.  

 

Chacun son tour, voilà la philosophie du truc. Comme si tout le monde avait droit à son « tour ». Comme si tous les avis se valaient. Comme si toutes les politiques avaient la même chance de donner les résultats escomptés. Et c’est ce dernier point qui éclaire tout le reste. Le taulier, il s’en fout bien de la chanson choisie du moment qu’on met des pièces dans la machine. Chante toujours, tu m’intéresses. Chacun son tour de contribuer à la paralysie générale.

 

Monsieur Moyen s'en rend tout aussi bien compte qu'un perdu comme moi ; c'est pour ça qu'il faut mobiliser l'électorat avec des scandales, des "dérapages", des gros mots sortis opportunément à quelques semaines de l'échéance, avec indignation sur commande et chorégraphie des repentants-pour-les-insultes-d'autrui. Les pisse-copie qui les relaient y croient-ils même une seule seconde ? Ont-ils d'ailleurs le choix de ne pas y croire ? Leur choix, si ça se trouve, c'est soit un peu d'autosuggestion pour oser se regarder de travers, soit prendre des dopants, soit changer de métier...

 

Selon que vous voterez à gauche ou à droite, vous cautionnerez une légère accélération ou un faible ralentissement de l’ethnocide ; un petit peu plus ou un petit peu moins de viol publicitaire permanent ; la culpabilisation des fromages au nom de la traite négrière ou de l’holocauste ; la transformation des villes en hypermarchés Citoyens ou bling-bling ; les rues quadrillées par le lumpen allogène ou par des escadrons de police ; le mépris de l’autochtone mâle hétéro promu par Hollywood ou par les services de l’Etat ; l'endettement à la consommation sur trois générations avec ou sans mièvrerie "préventive" ; de la malbouffe de l'antibouffe sous plastoque avec ou sans label Planète friendly ; la corruption intégrale des moeurs présentée comme un progrès étourdissant ou une banalité qui ne regarde que chaque consommateur; l'américanisation du globe sauce Bush ou sauce Obama;  la déshumanisation complète de nos existence avec ou sans vaseline New Age.

 

Dans les deux cas, la mort mais tchi-tchi d’abord.

 

La carte de donneur d’organes, c’est pour que le Système puisse recycler nos morceaux après notre mort. La carte d’électeur, c’est pour qu’il prenne un peu d’avance avant de débrancher la prise. Chaque voix compte ? Je ne veux pas compter.

Commentaires

A quand, Stag, la lutte armée ? Après la folie, après la drogue, après la trahison, quoi d'autre s'il-vous-plaît ? Le saccage des urnes ? La napalmisation de l'Elysée ? Des bombes à TF1, France Télévision, Canal +, dans tous les sièges des associations antiracistes et des partis ? La pendaison des spéculateurs wall-streetiens ? Des attentats à foison ?
Il faut trouver une cible... Mais je crains que nous ne formions tous qu'une gigantesque cible à l'échelle mondiale... suicide collectif alors... qui a une bombe atomique ?

Écrit par : cdlfdm | 14/02/2010

Pour le suicide collectif, du moins en Occident, c'est en route, patience... Mais évidemment, c'est très lent et pas très spectaculaire. Quant à génocider toute la planète ? C'est à voir. Mais les choses sont assez bien faites. Les endroits les moins répugnants et peuplés par les peuplades les moins abjectes s'en sortent plutôt bien tous seuls, et les nombreux rectums du monde se donnent beaucoup de peine pour s'éradiquer par connerie, obscurantisme, stupidité héréditaire. Il n'y aurait qu'à attendre. Boucler hermétiquement la prétendue Forteresse Europe, y décimer tout ce qui s'y trouve, attendre cinquante ans... Et tout retomberait sur ses pattes... C'est ça le plus triste : techniquement, la solution à l'essentiel de nos problèmes est dramatiquement simple et à appliquer à une portion dérisoire des terres émergées.

Écrit par : Stag | 14/02/2010

Il m'apparaît de plus en plus que le Système est rôdé à tel point qu'une révolte est strictement impossible. Un changement, tout autant. C'est à peu près ce que vous avez dit dans "Folie-Drogue-Trahison". Je vous en sais gré, d'ailleurs.
Plus je veux foutre le monde au diable, plus je m'aperçois qu'il y va gaiement.
C'est peut-être l'impasse grotesque dans laquelle Alain Soral est tombé, à trop s'essayer à la subversion. La cime de la subversion est peut-être une fosse commune. Vouloir tuer qui se suicide...

Écrit par : cdlfdm | 15/02/2010

Vous ne croyez pas, dans la perspective d'une mise sous scellés de l'Europe et d'un grand nettoyage, qu'on retomberait exactement dans les mêmes ornières, par fatigue héréditaire irrémédiable ?

Écrit par : cdlfdm | 15/02/2010

Ce qu'il faut craindre dans ce cas de figure, c'est un dogmatisme tout aussi imbécile que celui qu'il remplacerait, un puritanisme eugéniste plus cinglé encore que les pires délires Lebensborn, que nous ne soyons plus capables de raison, de compréhension, de compassion, de nuance, de toutes ces choses sans lesquelles il n'est ni grandeur, ni noblesse, ni douceur de vivre. C'est malheureusement ce à quoi il faut s'attendre en cas de retraite massive de l'Etat et du Marché dans des "réduits nationaux" ultrasécurisés, parce qu'ils ne laisseront derrière eux que des loques humaines et des cannibales, des féodalités immondes et mongoliennes. La révolte et le changement seront toujours techniquement possible, il faut peu de gens et peu de moyens, et énormément de détermination kamikaze. Mais pour reconstruire, pour faire du durable et du stable, c'est plus compliqué, ça suppose des communautés qui soient unies par autre chose que la trouille, l'avidité ou la bêtise, à savoir les bases de la civilisation actuelle. Ca sera chacun pour son cul et l'obsession de vengeance pour tous, voilà tout.

Écrit par : Stag | 15/02/2010

A quand la grande kamikazerie, alors ? Vous êtes partant ?
Pour l'après, eh bien... de toute façon ça ne pourra pas être pire, n'est-ce pas ?

Écrit par : cdlfdm | 15/02/2010

Ce qu'on aime à beau s'effondrer, de tout temps il y a toujours eu des gens qui ont voulu mettre tout le monde au diable, qui refusaient d'avaler. Nous on a la bougnoulerie en grippe mais c'est juste le hasard de notre époque. Chaque génération a eu son os à ronger, à la différence que leurs soucis étaient uniquement entre hommes pâles. Si on s'érige une europe proprette on sera toujours là à gueuler pour une raison ou une autre. Celui qui essaye me vendre qu'il est possible de recommencer sur du sain, il m'est autant crédible que le mec qui vient chez moi avec son tract et son programme magique. Les délires nihilistes c'est juste le niveau au-dessus.

Écrit par : Willard | 15/02/2010

à Willard,
C'est évident. Mais le coup du "chaque génération a eu son os à ronger", j'y crois de moins en moins. Entendez bien : chaque génération l'a eu, en effet. Mais sa taille, sa dureté, son goût n'ont cessé, me semble-t-il, d'empirer. Ma prof de français, jamais en reste quand il s'agissait de dire des bêtises, passa de nombreux cours à nous expliquer que de dire "avant c'était mieux" c'était dire une connerie. Ce qu'on peut apercevoir, quand on s'intéresse - et je ne doute pas, notez bien, que vous vous y intéressiez - à l'histoire de la littérature, c'est que la noble race des écrivains déversoirs de bile proliféra à exacte raison de la progression de l'horloge. Aujourd'hui les seuls écrivains qui tiennent, d'ailleurs, sont peu ou prou tous déversoirs de bile. Un hasard ?

(Je voulais préciser que mes ennemis sont en général des peaux pâles. Les bougnoules ne sont qu'une conséquence logique de la dégénérescence de ces peaux pâles, et à ce titre, leur présence ici est plutôt légitime.)

Écrit par : cdlfdm | 15/02/2010

la mort dans les deux cas mais tchi tchi d'abord
succulent !
excellent !
encore !

Écrit par : kobus van cleef | 15/02/2010

Je me permets juste de vous corriger, d'ailleurs, sur ce point précis :

ça n'est pas " tchi-tchi " mais " tchiki-tchiki "

merci.

Écrit par : Ritchie | 15/02/2010

cdlfdm,
Bien sûr que je suis d'accord avec ça mais je pense que la chute est irrémédiable, et donc que nos petites utopies rassurantes c'est rien d'autre que des bouteilles de vomi balancées à la mer comme disait je ne sais plus qui. C'était pour noter que nos rêves de propreté ne sont pas tellement différents de ceux que l'on veut nous vendre en période d'élection, j'ai trouvé un peu cocasse le fait que toi et Stag en parliez dans les commentaires de ce billet là.

Écrit par : Willard | 15/02/2010

Willard,
Moi aussi je pense que la chute est irrémédiable. Pas irrémédiable : mais déjà accomplie. Il y avait une certaine part d'ironie dans ma quête de solutions. Un peu comme un obèse qui se demanderait de quelle manière il va gagner le marathon !

Écrit par : cdlfdm | 15/02/2010

La chute de "quoi" est irrémédiable, précisément ? De la glorieuse Europe maîtresse du Monde, des Arts, et des Lettres ? Mais ça c'est déjà fait ! De 14 à 45 on a fait que ça : se suicider. Donc l'Europe est déjà morte. Là, nous n'en sommes qu'au premier stade de la décomposition .... (le grouillement des vers)

Écrit par : Hegel | 16/02/2010

Le Blanc ne durera pas, sa carrière est terminée. Kaputt !

"Les Blancs méritent de plus en plus le nom de pâles que leur donnaient les Indiens d'Amérique"

"Alaric disait qu'un "démon" le poussait contre Rome.
Toute civilisation exténuée attend son barbare, et tout barbare attend son démon."

"L'Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé."

"Les Romains de la décadence n'appréciaient que le repos grec (otium graecum), la chose qu'ils avaient méprisée le plus au temps de leur vigueur.
L'analogie avec les nations civilisées d'aujourd'hui est si flagrante, qu'il serait indécent d'y insister."

Cioran. De l'inconvénient d'être né.

Écrit par : Ns | 16/02/2010

C'est pas mal cette idée de la construction européenne comme validation du décès.
L'Histoire est passionnante en ceci qu'elle n'est jamais là où on l'attend

Autre exemple: le soi-disant triomphe du Capitalisme (enfin la croyance) au moment même où celui-ci est mûr pour tomber.
C'est la mécanique Historique et scientifique dans toute sa splendeur. Inratable.

Plus Chaplinesque: le type qui tombe de l'échelle au moment où il croit atteindre l'ampoule à changer.
Variante, il reste accroché à l'ampoule, frit comme un poisson.

Sinon bon article, comme souvent. La haine inspire largement autant que l'amour.

Écrit par : Sébastien | 17/02/2010

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