01/09/2010
MALBOUFFE POUR SNOBS
En tournée théâtrale à l'heure où j'écris cette chronique, je suis dans la peau d'un type, loin de ses bases, qui doit s'en remettre à des mains plus ou moins expertes pour assurer déjeuner et dîner et là, colère et consternation m'étreignent.
Si on décide de manger simplement, on est souvent immédiatement [sic] confronté à deux cas de figure :
Des assiettes où l'on ne distingue même plus ce que l'on mange, où la salade, les légumes, les sauces sont jetés sur la viande ou le poisson, où découvrir ce que l'on a commandé tient du jeu de piste, où la quantité est censée faire oublier la médiocrité.
L'assiette est prévomie en somme !
Ou alors l'inverse, mais au fond la même chose :
Une cuisine dont la seule finalité réside dans l'originalité (croient-ils) de sa présentation et où la prétention le dispute à la nullité.
Viandes en verrines (ah! La verrine!!!), volaille qui se résume au suprême coupé en deux (où sont les pilons, les ailerons, bref, ce que j'aime ronger quand on aime la volaille), des assaisonnements si compliqués que plus une saveur ne domine et surtout pas celle du produit que l'on croyait goûter. On singe maladroitement la cuisine des grands mais on oublie que les grands, quand ils naviguent dans la complexité, n'oublient jamais, eux, que cette complexité est au service du produit initial et pas le contraire. (...)
Pierre Arditi (oui, celui-là), Terres de Vins n°6, juillet-août 2010, p.120
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