01/10/2010
ON VA PAS SE FOUTRE DE NOTRE GUEULE QUAND MÊME
La liberté est une salope qui ne se donne qu'aux pourceaux et aux assassins, et, si on la veut, il faut la mener au lit à coups de bottes. (attribué à Léon Bloy).
17h. Le soleil décline et nous chauffe la peau à travers les vêtements légers que nous pouvons encore miraculeusement porter en ce début d'automne brumeux, aux petits matins glaçants. Une semaine d'expédiée. Et comme cette existence est une garce, on va appliquer la recette du périgourdin aux yeux fous et lui défoncer la rondelle comme il faut ce soir. Suivez la manoeuvre, c'est tout con.
Au frais : j'hésite encore entre un chardonnay, un chasselas ou un pinot gris. Ce sera selon l'humeur, pour faire un sort à cette saucisse si sèche qu'on dirait un bout de bois noirci.
En ce moment, mijote le coulis de tomates – des coeur-de-boeuf ramenées de la ferme toute proche, avec ail rose, échalotes, origan du fabuleux jardin d'un pote rital, gros sel et clous de girofle. Objectif : évacuer un peu de flotte pour ne conserver qu'un jus épais et moelleux. On y incorporera, au moment de servir, une ratatouille à base de courgettes et poivrons brièvement sautés, ainsi que des petits dés d'aubergine préalablement frits.
Sur le plan de travail, une côte de boeuf rassie à souhait, dont les bords prennent cette teinte violacée affriolante pour l'oeil expert. Nous lui fermerons sa gueule quelques secondes au grill en fonte, puis l'enfournerons à 200° pendant quinze à dix-huit minutes, sous cloche. On y nappera ensuite un bon morceau de beurre manié à l'ail frais, ciboulette et persil.
Et pour sublimer ce modeste programme, nous déboucherons d'ici quelques temps une topette de Château Barrabaque cuvée Prestique, un incomparable Canon-Fronsac 2003 offert récemment par un homme de goût et de parole.
Tout doit disparaître.
17:27 Publié dans In hoc vino vinces | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
On mange bien, en Suisse ?
Écrit par : Robert Marchenoir | 01/10/2010
Bon ap' !
Écrit par : Le Pédé | 01/10/2010
@ Bob Blackfoot : En-dehors de chez moi ? Oui, ça arrive. Mais c'est foutrement plus cher et on ne peut se resservir ni de bidoche ni de picrate.
Écrit par : Stag | 01/10/2010
Et en plus c'est équilibré, bah dis donc...
Écrit par : heidi | 02/10/2010
Hahaha, je me doute qu'on mange bien chez vous, quelqu'un qui grille sa côte de boeuf avant de la mettre au four est déjà un grand malade à ce niveau...
En fait, ma question portait surtout sur les produits. J'ai cru comprendre qu'on trouvait de grands restaurants en Suisse, mais que la restauration courante était très moyenne et plutôt chère. Bon. Dommage. Mais pour les produits ? Trouve-t-on facilement de bons produits pour faire la cuisine ?
J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas de crème fraîche, ce qui me paraît déjà un drame international. Comment peut-on faire la cuisine sans crème fraîche ? Tsss.
Écrit par : Robert Marchenoir | 03/10/2010
Avez-vous des nouvelles d'Ivane et de son blog "Aumilieudesruines" ?
On dirait qu'est désormais interdit aux pauvres anonymes dont je fais partie.
Écrit par : OiOiOi | 05/10/2010
@ Bob : c'est vraiment dommage que je sois ouaciste, parce que ça ne me permet guère de railler chez autrui les stéréotypes idiots :) Non, ce ne sont pas les bons produits qui manquent, simplement il faut sortir du circuit des supermarchés (Coop & MIgros) pour en trouver. J'affirme même que la bidoche est bien mieux coupée en Chuiche qu'en Afrance, où l'on a visiblement coutume de manger le gras, la couenne et les nerfs au même titre que la bonne viande. Quant à celui qui vous explique qu'on n'a pas de crème fraîche, c'est un coquinou au minimum, ne lui achetez jamais rien.
@ Oi : pas plus de nouvelles maintenant qu'auparavant, entchouldigoungue. Censure extérieure ? Hermétisme délibéré ? Le ton volontiers private-jokesque du gaillard me ferait plus pencher pour la seconde explication. Eisangelie a fait de même récemment, et lui n'avait pas même l'excuse de commentaires pollués puisqu'ils n'étaient pas ouverts.
Écrit par : Stag | 05/10/2010
@OiOiOi: oui, ça craint du boudin cette histoire des Ruines, c'était un bon blog, on y apprenait des choses en matière d'histoire et de regalia littéraire fascistoïde ; le côté païen misanthrope était aussi plus que sympathique, et la lucidité désespérée du gars changeait de la bêtise crasse qui infeste le milieu "fafoïde-nindentitaire" et réac-mou à 98 % (je suis magnanime !). Si quelque un a des niouz à propos de ce blaugue, qu'il me contact à l'adresse laissée, ou ici !! Désolé de spammer votre blog M.GreyZone, mais bon, un peu de cholidarité anar-faf ça fait pas de mal, huhu. Et puis votre blog aussi est très bien. C'est dit.
Écrit par : Wolf Age | 06/10/2010
Hahaha, c'est un stéréotype qu'on mange mal en Suisse (*) ? Alors ce doit être vrai : tous les stéréotypes sont vrais... Cela dit je suis un peu inquiet avec votre histoire de boucherie : chacun sait bien que le meilleur dans la viande, c'est le gras... Et la couenne, non, personne ne mange la couenne en France : déjà, il faudrait qu'il y en ait sur la viande...
(*) Sauf chez vous, bien entendu, ça se voit...
Écrit par : Robert Marchenoir | 07/10/2010
Vous voyez bien que ça ne me réussit pas, de m'insurger contre les caricatures de l'Autre et sa Richesse, ça sonne faux... Je le savais, j'ai perdu le truc depuis trop longtemps pour être convaincant...
Moins sérieusement : l'Afrance restera, pour quelques lustres encore, culinairement bien supérieure à la Chuiche, qui ne dispose pas vraiment d'une gastronomie propre, enracinée. Nos meilleurs chefs s'inspirent de leurs collègues hexagonaux, ou jouent du moins sur la même partition. Mais je vais peu au restau, préférant faire la popote moi-même.
Écrit par : Stag | 07/10/2010
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