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03/05/2012

SUR LE CONCEPT DE MILICE

 

Puisqu'il est établi que l'Etat est notre ennemi, et que par conséquent toute représentation parlementaire revient à cautionner ses agissements contre nous; 

Puisque la sécurité n'est pas une question politique (elle pourrait le devenir à l'avenir, mais alors nous y perdrions le peu de liberté qui nous reste) mais sociale et qu'elle dépend donc de chaque communauté et des individus qui la  compose;

Il faudra se résoudre à nous organiser contre/malgré/en-dehors de l'Etat pour assurer notre propre sécurité. 

Une réputation pourrie : obstacle à toute discussion sérieuse du sujet

Comme beaucoup de sujets considérés comme "sensibles" par la Bonne Société, et dont la droite radicale affecte d'être spécialiste, le premier obstacle à une réflexion calme et pragmatique est que le sujet peut vous faire passer pour un loquedu illuminé. 

Le principal souci du concept de milice est qu'il est discrédité depuis presque un demi-siècle par plusieurs facteurs : une trop longue période de stabilité apparente, l'amollissement général des moeurs, la disparition des valeurs masculines et leur salissure systématique par le Spectacle, la guerre que fait un Etat à vocation de contrôle total au droit des armes, etc. Plus important peut-être :  il est invoqué surtout par des sociopathes, des gens dont la condition mentale et physique les rend inapte à tout type de service militaire.

Cul et guerre ont ceci en commun qu'on les pratique moins à mesure qu'on en parle. J'accepte la critique en écrivant ceci et précise, pour que les choses soient claires,  que si j'ai accompli mon école de recrue, j'ai été réformé peu de temps après, en exagérant des soucis de santé secondaires.

Mépriser les objecteurs, zapper les tarés

Cet argument, à défaut d'être totalement valide, n'en est pas moins efficace pour couper court à toute discussion franche d'un problème important : nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour tous les aspects essentiels de notre vie. L'école ne fait pas de nos enfants des citoyens au sens où nous l'entendons. Les gouvernements et parlements ne tiennent pas compte de notre avis sur les sujets qui importent vraiment. Les médias n'abordent pas les problématiques réellement urgentes de notre actualité politique, culturelle et sociale. Et enfin, la police ne nous protège pas contre les véritables menaces quotidiennes.

Si l'on accepte de  s'informer par des canaux alternatifs, c'est que l'on ne fait pas confiance au journaliste de base. Si l'on ne participe plus au cirque démocratique, c'est que l'on n'a pas plus confiance dans les arrivistes et les saltimbanques qui prétendent défendre nos intérêts. L'aboutissement logique de cette défiance généralisée est de ne pas faire confiance aux forces légitimes de l'Etat pour assurer notre protection.

On ne parle pas de fantasmes à base de militaria défraîchie pour impotents incapables de se discipliner tous seuls et de vivre un tant soit peu selon les valeurs qu'ils professent : il s'agit ici de faits très concrets, que quiconque a déjà vécu une agression sérieuse connaît bien. Si l'agresseur est exotique ou peut jouer la carte de la Correction Politique, on vous dissuadera de porter plainte. Face à la violence ethnique ou politique, la seule ligne "acceptable" pour les Européens est de se coucher. La police vous l'explique, les médias vous le répètent, les parlementaires en rajoutent une couche. 

Le concept d'autodéfense est le pendant pratique de la "théorie du complot": pour faire partie de la Bonne Société, vous devez considérer toujours a priori démontrée 

- l'honnêteté des journalistes 

- l'impartialité des historiens

- la sincérité des politiciens 

- l'efficacité des policiers

- la rigueur de la justice

Le doute vous classe parmi les désaxés, dangereux ou pitoyables selon le cas. 

Soyons parfaitement francs : les rangs de la dissidence autoproclamée draîne une foule de gogols, d'hallucinés, d'idiots demi-savants et de ratés en tous genres. C'est un milieu qu'il faut fuir - mais dont les analyses et les idéaux ne sont pas invalidés par la personnalité de leurs promoteurs. Il en va de même pour certaines médecines alternatives : qu'une majorité de doux-dingues et de vieux hippies les idolâtrent ne les rend pas inefficaces, et en conserver les meilleurs aspects ne fait pas de vous un crasseux à dreadlocks. 

Il faut réfléchir à la notion d'autodéfense organisée malgré l'attrait qu'elle exerce sur les tarés paranoïaques, qui se disent "libres penseurs" parce qu'ils ont lu un blog, ou qui se croient prêts pour la Guerre Civile Ethnique parce qu'ils planquent une pétoire dans leur cave. 

Une fois acceptée la mauvaise image liée au concept d'autodéfense, et posée la légitimité de sa discussion, il faut aborder les moyens concrets de son organisation.

L'exemple helvète

En Suisse, il est moins scandaleux qu'en France, pour la bonne raison qu'il fait partie d'une longue tradition. Mais son ancienneté n'en pose pas moins problème pour sa bonne compréhension. Il est habituel de considérer l'armée nationale comme une "milice", parce que chaque citoyen est, en principe, astreint au service, et que beaucoup d'hommes possèdent un fusil d'ordonnance à la maison. Cette  idée est contredite par les faits : une milice, par définition est une force SUPPLETIVE de l'armée régulière. Elle est d'essence tribale, vouée à la défense d'une partie seulement de la population, et par conséquent une portion particulière du territoire.

En Suisse, il est rare que le citoyen-soldat effectue son service dans son environnement habituel : il est envoyé dans une caserne lointaine, souvent dans un canton dont il ne parle pas même la langue. Il est affecté à une "arme" qui sera mobilisée n'importe où à l'intérieur des frontières nationales, selon le besoin. Sa maison natale pourra être détruite, sa ville occupée, son canton bombardé, qu'importe : il ira où le commandement le lui ordonnera. 

L'exemple le plus emblématique de cette "déterritorialisation" de la milice est le plan de "Réduit National", imaginé par les stratèges de la Seconde Guerre mondiale. En cas d'attaque extérieure, une portion gigantesque du territoire serait abandonnée avec peu voire pas de résistance, et les troupes réfugiées dans des forteresses de montagne, y attendant d'hypothétiques secours des Alliés, et n'en sortant que pour des escarmouches. On voit à quel point l'idée de Nation est coupée de celle de Patrie.

Cette manière de fonctionner provient essentiellement de la conception de la "Nation" que l'on avait au XIXè siècle : l'armée était alors un outil d'intégration, de construction d'une identité nationale supra-régionale, largement artificielle - ce d'autant plus dans un pays qui rassemble quatre régions aux différences culturelles très marquées, à commencer par les langues qu'on y parle. Soumise à l'autorité de l'Etat fédéral, la "milice" actuelle n'est pas autonome et n'est pas liée à une région particulière. Son nom est donc une complète usurpation. Ses cadres, d'ailleurs, ne rêvent que d'engagements en-dehors du pays, ne débattent que du prix des nouveaux avions de combat, et ne s'inquiètent que de maintenir une institution servant à unifier un pays au-delà de frontières culturelles et linguistiques que pratiquement aucun citoyen ne franchit ni ne désire franchir durant sa vie civile. L'armée de "milice" n'est en l'état qu'une armée étatique. 

S'inspirer des pompiers volontaires

Un modèle bien plus intéressant est celui des corps de pompiers. 

Les pompiers professionnels sont organisés sur un modèle ouvertement militaire. Leur entraînement physique est exigeant, les dangers qu'ils rencontrent sont extrêmes. L'idée ne vient pourtant à personne de considérer les pompiers volontaires comme des guignolos romantiques, inefficaces et dispensables. Eux aussi doivent remplir des missions importantes, hautement risquées, et doivent pouvoir se mobiliser très rapidement en cas de sinistre. Leur entraînement est autrement plus sérieux, régulier et pragmatique que celui de l'armée nationale.

Un soldat suisse est tenu de pratiquer le tir au fusil de loin en loin ; sa forme physique n'a aucune espèce d'importance ; les "cours de répétition" sont le plus souvent une occasion de beuveries intenses et les simples soldats qui y participent n'ont majoritairement rien à foutre des exercices auxquels ils participent. Un un mot: la "milice" suisse n'est en aucun cas préparée à remplir les missions qui lui incombent, et qui comportent autrement plus de risques mortels que pour un pompiers, en cas de mobilisation contre un ennemi décidé, extérieur ou intérieur. 

Il en va tout autrement des corps de pompiers locaux. Ils n'ont aucune excuse pour ne pas combattre efficacement un incendie. Ils sont d'autant plus motivés à prendre leur travail au sérieux qu'il a lieu dans les villages où ils vivent. Ils sont souvent une excellence connaissance du terrain, des voies carrossables et des points d'eau les plus proches. Leur matériel et leur organisation n'ont rien à envier à ceux des professionnels. Ils sont une composante connue et plutôt populaire de la vie quotidienne de leur région. S'il est commun de railler l'armée, qui "tue, pollue et rend con" selon l'antique rengaine, on aura de la peine à trouver un antimilitariste obsédé par les corps de pompiers. 

Les pompiers volontaires sont l'exemple vivant que les citoyens ordinaires sont capables d'organiser avec rigueur et efficacité tout un pan de leur propre sécurité, face aux plus grands dangers que comportent leur environnement naturel: feu, innondation, glissement de terrain, tremblement de terre. En laisser la gestion à des pros aguerris ne constitue pas un débat animé. Leur existence n'est pas remise en question, pas plus que leur compétence. On accepte que le boucher, l'instituteur, la coiffeuse, consacrent une partie de leur temps libre à la protection de leur communauté, en risquant leur intégrité physique, voire leur vie, dans des situations qui effraient le commun des mortels. 

Est-il réellement "mytho", exagéré, irréaliste, de proposer une même organisation face aux agissements de la racaille et des mafias ethniques ? 

La presse castrée, la police impuissante, la parlementaille cynique et les attentistes "réalistes" pensent que oui. 

 

Commentaires

"Mépriser les objecteurs, zapper les tarés"

enfer !
il y a 17 ans j'étais objecteur
et je suis pas mal taré, aussi

sinon ki c ki a écrit ce texte ??

Écrit par : GAG | 03/05/2012

Intéressant, merci.
Il aurait peut-être juste fallu aborder les aspects pratiques de la chose:
création de la structure (assoc loi 1901 ?), port d'arme, communication auprès de la population (sans passer pour une bande de tarés)...

Écrit par : marc | 03/05/2012

En taré j'en connais un rayon aussi :)
Mais moi, il y a... oh la déjà ?!! quelques décennies, l'on m'a inculqué quelques rudiments militaires, tirer, explosifs, opérations commandos, tuer à mains nues, sauter d'un aéroplane...
Et je n'étais pas le seul taré sur les bancs de cette "école",
Figurez-vous, il y avait beaucoup moins de violence dans nos rues !

Écrit par : Baudricourt | 03/05/2012

En plein prurit électoral, où coteries adverses et complices se livrent à leurs pitreries habituelles, où chacun rivalise en conseils stratégiques et tactiques tous également débiles, ce texte sensé et clair rompt opportunément avec la bêtise démocratique ambiante.

Une fois n'est pas coutume, je te dis merci.

On ne dira jamais assez de bien de l'exemple donné par les pompiers volontaires, cette excellente et rude école où l'on ne laisse rien au hasard, en général.

Écrit par : Danny | 03/05/2012

Toute la difficulté consiste à trouver des personnes correctes qui pensent comme nous. J'habite un village dans la campagne, si je parle de cette idée à quelqu'un je vais passer pour un taré que je ne suis pas. Et je ne connais pas encore assez les gens pour dire que j'y ai de bons amis - qui seraient prêts à sauter le pas.
Parce que ce concept de milice n'a de sens, comme indiqué dans l'article, que s'il est exercé dans un même village / quartier (disons quelques kilomètres d'éloignement au grand maximum).

Écrit par : Fayard du Nord | 11/05/2012

Je suis tombé sur ça, j'ai pensé à votre article : http://www.theatrum-belli.com/archive/2012/05/19/rms-l-armee-suisse-face-a-l-option-de-la-guerilla.html#more

Écrit par : daredevil | 19/05/2012

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