12/05/2012
L'AFRICANISATION SANS AFRICAINS
L'Europe s'africanise. C'est indéniable. Ethniquement, sans doute, dans certaines de ses régions (inutile de ressasser la 258e anecdote sur le retour en bus ou en RER, à Ivry ou Bobigny, où l'on se retrouve « le seul blanc! »), mais bien plus sûrement mentalement et psychologiquement.
L'esprit d'entreprise (compris en son sens premier, non dans celui d'appétit spéculatif et mercantile), de création, d'aventure, de révolte, d'exploration, bref le fameux « prométhéisme » a en effet laissé place à une passivité, une résignation indolente presque absolue, une soumission à peine plaintive qui n'a rien à envier à l'aboulie de beaucoup de peuples africains face à la misère endémique et entretenue de leurs pays.
Prenons le cas de l'Italie, pays encore largement « ethniquement homogène », berceau culturel et historique de la civilisation. Voilà un pays dirigé par un gouvernement non élu imposé par l'étranger, saigné à blanc par celui-ci (2,5 milliards d'euros ponctionnés pour « rembourser » la banque Morgan Stanley dont le vice-président est Giovanni Monti, fils de l'actuel président du conseil...), lobotomisé à vitesse grand V par des médias et une télévision indignes d'une favela sud-américaine, et au sein duquel il est impossible de discerner le moindre signe de révolte, le moindre sursaut d'énergie vital, le moindre élan collectif d'insoumission, la moindre vélléité rebelle ou révolutionnaire...
En dehors des actions de l'habituelle poignée d'activistes politiques isolés, les seules signes « populaires » de refus et de rejet sont les suicides qui se multiplient drastiquement dans le pays... Mais au delà de ces actes tragiques et désespérés: rien. Le renoncement glaçant et pathétique du « ça pourrait être pire », du « tant que j'arrive à peu près à m'en sortir », du « ca devrait encore tenir jusqu'à ce que je meurs », du « c'est comme ça »...
Ainsi ce garçon d'à peine plus de 20 ans, petit-fils des épopées garibaldiennes, squadristes et fascistes, acceptant de travailler 10 heures par jour pour 4 euros de l'heure, avec 30 minutes pour déjeuner et interdiction d'aller aux toilettes sans demander l'autorisation, s'enfonçant inexorablement et presque sans un mot dans une économie de survie à l'heure où une infime minorité accumule des bénéfices insanes et des fortunes jamais égalées.
A ce rythme, il n'y aura bientôt plus besoin d'immigration, tout le monde étant déjà devenu africain.
20:12 Publié dans La Zone Grise | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Cette question m'a longtemps obsédée, surtout plus jeune lorsque je faisais partie d'un groupe d'extrême-droate.
Je me demandais pourquoi la grande masse était si molle face à tant d'aberration, pour l'homme moderne était si moutonnier, alors qu'issu, concernant les Européens, d'un peuple ayant découvert des continents et réalisé des choses extraordinaires.
Un temps, j'ai mis ça sur le compte des deux guerres, surtout le première, qui aurait génocidé les plus forts et les plus sains, ne laissant que les moins braves se reproduire.
En partie vrai peut-être, mais en même temps, était-ce vraiment malin d'aller se faire massacrer face à des types qui nous ressemblent? Certes, autre temps, autres moeurs, le boche d'alors était présenté par notre belle propagande comme le fils du diable en personne. Mais ne fallait-il pas déjà être un peu bête pour croire celà?
Puis j'ai eu comme une révélation, un truc qui m'a semblé évident. Ceux qui ont découvert l'Amérique (scandinaves ou non peu importe) étaient une minorité, une élite. Des Léonards de Vinci ou des Jean de la Fontaine, il n'y en avait pas pléthore. En réalité, l'homme européen sait produire des êtres exceptionnels, et il y en a encore aujourd'hui, certes médiatiquement étouffés par le concert des nullités en tous genres.
Par contre, le reste, les 95% de veaux et de moutons, ils ont toujours existé. Rien n'a changé. La plèbe qui se fait maltraiter sans réagir par les dirigeants - rois, seigneurs locaux, présidents, dictateurs, tout ce que vous voudrez -, ce n'est pas nouveau.
Déjà à Rome l'élite fonctionnait selon le principe "du pain et des jeux": l'élite organisait les jeux du cirque, l'élite d'en-dessous y participait et le reste se contentait de regarder en applaudissant.
A la toute limite, la seule différence, c'est qu'on exaltait des vertus guerrières alors qu'aujourd'hui on exalte la médiocrité; gladiateur contre loft storistes, ok on a chuté. Mais pour le reste, quoi de neuf?
Écrit par : Fayard du Nord | 14/05/2012
Fayard du Nord
Oui je pense que vous avez raison.
Cela étant dit, quand bien même l'existence conjointe d'une élite et d'un peuple moutonnant a toujours été constatée, on observe une chute sévère des qualités des uns et des autres.
Si je reprends votre ratio de 95/5%, il n'a certainement pas changé, mais sa qualité, oui.
Cela me rappelle une assertion de Brighelli qui m'a marqué : il écrivait dans un de ses ouvrages que le bac+5 de 2005 valait le bac (tout court) de 1990.
Les meilleurs de 1914 ne sont évidemment pas les meilleurs de 2012. Quant aux suiveurs, il y a de grandes chances qu'ils soient identiques mais on en revient au point immédiatement précédent : si un peuple est ce qu'on en fait, alors tout dépend du "cerveau" dans cette affaire (le peuple étant le corps) et aujourd'hui ce cerveau est malade.
Il y a un autre point dans cette affaire : les élites ne se valent pas entre elles, car ces 500 dernières années ce sont des Européens (ou leurs descendants directs) qui mènent la baraque, qui ont cartographié chaque centimètre carré de la planète et qui ont *tout* inventé du monde moderne.
Les meilleurs chinois n'avaient pas l'air si enclins que ça au dépassement de leur propre condition, et par pudeur je ne mentionnerai pas les "élites" indiennes, amérindiennes ou africaines.
Il y a donc un génie du peuple qui s'exprime ici et qui dort là. Les hommes ne sont pas égaux, holy shit : ni entre eux au sein de la même ethnie, ni entre ethnies (ni entre races, qui n'existent pas rassurez-vous).
Bon en fait nous disons tous deux exactement la même chose, mais ça fait toujours plaisir de le constater.
Au sein de ce peuple protéiforme il y a tout de même des différences très visibles et ce en peu de temps ; pour s'en convaincre il suffit de regarder un film français des années 70 ou 80, n'importe quelle comédie où l'on voit des "non-acteurs" passer devant l'objectif ou encore un portrait de gens simples de l'époque (par exemple le phénoménal "L'Entourloupe"). Une certaine candeur et une certaine simplicité ont disparu au profit de nouvelles valeurs artificielles très homogènes, systématiquement tirées vers le bas et le facile.
Un enfant de 10 ans en 2012 a déjà vu plusieurs pornos grâce à internet ; mon vieux père né avant-guerre me confiait qu'arrivé à l'âge de 20 ans il n'avait toujours aucune foutue idée de la sexualité et qu'il était d'une confondante naïveté. Que doit-on préférer là-dedans ?
Avec les années je crois que nous tous qui consacrons quelques minutes de nos journées à lire et à intervenir sur ce genre de media vivons une double nostalgie : celle d'un temps passé que nous n'avons pas connu et celle d'un état humain inatteignable et impossible.
Ces deux rêves ne mènent qu'à la frustration, à laquelle s'ajoute la frustration supplémentaire des moyens dérisoires d'assumer le réel au quotidien et les solutions minimales qui s'offrent à nous pour le pallier.
Écrit par : GAG | 14/05/2012
efa choly a dit
"nicolas sarkozy a réalisé l'africanisation de la vronze"
mais, ma bonne dame , le processus était en route bien avant !
Écrit par : kobus van cleef | 14/05/2012
On est d'accord!
Écrit par : Fayard du Nord | 14/05/2012
Vision de l' Italie excellente !!!...lamentations et résignation totale sont à la Une .....les gens auraient déjà du tout casser et pendre une cinquantaine de traitres haut et court sur le Forum Impérial ...
Quoique ...certains signes avant - coureurs .........
Écrit par : chris | 15/05/2012
Mouais... J'aime votre style, et quand vous ne parlez pas d'économie, je suis quasiment systématiquement d'accord vous et admire même votre façon de présenter les choses de manière aussi intelligente.
Mais comment pouvez-vous utiliser ce billet de merde (j'aime bien l'auteur aussi, mais il m'énerve autant que vous à propos des mêmes choses) qu'on pourrait tout aussi bien trouver sur le forum du Front de Gauche. Les Italiens, et les Grecs, les Espagnols et nous-mêmes d'ailleurs, très bientôt: contre quoi devrions-nous nous rebeller? On a claqué du fric comme s'il en pleuvait pour nourrir les fonctionnaires et les immigrés, et maintenant on vient gueuler parce qu'il faut rembourser? Mais c'est un peu la base de l'économie, ça, non? Et de la MORALE, et de l'INTEGRITE, non? C'est de la faute de Morgan, Goldman Sachs ou JP Morgan si on ne crée aucune richesse en Europe si ce n'est à crédit et qu'on s'amuse depuis des décennies à avoir toujours plus de fonctionnaires analphabètes et d'immigrés itou?
Ce ne sont pas les banques qui nous ont foutu dans la merde. Ce sont les peuples eux-mêmes. Ce ne sont pas les banques qui obligent les peuples à vivre à crédit. Les banques ne sont que des intermédiaires entre des types (vous, moi, vos parents, les miens) qui, par leur travail et leurs sacrifices, ont réussi à mettre de l'argent de côté qu'ils veulent voir, ne serait-ce qu'un peu, rapporter et ceux, les Etats en l'occurrence, qui ont besoin de cet argent pour goinfrer leurs fonctionnaires et leurs zimigris.
Alors oui, il faut se rebeller. Mais pas en allant décapiter les patrons, en allant brûler les banquiers et en disant à tous ceux qui ont acheté des obligations d'Etat: allez vous faire foutre, vous ne reverrez pas la couleur de vos biftons. Ca, ce sont des méthodes de communistes. La vraie rébellion, elle doit se faire contre ces putains d'élites politiques qui nous ont enculé pendant des décennies en dépensant des sommes monstres pour détruire l'Occident en organisant l'invasion Islamo-africaine. C'est pas Nomura, RBC ou Deutsche Bank qui ont organisé cela: les banques s'en branlent royalement, et à raison, de qui fait quoi. Ce sont nos hommes politiques. Ceux pour qui on a voté. Les banques sont des entreprises et à ce titre, on n'est pas dans OuiOui, elles essayent, tant bien que mal, de faire du fric. Mais ce ne sont pas elles qui font les règles. Elles deviennent le maitre du jeu quand elles finissent par tenir par les couilles des Etats qui se sont rendus dépendants d'elles pour fonctionner un tant soit peu normalement. Si on ne veut pas être dépendants des vilains marchés financiers, c'est simple: on n'a pas de dette, ou raisonnablement. Si on n'aime pas les banques, c'est simple: on ne passe pas par elles. On achète sa baraque cash. On économise pour partir en vacances. On bouffe pas du caviar 3 fois par semaine. On dépense au maximum ce que l'on gagne. On ne dit pas: "tu m'as prêté 10 briques, et bien j'tai enculé, t'en reverras pas la couleur". Parce que si un pote à vous s'amusait à faire ça, au mieux (pour lui), vous ne lui adresseriez plus la parole, au pire vous lui éclateriez la gueule, et à raison. PArce que ce sont des méthodes de voyous afro-maghrébins. Alors pourquoi les Grecs, Italiens, Espagnols et tutti quantti devraient utiliser ces méthodes?
Que les Grecs assument leurs conneries: leurs semaines de 25h payées 50. Leurs 12 semaines de congés payés. Leurs impôts non payés. Idem pour le Italiens, les Espagnols et les Français.
Étonnamment, le Japon, l'Australie, le Canada... ne sont pas dans cette merde là. Ils devraient pourtant eux-aussi être victimes des banques. Mais le bordel, il n'a lieu qu'en Europe (les Etats-Unis s'en branlent de la dette, le USD étant la monnaie de référence et les commos étant touts libellées en USD, ils s'en contrefoutent de faire tourner la planche à billets). Là où l'on retrouve le plus d'immigrés et de fonctionnaires, et le moins de libéralisme.
Et le dernier paragraphe:
"Ainsi ce garçon d'à peine plus de 20 ans, petit-fils des épopées garibaldiennes, squadristes et fascistes, acceptant de travailler 10 heures par jour pour 4 euros de l'heure, avec 30 minutes pour déjeuner et interdiction d'aller aux toilettes sans demander l'autorisation, s'enfonçant inexorablement et presque sans un mot dans une économie de survie à l'heure où une infime minorité accumule des bénéfices insanes et des fortunes jamais égalées."
Putain mais c'est juste grotesque: parce qu'ils vivaient bien, les ritals au 19ème siècle? Ils bossaient pas 15h par jour 6 jours par semaine? Bah non. Ils avaient leur lopin de terre et ils allaient dire aux autres d'aller se faire enculer. Que eux vivants, ils ne bosseraient pas pour quelqu'un d'autre, un enculé de patron affameur du brave peuple libre et clairvoyant. Pffff, mais bordel quelle blague! Et le pire, c'est que c'était pas pour l'équivalent de 4eur de l'heure, mais simplement pour avoir de quoi bouffer et de quoi s'abriter. Putain mais cette mauvaise foi est hallucinante.
Et les différences de niveaux de vie entre les seigneurs locaux et les paysans, elles étaient minimes, c'est ça? Putain mais les inégalités de "fortune" à cette époque, elles existaient dans un rapport infini, entre ceux qui n'avaient rien, NADA, ZERO, QUE DALLE, PEAU D'ZOB, et les autres qui s'envoyaient des cygnes rotis et des canards bien juteux entre deux parties de jambe en l'air avec les femmes et les filles des premiers.
C'est justement grâce à l'économie de marché que les gens vivent 1000 fois mieux qu'il y a 100 ans. On en a rien à branler que certains amassent des fortunes si le péquin moyen vit mieux. Ceux qui amassent des fortunes ne le font pas aux dépens de ceux qui ne le font pas. Ce n'est pas un putain de jeu à somme nulle bordel.
L'extrême droite d'extrême gauche, ça me fait gerber en fait. J'écris tout ça et je me dis: putain mais comment on peut dire des choses aussi brillantes par moment et être aussi con sur d'autres sujets. Comment peut-on trouver un terrain d'entente avec des types comme Mélenchon, Choly ou Hamon. Quant à moi, je n'ai AUCUN point commun avec ces gens-là. Et j'aurais honte d'en avoir. Et je ne parle bien entendu pas de leur goût prononcé pour la crème caramel, dont je raffole également. Mais des vrais sujets: l'immigration, l'écologie, l'économie, l'éducation.
Je vais vomir. Bonne nuit.
Écrit par : Heimdal | 30/05/2012
Heimdal
si je puis me permettre :
votre réaction est typique d'un possédant
ou d'un aspirant possédant
me trompé-je ?
"Ceux qui amassent des fortunes ne le font pas aux dépens de ceux qui ne le font pas"
je vais pas vous baratiner, j'ai pas lu Marx (comme tout le monde, en fait)
mais là il me semble que vous remettez des évidences en question
au-delà même du fait que la relation patron-employé est évidemment de l'ordre du semi-esclavagisme (surtout depuis quelques années), il est curieux d'oublier l'équation simple du travail :
profit = plus-value du travail effectif ("vrai travail" huhu) - salaire
quand je viens chaque matin me faire troncher le cul par mon boss (et croyez-moi sur parole je pèse mes mots), je lui donne bien plus (et dans mon cas : bien, bien plus) que ma simple rémunération
il s'enrichit donc à mes dépens, directement
et me faites pas le coup du "mais pas du tout, cet argent est réinvesti dans l'entreprise blablabla", ce n'est réinvesti en rien du tout sauf dans sa nouvelle voiture chaque début d'année
je ne dis pas que patron = à décapiter, mais il faut être aveugle, de mauvaise foi ou de leur côté du manche pour ne pas constater la martingale
je suis également revenu de la fameuse dichotomie "patron du CAC 40 / patron de PME" car je vis actuellement une sacrée arnaque par un "petit" patron
l'analogie historique me laisse toujours perplexe : il est exact qu'un SMICard ou qu'un RMIste (surtout ce dernier) vivent bien mieux qu'un serf obéissant à son suzerain, mais cette vision purement technique et comptable de l'existence me semble à chaque fois incomplète, pour user d'euphémisme ; elle en dit d'ailleurs souvent plus sur celui qui l'emploie que sur son sujet
pour terminer il y a en effet des ponts entre estrème-drouate et estrème-gôche concernant les points économiques et sociaux
c'est juste qu'on ne pense pas aux mêmes populations ciblées
la solidarité est une valeur importante du fascisme
Écrit par : GAG | 30/05/2012
Un exemple récent : http://blogs.rue89.nouvelobs.com/storitalia/2014/06/06/corruption-en-italie-nous-navons-plus-la-force-de-nous-enerver-233052 .
« "Ce que est bien chez vous les Français", me disait un Italien il y a peu, "c’est encore votre capacité à vous énerver. En Italie, on n’a même plus la force." »
Écrit par : Criticus | 12/11/2014
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