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16/05/2012

LES ESCLAVES HEUREUX DE LA LIBERTE

Un type qui parvient à se faire éditer légalement en citant Dominique Venner dans ses pages et sur sa couvrante peut-il être tout-à-fait mauvais ? Même ma libraire, tiers-mondiste plus qu'à son tour, s'était réservé un exemplaire, attirée par le fumet alléchant de ces Esclaves heureux de la liberté - ça m'a interloqué mais j'ai raqué quand même pour l'avoir. Ca se lit en une journée et c'est plutôt décevant, et je ne dis pas ça à cause des goûts baroques et inconséquents de ma libraire. 

Il y a d'abord cette langue étrange, à mi-chemin entre la causerie de troquet et l'essai littéraire plus formel, un mélange des genres revendiqué d'entrée de jeu, y compris par une mise en garde dans la préface. Le fond ne gêne pas, la forme un peu plus ; c'est moins une question de confort de lecture (quiconque a survécu à la non-syntaxe des Bagatelles avalera ça sans tousser) que de musicalité : l'ambiance troquet l'emporte un peu trop souvent et pour une charge contre la laideur et la stérilité de notre civilisation décomposée, on se serait attendu à plus d'écume enragée que de postillons avinés.

Les trois premiers chapitres sont assez réjouissants : le non-art et ses maquereaux s'en prennent plein la face : notre temps ne sait que conserver sous vide une beauté antique qui fut vivante et vibrante avant que nous ne la transvasions dans du formol. Nous ne laisserons aucune trace mémorable, les archéologues du futur, s'il en reste qui ne grattent pas la terre du Malawi à la recherche des momies de Michel-Ange et Montaigne, seront stupéfaits de découvrir un peuple vénérant des dieux de verre et de béton, des singes verticaux se prosternant devant des monolithes sans nom ni sens ni fonctions, passant leur non-existence la gueule collée à des écrans mettant en scène leur insignifiance avec l'impudeur d'un mongolien en rut

Et puis, après trois chapitres d'invectives et de remontage de pendules, tout s'effondre. L'auteur s'est défoulé, il lui reste quelques pages à noircir pour ne pas se contenter du format d'Enculez-vous ! et il se met à causer philo, théologie, absconneries débilitantes, à se faire plaisir en allignant les phrases comme automatiquement. Les deux tiers du bouquin se feuillètent en Z sans états d'âmes, pour arriver à la "conclusion" où Portella nous dit bien se douter qu'on est resté sur notre faim. Tu m'étonnes Elton ! On pensait se taper un monstre gueuleton, on a droit à trois amuse-bouche avant des litres d'eau tiède... 

Dommage. 

Commentaires

Ah merde, il me zieute sur la bibliothèque depuis 2 semaines, j'attendais d'en finir avec le de Gaulle de Venner ...

Suis moins chaud maintenant ...

Écrit par : Le Bâtard | 16/05/2012

Navré...

Tapez-vous quand même les trois premiers chapitres, ils valent honnêtement le détour, mais ce n'est qu'un point de départ qui appellerait des développements autrement plus approfondis.

Écrit par : Stag | 16/05/2012

Diantre ! A l'instar du Bâtard, il traîne sur ma table de nuit depuis deux mois. Bah, il faut que je le lise, ne serait-ce que pour vérifier que je ne sois pas en désaccord avec vous.

Écrit par : Anthony | 16/05/2012

je risque pas de le trouver à la municipale biblio de mon bled....


déjà que pour un céline, un léon bloy ou un brasillach, t'es obligé de demander , car ils sont pas dans le fond de roulement mais dans un fond spécial intitulé "réserve" ( probable pour pas les abimer , hein ).....


tant pis....faudra donc que je le vole....

si je suis pris ( honte ! rouge au front et menottes aux poignets )je pourrais toujours dire que dominique venner est une ordure de droitard et que je lutte pour que ce genre d'ignoble individu ne puisse pas toucher de droits d'auteur.....mais , d'une part c'est pas l'auteur et d'autre part , je doute que le juge m'absolve....

Écrit par : kobus van cleef | 17/05/2012

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