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23/11/2012

UN ACTE D'INSURRECTION A BLANC

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L'ami Pharamond tient le bon bout ici. Bout façonné par Orwell et son archi-cité "A une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire." Mais le terme de révolutionnaire est encore trop gentil. Prononcer des faits basiques (tous les peuples n'ont pas le même niveau, la sodomie n'a pas le même impact sur la reproduction de l'espèce que le coït vaginal) est considéré par l'Etat, le Spectacle, les traîtres professionnels et les liquéfiés de la tête comme une déclaration de guerre contre l'ordre établi.

Bien entendu, spectaculeurs, traîtres et décérébrés se réclament volontiers, eux aussi, eux surtout, de la provocation, des vérités qui dérangent (sans préciser qui - le Bourgeois Fasciste Inconnu, faut croire) et autres titres de noblesse des paumés qui s'improvisent fous du roi parce que règner tout court ou conseiller intelligemment le souverain est manifestement au-dessus de leurs forces. Que de la merde, on le précise parce que ça ne coûte pas des sous, pas parce qu'il y avait le moindre doute. 

Ca ne devrait pas faire croire qu'il suffit de tenir des discours qui dérangent VRAIMENT les gens qui détiennent un pouvoir EFFECTIF dans le système actuel. Conscientiser les masses, c'est avant tout un hobby de parasite, et on n'échappe pas à la règle parce qu'on écoute Landser plutôt que du ska (il y a encore des gens qui en écoutent, ne vous moquez pas d'eux trop vite : il y en a aussi qui en jouent !). 

Et puis pour désencombrer les écoutilles d'un brave droitard ou d'un gauchiste récupérable, vous pouvez toujours chercher sur la toile faf, vous n'êtes pas prêts de trouver THE outil pédagogique, argument fatal, démonstration infaillible. En règle si générale qu'elle est quasi universelle, les convaincus ne parlent qu'aux convaincus et ne sont écoutés que d'eux.

Ceci dit, il est évident pour beaucoup de gens que les lignes ont bougé, dans la mesure où ce qui relevait hier du bon sens non-connoté politiquement est de nos jours le propre de chtourmfureurs violeurs d'enfants juifs par nuit de pleine lune (cet astre blanc auquel les ouacistes rendent un culte bien connu). Prenez les lignes qui suivent et tâchez de deviner les convictions profondes de qui les a écrites, il y a une quarantaine d'années :

Etant donné que l'intérêt général, c'est la culture pour tous, toute culture personnelle est un abominable privilège, une inégalité scandaleuse aristocratique, un intérêt particulier. Ouvrez les facultés aux inaptes et aux imbéciles, ils ont droit aux titres universitaires comme les autres. Abaissez les examens et les enseignements jusqu'au niveau du dernier, supprimez tout ce qui risque de différencier l'homme, diffusez la culture par la télévision et Paris-Match, il faut que chacun ait cette culture- et pas une autre, sans quoi il pourrait y avoir encore une différentiation. Tout le monde à l'école de la bêtification, qui sera en même temps celle de la béatification sociale. Ceux qui prétendraient que la culture est autre chose que ce qui est diffusé là, et que ce que la masse peut en tirer, représentent des intérêts particuliers et ne doivent pas par leur scandaleux égoïsme entraver la marche triomphante du progrès.

Rapprochez ce lexique brutal des récentes Black studies amerloques, des cours de hip-hop semi-obligatoires, de la destruction méthodique de la syntaxe et de l'orthographe, du bac-pour-tous hexagonal,  et dégustez le contraste.

L'auteur de ce qui précède est Jacques Ellul, gauchiste, chrétien, antifasciste (dans sa phénoménale Exégèse des nouveaux lieux communs, 1966).

Nous en sommes là.

Exposer des banalités équivaut à passer le portique d'une gendarmerie avec deux cartouchières croisées sur la bedaine. Sans le flingue qui va bien avec, bien sûr. Mais ça n'empêchera pas la famille Képi de vous abattre pour menace hypothétique de l'ordre public. 

Commentaires

j'aime les points sur les i
"culture pour tous" sonne comme "pantalon bleu marine taille 40"
ou encore "one size fits all"
perso, j'ai jamais pu rentrer mon cul ou mes pieds dans de la mesure industrielle ( d'où l'intérêt du brannock device dans le petit monde de la cordonnerie)
lorsqu'une femme va voir son gynéco, elle espère autre chose comme réponse à ses questions que "on va adopter le schéma de raisonnement standard"
lorsque l'employé de mairie qui se rénove une bicoque acquise à la sueur de son front contacte l'architecte, il ambitionne autre chose que "on casse tout pour refaire du basique comme le lotissement d'à coté"
lorsque le premier gaucho venu va voir son conseiller fiscal, il exige du sur mesure
et plus encore s'il est initiateur de "la culture pour tous"
pourquoi donc ce mode de raisonnement s'efface-t-il dès lors qu'on parle d'intellect pur?

Écrit par : kobus van cleef | 03/12/2012

Question bête (ou, disons plutôt, posée par un imbécile): Ellul est-il ironique ou sérieux dans votre citation?

Écrit par : Un Fan | 09/12/2012

@ Groupie : c'est le défaut de ce bouquin, son ton ironique systématique, son second degré caricatural persistant d'un chapitre à l'autre. La démonstration en perd un peu en force de frappe; à la limite, c'est un ouvrage qu'il faudrait déclamer, avec le ton rageur et grinçant qui convient.

Écrit par : stag | 09/12/2012

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