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17/11/2013

"...N'ACCEPTE PAS QU'ON LA LUI SERVE"

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Je n'ai pas l'honneur de connaître Maître Bonnand, et ne suis donc pas au clair sur ses opinions politiques et sa vision de l'effondrement de la civilisation européenne - si tant est qu'il en ait. Mais à ne retenir qu'une seule chose de lui, je choisis son dernier billet dans La Matin (17 novembre) qui, à la manière douce et ferme d'un gardien prévenant, renvoie dans sa cage la guenon sous acide qu'une improbable Armée des Douze Singes avait laissé sortir.

Le tam-tam provoqué par un récent article de Minute dicte mon propos. Ici ou là, d'une possible mauvaise foi.

Nous sommes, nous Suisses, ignifuges. Hélas, peut-être...

Les Français, eux, révolutionnaires inconsolés, s'embrasent d'un rien. Même la trivialité les porte à l'incandescence.

Il ne faut pas méconnaître la nécessité pour un exécutif, légitime mais indigne, d'un pays exsangue et sous haute tension sociale, de faire diversion. L'invocation des grands principes et des "valeurs républicaines" est une incantation. Un appel au drapeau... 

Mais au-delà de cette nécessité politicienne, un débat de fond surgit qui importe.

Minute consacre à Mme Christiane Taubira un texte... résolument élogieux.

Ainsi le journal salue-t-il l'esprit inventif de la Gardienne des Sceaux, son sens du mouvement et de l'adaptation, son intelligence en un mot. Elle est dite "maligne comme un singe". Réservé à un "Arian" (sic), le jugement serait réputé flatteur.

L'icône de la gauche progressiste se voit aussi reconnaître la maîtrise des règles de notre modernité, qui veulent que l'on se dise victime pour rassembler. La compassion nous tient lieu de pensée; notre réflexion se réduit à la sympathie et s'y épuise.

La victime est le seul et dernier héros de nos temps délétères.

Enfin, Minute de se réjouir du retour en grâce, après quelques turbulences, de la Grande prêtresse du mariage recto, par une formule familière et argotique, mais attestée, "Taubira retrouve la banane."

Mots pernicieusement choisis...

Que Minute n'a-t-il écrit que Mme Taubira était "rusée comme une renarde" et qu'elle avait retrouvé "la pêche"...

Nous n'aurions pas entendu le premier ministre français, soudainement matamore, dire, d'une voix qui chevrote, que sa main, elle, ne tremblerait pas et qu'il châtierait les rebelles à la bien-pensance régnante.

L'injure raciale ne passera pas.

Un singe... une banane, c'est pour les ignorants, l'Afrique.

Or, Mme Taubira est d'origine guyanaise et d'apparence mélanine. Sa singularité exige une sollicitude particulière. Les métaphores et le vocabulaire communs lui sont une offense et toute référence, même allusive, à sa race, par quoi il faut entendre sa lignée, devient infraction.

Le ministre, lecteur d'Aimé Césaire, revendique sa négritude, mais n'accepte pas qu'on la lui serve.

La notion de race concourait à définir l'identité. L'essence. La race, c'était le roman des origines, le récit des mythes et légendes fondateurs, une religion souvent, une langue et une culture toujours. Un héritage. Une verticalité qui nous détermine...

Le concept est aujourd'hui récusé.

La race n'existe plus. Le mot même devrait être à l'initiative de la gauche rayé de la Charte fondamentale française.

Les races n'existent pas, mais le racisme existe. Aporie qui voit l'antiraciste consacrer la notion de race que par ailleurs il nie et pourfendre... ce qui n'est pas. Don Quichotte dérisoire et inutile : le vent des moulins reprend toujours ses tours.

Le racisme n'est pas une opinion, aventure Jean-Marc Ayrault, mais un délit.

Oui... un délit d'opinion.

La loi porte ainsi atteinte à la liberté de penser et d'expression. Le pouvoir nous intime de penser droit. C'est-à-dire à gauche. Violence inacceptable.

Le racisme est légitime, s'il n'est que le constat de ce qui différencie les hommes. Ce constat fait, ni l'intelligence, ni le coeur ne peuvent renoncer à conclure. Ils élisent ou rejettent. Parce qu'ils choisissent, ils discriminent.

Certes, nous sommes tous descendants de tel ancêtre de Lucie. Ou d'Adam. Nous sommes les héritiers de Sem, de Cham et de J'affaire (sic).

Mais nous ne sommes que des cousins. L'idéologie dominante nous voudrait frères... Mieux, jumeaux monozygotes. Egaux et indifférenciés. Poisseux de l'Autre que nous sommes de surcroît sommés de respecter et d'aimer.

Obligation répulsive pour toute intelligence exigeante que le coeur n'adultère.

Commentaires

Si tu ne connais pas Bonnant, il est en ce moment au Grand Théâtre de Calvingrad pour le procès de Wagner en compagnie de BHL : http://www.geneveopera.ch/production_104.
J'aime bien Bonnant même s'il parle et s'il écrit comme un avocat.

Écrit par : Nauf. | 18/11/2013

"Le ministre, lecteur d'Aimé Césaire, revendique sa négritude, mais n'accepte pas qu'on la lui serve."

C'est toujours la même chose : les noirs s'appellent "des nègres", mais entre eux.
De même les homosexuels se traitent de pédés, mais entre eux.
En dehors de la communauté, il y a des mots que vous êtes sommés d'oublier.

Écrit par : Carine | 27/11/2013

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