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02/12/2013

L'INSTINCT TRIBAL

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Le plus souvent très isolé du fait de ses convictions, le faf se retrouve à chercher la compagnie de purs cinglés pour la mauvaise raison qu'ils paraissent avoir les mêmes lectures que lui. La déglingue de la droite radicale diffère de sa version ultragauchiste essentiellement par le style : plus propre à l'extérieur, cette race de tarés est tout aussi ravagée à l'intérieur, et son intégration sociale est plus délicate encore, parce que le faf ne dispose pas, lui, de squats où tenter d'oublier entre comparses le déséquilibre pathétique de son quotidien.

On traîne dans ce milieu quelques années, le temps nécessaire à s'en dégoûter pour la vie, et on reprend sa route hagarde. Pour beaucoup, ça suppose se rapprocher de ce qui semble être le moindre mal : la droite traditionnelle. Après tout, la défiance à l'égard de l'Etat y est forte, de même que le mépris pour les crasseux à tam-tams, et après quelques coups de blancs les blagues ouacistes déclenchent souvent des rires complices. Avec la fatigue des excès de jeunesse, on peut devenir assez cynique pour y creuser son trou. Mais il faut pour cela avoir tué en soi toute naïveté et tout romantisme, ces deux élans fondamentaux sans lesquels on ne serait jamais venus à l'ivresse nationaliste. Et le cynisme, ça ne s'improvise pas, il faut né pour, à la limite.

L'indolence et le coma sont la pente naturelle de la plupart d'entre nous, l'état de stagnation qui nous menace quasi tous tôt ou tard - mais pas l'amertume et le pragmatisme poisseux. Peu d'élus dans les rangs des véritables saloperies vivantes, ce qui est somme toute un motif d'espoir.

Dans le même temps, il arrive que l'on croise des individus dont les convictions professées nous heurtent, mais avec qui l'on trouve bien plus de terrains d'entente qu'avec les prétendus "alliés naturels" vers qui nous pousserait une grille de lecture strictement politicarde.

Entre un punk à chien moins con que la moyenne et un diplômé d'école de commerce truffant ses phrases d'anglicisme, le choix me semble assez vite fait. Surtout si ce dernier a les cheveux longs bien soignés et une cravate.

Voyez tous ces gauchiasses pauvres, qui ne votent pas socialiste, et qui donnent à leurs enfants des noms évoquant un siècle disparu, amoureux des petits troquets qui ont résisté à la gleichaltung urbaniste déshumanisée, chez qui on entend toujours un air d'accordéon, amateurs de petits pinards locaux... Un ouvriérisme dérisoire les a menés à un style de vie que le patriote enraciné ne peut que plébisciter. Leur pourquoi est abject, mais leur comment ? Il aurait pas une gueule cousine du nôtre, des fois ?

In fine, tout, mais alors absolument tout revient à la notion de clan.

Untel a-t-il ou non le sens de la famille ? Répondre à cette question, c'est en régler cent autres : tient-il sa parole, peut-on compter sur lui en cas d'embrouille, est-il un membre honorable de la "communauté nationale" au sens où nous l'entendons, etc.

Le discours affiché, les valeurs invoquées, le nombre de bouquins "illégaux" bien en évidence dans la biblio, pipeau que tout cela. La famille, tout est là. Quel rapport a-t-on avec la sienne, a-t-on relevé l'insane défi d'en créer une soi-même, tient-elle un minimum la route, quelle place y occupe-t-on, s'est-on vraiment arraché le cul pour la prendre et la conserver...

Voilà l'outil de tri tout bête, bien con, superbement banal, bourgeois en diable cracherons certains... qu'on aimerait bien voir à la tâche, des fois qu'ils s'y cassent les ratiches... Des fois que ce serait même cette certitude qui, tout au fond d'eux, les pousse à lever le nez avec morgue pour se donner une contenance... See if you can make it like the others do...

Je ne donne pas de leçons et ne m'érige pas en exemple, me contentant de divulguer un truc tout bête qui m'a été bien utile ces dix dernières années. Il m'en aura fallu quinze, de gaspillage obscène de ma jeunesse et de mon énergie avant de trouver celle, fondamentale, de m'attaquer à ce foutu chantier, le seul qui compte vraiment. Mais avoir signé est une chose, d'une autre monde que de l'assumer jusqu'au bout. Je ne fais pas le malin.

Le vrai résultat du test ne sera pas publié avant les environs de 2030, date à laquelle beaucoup d'entre nous ne serons plus là pour en prendre acte.

Pour notre génération de patriotes, se réconcilier avec ses instincts naturels et tenter de se plier vaille que vaille à leur loi est peut-être le sommet de ce que nous pourrons accomplir. Un saut par-dessus soi-même, par-dessus le désespoir, la fatalité, la dénatalité ambiante, la rationalité qu'invoquent en ne plaisantant à moitié ceux qui n'ont pas voulu de cette renaissance à plusieurs.

Commentaires

« la droite traditionnelle. Après tout, la défiance à l'égard de l'Etat y est forte »

C'est peut-être vrai en Suisse, ça ne l'est pas en France. Ce qui ajoute au problème.

Écrit par : Criticus | 03/12/2013

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