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15/06/2014

STRAGGLER

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Comme toujours, de la littérature de haute voltige au CGB. Qui aime bien pinaille bien, aussi je relève un petit défaut dans l'analyse, à savoir le recours à la métaphore du straggler.

Elle semble pertinente au premier abord. Les pauvres merdes dénoncées dans le texte de Beboper sont effectivement en retard de plusieurs guerres. Mais là s'arrête la comparaison. Ce qui fait le ridicule de leurs postures frondeuses et résistantes n'est pas ce passéisme forcené : c'est que la guerre qu'ils prétendent mener a été gagnée par d'autres qu'eux bien avant leur naissance. C'est que les risques qu'ils semblent prendre n'existent pas. C'est qu'ils sont du côté du Bien, du Bon, du Beau, et qu'il n'y a vraiment pas de quoi se la raconter.

Le straggler historique poursuit, en risquant sa vie ou du moins en la mettant complètement entre parenthèses, un but de guerre jugé universellement comme mauvais - mauvais parce que c'est le camp du Bien qui est réputé avoir triomphé. Le combat de l'acharné dans sa jungle est dérisoire, parce que toute sa hiérarchie a capitulé. Il est aussi un peu ridicule, parce que son sacrifice ne changera rien à la situation, pliée depuis longtemps. Le straggler cumule les mauvais points Citoyens : non seulement il se bat du côté du Mal, mais il n'a pas même conscience que ce Mal a été vaincu. (Enfin bon, il faut quand même rester vigilant pour encore quelques milliards d'années, des fois que le ventre fécond, machin).

Quel sacrifice accomplit le Résistant de 2014 ? Il ne risque certes pas sa peau, mais en plus sa carrière peut en retirer un sacré bénéfice. Aucune loi ne condamne l'expression de ses opinions, sa mythologie politique jouit du respect du plus grand nombre. Il peut évoluer dans les plus hautes sphères de la société sans renoncer à ses badges et ses slogans. Loin d'être isolé dans une jungle imprenable, il est au contraire sursocialisé, impeccablement intégré au magma dégueulasse qui a remplacé notre civilisation.

A quoi "résiste"-t-il, d'ailleurs ? A rien du tout, parce qu'il n'y a pas d'Occupant, pas de Collaboration, rien à combattre. Le Mal ayant été exclu de la bonne société, la seule mission du Correcteur est de glorifier le nom du Bien. Il n'est pas dans la situation du marin qui doit écoper un navire menacé de naufrage, mais dans celle d'un technicien qui vérifie l'étanchéité d'un porte-avion en cale sèche.

Il n'a pas de convictions politiques qui tranchent avec le reste de la société, parce que celle-ci les respecte et les applique à la lettre. Tout le dégoût qu'elle peut lui inspirer ne provient que de son propre jusqu'au-boutisme, comme il existe dans le monde musulman des timbrés qui voient le shaitan dans un catalogue de maillots de bain.

Il n'est pas un soldat, mais un cureton. Son activisme n'est pas politique, il est moral. C'est un puritain d'une nouvelle espèce, protégé par les institutions, qui ne risquera une paire de baffes que dans la mesure où il viendra ouvertement la chercher dans le microcosme skin NS. Partout ailleurs ? Tranquillité et sécurité garanties aussi longtemps qu'il ne provoquera pas la police.

Le Correcteur que raille Beboper est un planqué perpétuel, un parvenu, une sous-merde qui vit sa vie comme une reconstitution des ultimes heures de la dernière guerre, avec des balles en guimauve et bombes de confettis.

A la limite, ce sont plutôt les ouacistes qu'il vomit qui sont dans la position du straggler, menant avec des moyens ridicules une guerre perdue il y a des lustres.

Commentaires

Le recours à la métaphore du straggler montre à l'évidence qu'au CGB on a furieusement assimilé et digéré les dogmes proférés depuis 1945 par le camp du Bien. Autant dire qu'au CGB, à quelques variantes près, on n'est pas très éloigné – bien qu'on s'en défende avec toute la véhémence requise et un certain style – des curetons rouges repus de confort intellectuel que l'on s'offre le luxe de railler ou de descendre en flamme. L'utilisation d'une certaine sémantique en atteste immanquablement. Pour le CGB les coteries n'existent pas, peanuts, pur fantasme de cerveaux malades prétendent-ils. Il est vrai que se lancer sur pareil terrain peut vous griller définitivement auprès des vôtres, de vos collègues et faire de votre petite personne, un paria. Pour conclure, avec des pèlerins pareils nous ne sommes pas sortis de l'auberge, où nous crèverons tous, blancs de basse ou de haute extraction.

Bourgeois réac versus progéniture boboïde, bataille d'échotiers, sinon d'égoutiers germanopratins, autant dire l'insignifiance absolue. Le fond historique de leurs problématiques étant pourri, tout devient sophisme, tout est vain, tout est jeu.

Effectivement, cette littérature relève de la haute voltige, nous sommes bien d'accord... ou de l'exercice d'assouplissement du parfait égotiste, c'est-à-dire peu de chose en vérité.

Le lieutenant citron fidèle à son Empereur, respectueux de sa hiérarchie ayant capitulé dans les conditions que l'on sait, voilà qui ne manque pas de laisser interloquée et dans l'incompréhension émerveillée la cervelle de l'homme farci de propagande démocratique.

« La révolution... mais nous y assistons tous les jours... la seule, la vraie révolution, c'est le facteur nègre qui saute la bonne... dans quelques générations, la France sera métissée complètement, et nos mots ne voudront plus rien dire... que ça plaise ou pas, l'homme blanc est mort à Stalingrad. »
Céline à son ami Pierre Duverger (1943).

Ainsi soit-il.

L'histoire cependant nous réserve de sacrées surprises, essentiellement divines.

Écrit par : Danny | 16/06/2014

Oh, les grands esprits se rencontrent... Je leur ai justement écrit un commentaire pour rappeler qu'une seule chose permettait d'évaluer si tel combat ou tel combat, à un moment donné, était d' "arrière" ou d' "avant" garde, et qu'il s'agissait encore et toujours d'observer de quel côté se trouvait le bâton.

Il n'est pas encore publié, mon commentaire... il est extrêmement long. En trois parties ! :$

Écrit par : Olive | 17/06/2014

L'anagramme de puritain, c'est "rie, putain !"

Écrit par : kobus van cleef | 21/06/2014

Comparez ouvertement un bobo gauchiste à un curé de campagne ancienne époque lorsqu'il vous fait une leçon de morale humaniste/gentil; sa tête deviendra toute rouge et il projettera de la fumée par tous les orifices.
Effet garanti.

Écrit par : Lilou | 28/06/2014

Les commentaires sont fermés.