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11/12/2014

PRIÈRE DE RAPPELER PLUS TARD, L'INSURRECTION DEMANDÉE A FOUTU LE CAMP SOUS LES TROPIQUES

Pas mal sous le niveau du lac ces derniers temps, d'où la longue inactivité de ce bleaugue. Quand il me reste du temps, je bouquine. J'avance dans les trois volumes de MacDonald, joli travail de recherche mais assez étouffe-chrétien sur la forme. Pour respirer, j'ai aussi lu A nos amis. Criticus, qui contrairement à vous béotiens sait combien je suis sage et avisé, me demande si ça m'a autant mis le calbuth en ébullition que L'insurrection qui vient. A quoi je descends provisoirement de ma colonne et réponds que ça m'a paru:
 
Chiant.
 
Le premier volume contenait de belles tranches de rage désabusée contre l'ennui desséchant de notre temps. On en trouve fort peu dans le second.
 
Ca veut tirer un bilan honnête de la contestation mondiale antiglobaliste, en mettant dans le même sac révolutionnaire tout individu qui a un jour lancé un caillou quelque part. Déjà que l'Internationale bolcho était un sacré pâté d'alouettes, alors après la chute du Mur... L'attrait pour la cause de hordes de sociopathes et de marginaux n'est absolument pas traitée. Les raisons objectives de l'effondrement du "mouvement" altermerdialiste guère plus.
 
Le verbiage pompeux, politico-poétique, est souvent étouffant. Ca raille les intellos bourgeois qui s'improvisent Brigadistes, mais quel prolo révolté va se farcir une prose si grasseyante ? Ils ambitionnent de clarifier doctrinalement certains points essentiels, mais c'est à peine s'ils proposent des "pistes", au milieu d'un fatras de réflexions vaseuses, de sarcasmes et de jeux de mots. Le style est parfois nerveux, mais c'est absolument indigeste, et on en retire peu de choses applicables. 
 
C'est le discours prétentieux de maniaques de l'émeute, pour qui abattre les structures existantes prime sur ce qu'on veut ériger à la place. Ca pourrait être acceptable si c'était assumé; et ça l'est, dans un certain sens ultralibertaire.
 
Conséquence logique de l'impératif énoncé dans LIQV: ne pas devenir un "milieu". Ils vont même plus loin: le révolutionnaire ne doit pas être un poisson dans l'eau, mais l'eau elle-même. Traduction: pas de tête pensante, des organisations fluides et insaisissables, des groupes indécapitables. Ca déroute peut-être la police et les services secrets, mais ça ne débouche sur rien de plus que des "ZAD" ponctuelles, où on met certes sa sécurité physique et sociale en jeu, mais quant à construire quelque chose de durable et d'indépendant... C'est bien dans la ligne du situationnisme, qui ne veut que des "situations", nomades et éphémères... 
 
J'ai été un peu estomaqué de voir la trifonctionnalité de Dumézil citée en fin de volume; mais la récurrence du mot "fasciste" et le qualificatif "sinistre" accolé à Dieudonné illustrent les limites intellectuelles émasculantes de ces braves gens. L'écrabouillage identitaire, la Correction Politique, l'entremêlage des intérêts gauchistes et capitalistes, que pouic, ça n'existe pas. Quant au caractère fondamentalement conservateur du peuple qu'il est question d'émanciper, silence de langue tranchée.

Il faudrait que je relise tout cela comme je le fais d'ordinaire, avec un crayon en main, pour des commentaires plus approfondis. Mais l'impression générale que j'en retire est un délire verbeux anarcho-syndicaliste pour qui tous les manifestants sont frères, quand bien même cette fratrie se serait révélée stérile, flasque et volatile.

Commentaires

Bon, c'est donc ici que je posterai mes impressions après l'avoir lu.

Écrit par : Criticus | 11/12/2014

Pour ceux qui veulent se faire un avis : http://tinyurl.com/owwlsef .

Écrit par : Criticus | 14/12/2014

J'ai donc lu. Le texte est un pot-pourri de théories conspi qui me renvoient à l'époque où je me suis farci tout le site “Vigilant Citizen”. Nihil novi sub sole, etc.

Ce que j'ai trouvé intéressant, en revanche, c'est que la démarche des auteurs illustre la théorie du “fer à cheval” de Jean-Pierre Faye : plus le fer à cheval est comprimé, plus les extrêmes se rejoignent.

Car si l'introduction démarre comme un manifeste gauchiste, le discours, peu à peu, se brouille au point qu'il devient difficile d'établir la couleur politique du texte.

Brouiller les faux-repères me semble une démarche salutaire et même si je n'ai pas appris grand' chose, cette lecture m'a confirmé que les clivages bidon sont en train de s'estomper. Pas dit que cela débouche sur du mieux, mais au moins, l'illusion politique s'évanouit peu à peu, ce qui nous épargnera les débats en carton tous les cinq ans en famille et entre amis. Le cirque politicien intéresse de moins en moins les gens, et c'est autant de temps et d'énergie de gagnés.

Écrit par : Criticus | 14/12/2014

Curieusement, Wikipedia ne comporte aucune entrée pour la théorie du « fer à cheval », il n'y a de note qu'en ricain : http://en.wikipedia.org/wiki/Horseshoe_theory .

Écrit par : Criticus | 15/12/2014

Les commentaires sont fermés.