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13/10/2007

HEIL ERIC CARTMAN

Vous m'excuserez si j'en rajoute une couche sur le même thème qu'il y a quelques semaines, à savoir que l'assouplissement de certaines crispations n'est pas un bon signe.

 

Avec le fractionnement communautariste de l'Occident, nous nous dirigeons vers des tensions interethniques si fortes qu'il faudra bien trouver des soins palliatifs pour conserver une apparence de Cohésion Sociale (on commence même à inventer des ministères qui en sont explicitement chargés...)

 

La dédramatisation en fera partie de plus en plus ouvertement, officiellement même si ça se trouve. Ces techniques de désamorçage se mettent en place spontanément au niveau de la rue, quoiqu'en disent les sociologues et autres mercenaires de la Grisaille.

 

Le Club Acacia en fournit un énième exemple, avec ces deux épisodes de South Park. En trois-quatre maladroits crobards, c'est l'essentiel du discours identitaire qui est résumé, dix fois plus cash que ce que répètent les appointés les plus médiatiques du milieu. Tout y passe : l'obsession victimaire des blaques, la mort sociale que peut entraîner un mot malheureux, l'hostilité latente entre communautés sur un même sol, les fausses excuses qui sont de vraies humiliations, le culte progressiste de tout ce qui est difforme, laid, "différent" quoi.

 

Ca passe à la télévision, c'est accepté, toléré, partie intégrante de la culture jeune contemporaine. Ca ne provoque aucune émeute. Ca ne rapproche pas d'un poil de cul l'éventualité d'une reconquête de ce qui était, il y a un siècle ou deux, "nos terres".

 

Un patriote qui n'aspire pas viscéralement à bronzer sous les projecteurs officiels, qui n'a pas l'âme d'un flic ou d'un comptable, n'a pour seul avenir qu'un statut d'Eric Cartmann local. Hurler des abominations, insulter tout et tout le monde, se palucher aux occasions où chacun morve dans la dentelle. C'est jouissif, c'est extrêmement satisfaisant, mais ce n'est pas un programme politique, ni un projet de société.

 

Ces choses-là s'articulent dans l'arène démocratique. Un monde où on ne veut de nous que comme épouvantails ou comme fous du roi, et où aucun d'entre nous, spectres d'une armée sans chefs et sans armes, ne se sent vraiment à sa place. C'est un club pour gens raisonnables, subdivisé en autant de "partis des honnêtes gens", ceux qui portent une cravate ou qui laissent ostensiblement leur chemise ouverte, selon qu'ils racolent dans les ghettos ou les conseils d'administration.

 

Pour se faire admettre dans ce club, il faut laisser au vestiaire son amour-propre, son goût du boucan, ses élans destructeurs, ses passions esthétiques, ses tentations expéditives, sa frustration inconsolable de ne pas vivre en des temps moins policés et de trop bien savoir que l'action directe n'est plus qu'une forme de suicide social. Il faut, en un mot, devenir un Vieux Volontaire, dans un univers qui craint la mort, châtre la jeunesse et résume le bonheur dans la trinité Carte Visa - Viagra - Isoloir.

 

La nouvelle Marque de la Bête, c'est d'arborer fièrement cette grisaille qui nous étouffe, absorber sa couleur et son odeur, en faire des étendards, s'accoupler avec elle, devenir elle autant qu'elle devient nous.

 

C'est certainement cela qu'ils appellent la maturité. Aimer Big Brother. Se dire qu'on s'est bien marré mais que c'est le moment de passer aux choses sérieuses. Mépriser avec tendresse les gamins qui refusent de grandir. Dédramatiser. Rire de son propre esclavage.

 

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Commentaires

Scandaleux!

Je n'ai eu le droit qu'à un seul des deux épisodes!

Écrit par : Simon | 14/10/2007

Les commentaires sont fermés.