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24/09/2007

PUNK IS DEAD INDEED

On les croise encore souvent, crête au vent, badges antiques, pompes rutilantes, lacets choisis, t-shirt ad hoc. Punks ? Ils en ont toute la panoplie, ils en connaissent par cœur les rites sacrés et les références intouchables. Croient-ils vraiment à ce qu’ils prêchent ? Des clous.

 

Où sont passées toutes ces flamboyances autodestructrices qui donnaient à ce non-mouvement toute sa rage et sa noblesse ? La Correction Politique est passée par là : antifascisme obligatoire pour tout le monde, altermondialisme bon teint, autodestruction réglée sur soft histoire de durer le plus longtemps possible aux crochets du Système si décrié.

 

La punkitude, c’était la croix gam’ de Sid Vicious, paradant dans le quartier juif de Paris.  C’était l’univers déglingué de Lemmy Kilmister entre bouteilles de Makers Mark et militaria nazebroque. C’était le gigantesque Majeur à la bonne morale progressiste. Le coup porté là où ça faisait vraiment mal à la démocrassouille dégénérée, comme une évidence, aussi naturel que respirer.

 

Aux oubliettes, cette provoc’ sans frontières morales ; il faut maintenant tortiller du cul et manier l’argument oiseux tout autant que n’importe quel parvenu.

 

La punkitude, c’était aussi et surtout ce vieux cri de Guerre Totale : No Future. Entendez qu’il n’y a pas d’avenir pour nous dans ce mouroir industriel et que nous ne voulons pas du recyclage qu’on nous propose. Vivre vite, crever jeune, pas en trop bon état pour partir plus léger.

 

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Poubelle, tout ça ! Prière de croire, désormais, qu’un Autre Monde est vraiment Possible, et que ce qui empêche le changement se regroupe dans l’invraisemblable camp des « réacs-bourgeois-fascistes-libéraux ». Ne demeurent que les vestiges du cirque à la Bérurier Noir , caricature porno de la haine originelle contre tout ce qui représentait le monde d’Après-Guerre, le Reich des Baby-boomers, le Grand Hospice Occidental qui réserve à chacun d’entre nous un lit et un tiroir de morgue bien avant notre naissance.

 

 

Comme des œufs qui passent directement du cul de la poule au rayon frais. Nous ne sommes plus que des Ressources Humaines, même et surtout en-dehors des heures de boulot.

 

GG Allen remplacé par Green Day. Costès évincé par Bigeard. Johnny Rotten passant la main à Michael Youn. Virginie Despentes au rayon de Bukowsky. Castration et préservation, le recul face à la mort au moment crucial de choisir.

 

L’ultime et humiliant réflexe de survie quand il aurait fallu passer le pas. Mais ceux qui l’ont passé, justement, ne sont plus là pour en parler. Ce sont sans doute eux qui ont raison. Les rats qui quittent le navire ne peuvent pas se faire d’illusion : au-delà du rafiot, il n’y a que de l’eau et de la glace. L’ultime choix se résume à choisir de couler seul ou avec la cargaison.

 

Bienheureux ceux qui croient à la magie, à la métempsychose, à une vie moins absurde après une mort grotesque. Ils trouvent peut-être de quoi assourdir les hurlements de leurs tripes quand ils contemplent leur coin de bitume urbain. Les autres, les agnostiques, les nihilistes malgré eux, n’ont pas ce réconfort-là.

 

Mais a-t-on vraiment le choix de ne croire en rien, quand on est à la fois patriote, antiréac, vomi par la gauche, rejeté par la droite, maudit des philosémites comme des antisémites, voué à la guerre sainte par les mahométans autant que par ceux qui voient Ben Laden planqué dans toutes les barbes d’Orient ?

 

Réponse à cette interminable et stupide question : non, on n’a pas le choix. On ne peut que croire, ou agir comme si on croyait que nos actes avaient un sens.

 

Voilà bien la dernière option qu’il nous reste : faire du boucan à réveiller les morts, puisque les vivants, eux, ont choisi de ne plus jamais rien entendre.

Commentaires

Bonjour,
Pourriez vous m'envoyer un Email a l'adresse indiqué plus haut, j'ai une proposition a vous faire au sujet de votre blog qui pourrait vous plaire.

merci,
Enoch

Écrit par : Enoch | 27/09/2007

Què adresse ? N'auriez-vous point oublié un ctrl+/V quelque part ?

Écrit par : Stag Nation | 27/09/2007

Toujours aussi optimiste Saint Martin, à ce que je vois.
Je vais vous dire une bonne chose : pour ne pas perdre la sainte bonne haine, ne vieillissez pas... Ne crève pas qui veux, je vous assure.
Bon ben... comme me le disait un vieux pote de l'époque que vous évoquez, pote désormais réfugié à Nice : "crache pour moi sur le macadam parisien" -remplacez le macadam par ce qui vous amuse.

Écrit par : Restif | 28/09/2007

"qui veut". Ah, et merci pour la trad de Preston, étant fort désséché sur l'anglais, j'ai tendance à paresser.

Découvert Dénikine chez Rodion grâce au lien. De quoi becter du neurone.

( Au joli temps dont vous parlez, le Bétar/batard voulait nous flinguer, du moins sortait les guns. C'était plus jouissif qu'aujourd'hui!. On avait vraiment la sensation de les faire caguer velu.)

Écrit par : R. | 28/09/2007

Ce qui fout le bourdon, c'est qu'on n'échappe VRAIMENT pas à l'esprit des temps, jamais, personne, surtout pas ceux qui tentent de vivre malgré lui. Imaginons qu'ils les ressortent, leurs pétoires, eux et tous les autres leucophages. Ils se passera quoi dans le camp des Morituri ? Combien seront à la hauteur, oseront riposter, réussiront à viser juste ?

Jouissif d'être traité en Ennemi Public, oui ! Mais quand l'adrénaline retombe et qu'il faut sauver sa couenne pour de bon, mieux vaut avoir été éduqué dans un monde où hurler, cogner et détruire était considéré comme parfois nécessaire. Vous avez peut-être eu cette chance. Pas mes contemporains. On a toujours eu trop à perdre et pas assez pour se battre. Une vie entière de clair-obscur. Si certains en sont venus à se coller une celtos dans le dos, c'était surtout une manière de clarifier la cible pour le tireur d'en-face.

Ca fait bien sept ans que je n'ai pas revu le bitume parigot. Je suppose qu'il y a suffisamment de Chinois sur place pour qu'ils y bavent à ma place. Paraît qu'à Beijing, ça fout tant la gerbe aux touristes qu'ils sont en train de rééduquer leur plèbe pour que ça cesse le temps des JO.

Écrit par : Stag Nation | 28/09/2007

J’ai eu cette chance. Et j’ai porté une croix celtique (pas dans le dos, mais une ferraille au cou. A Nanterre, c’était chaud marrant. Mais une conviction…Faire écumer les robots, ouais, un temps).
J’ai fait une …croix là dessus, parce que les anciens combattants m’emmerdent, moi le premier. De toutes façons, a forces de nuits au poste, être aux mains de bonnes brutes salariés, on s’en lasse.

Reste la cervelle et un peu de Boken pour par finir obèse.
Disons que vous avez réveillé un mort, un instant. Vous avez un style qui claque dru.
Et comme les conseils puent, RAS.

Écrit par : Restif. | 28/09/2007

Les meilleurs diplômes sont ceux qu'on reçoit dans la clandestinité. Me voilà donc officiellement morticien par vos bons soins. Mais y a de la triche : pour lire mes merdes sans vous étrangler ou hausser les épaules, vous avez certainement "vécu" un minimum. Or, comme le disait élégamment un certain Howard Phillips, That is not dead which can eternal lie. Allez savoir si les morts pur jus ne se réveilleront pas pour de bon, un de ces quatre.

Meilleurs saluts et merci pour la visite.

Écrit par : Stag Nation | 28/09/2007

En 1977, j'avais 12 ans. J'ai sauté à pieds joints dans l' "Ici et Maintenant" malgré mon jeune age. Mes potes gigotaient sur les Rubettes, moi et mon meilleur pote, Bro' Vince, nous tirions des plans sur la comète, en écoutant les Sex Pistols, les Clash, les Ramones, Motorhead, Metal Urbain... puis, un peu plus tard... UK Subs, Sham 69, Angelic Upstarts, Siouxie and the Banshees... et j'en oublie. Quelques années plus tard... fraternellement... nous allions commenter, nous accompagnant de Jenlain et d'autres substances encore plus nocives, nos lectures de Mishima, de Bukowski, en nous jurant que nous serions des "rock stars" ou des terroristes.

Nous ne sommes devenus ni l'un ni l'autre. Rien de tout ça. Juste des hommes tentant de regarder la vie à hauteur d'homme. Le plus librement possible. Échec ? Allez savoir. Des pères de familles avec des heures de vols et des atterrissages forcés. Et des épouses et des enfants que nous pouvons regarder dans les yeux.

Mais le Punk... au-delà de la posture des nains, que vous évoquez avec force et justesse dans votre note... a été pour nous l'occasion de nous faire dérailler comme il se doit. Lorsque à 12 ans on écoute les Sex Pistols... si jamais on lit... on peut basculer, au début des années 80, vers Lautréamont, ou Rimbaud... sans parler des décadents fin 19ème siècle, Huysmans et compagnie... ce qui agrandit la brèche, vous devez vous en douter.

Bien entendu... avoir 16 ans en 1981 c'est participer, adolescent, à la ferveur Mitterrandienne. Surtout lorsqu'on a grandit dans une cité et qu'on a détesté la grisaille Giscardienne. Mais la ferveur fut de courte durée. Le temps de tomber, par hasard, sur Max Stirner, après quelques réunions de la Fédération Anarchiste assez décevantes... puis, de fil en aiguille, oserais-je dire... sur Nietzsche... sur Jünger. Et on se prend à rire des Bérurier Noir, à les trouver audacieux mais petits.

La perspective d'une vie à la p'tite semaine devient plus évidente à la conscience... et on fini par dire "non", même si par manque de couilles, d'expérience... que sais-je ?...on est tenu par le système... on se donne la peine de se trouver des portes dérobées... des instants d'extases et de visions... pour ne pas subsister connement. On apprend à éteindre la télévision... à ouvrir un livre... à explorer la Vie selon d'autres angles que les angles habituels.

Je ne vibre pas, comme vous semblez le faire, aux appels d'un anarcho-nationalisme, ou de toute autre possibilité idéologique. Mais Restif a raison, vous avez une plume trempée dans l'acide, le sang et le foutre.

Bien à Vous...

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Écrit par : Nebo | 08/10/2007

Beau témoignage. Et des compliments en sus. Y en a qui vont croire que je censure les messages désagréables...

Quand le punk a été avorté, je devais à peine savoir chier tout seul. Je n'aurai pas connu ça ni rien d'approchant. De vagues échos, des décombres hantés, des reconstitutions maladroites. Une jeunesse idiote et sans but, dans le confort d'un coton imbibé de vinaigre. Et puis quelques années de rage que j'ai eu la honte de croire productive.

La "grisaille giscardienne"... Au moins, elle avait une B.O. à base d'accordéon. Du haut de ma pauvre pyramide, ça semble moins écoeurant que le jambé et le slam. Une raison de s'acharner à vivre pourrait être la curiosité : savoir ce que la génération suivante trouvera d'encore plus laid et plus con. J'ai l'intuition floue que passé un certain stade de stupéfaction, on passe du rire jaune à un rire instinctif, horrifié, réellement libérateur, immaîtrisable. J'aimerais connaître ça.

La littérature N/A m'a branché pour son refus de se raconter des salades sur la possibilité d'une infiltration de la Machine, ou les chances de la renverser par les armes. Ca change des pulsions réacs d'encasernement collectif ou des caches d'armes qui ne tueront jamais que du carton. Sinon c'est un truc qui finit en "-isme" et puis voilà. Si on lit ça en mettant de côté les conclusions militantes, ça reste plaisant. Et puis qui sait ? Il y aura peut-être des activistes aux reins plus solides que les miens pour en tirer quelque chose de concret.

Vu l'amour que les structures hiérarchiques portent aux têtes qui dépassent, c'est relativement improbable. Sans compter qu'à ce jour, selon ma dérisoire expérience, les reins solides servent plus à se remettre rapidement d'une enculade qu'à ne pas s'y soumettre. Les purs sont des faibles qui font long feu. L'avenir a toujours été aux médiocres besogneux.

Père de famille, un échec ? Je vois plutôt ça comme un crash-test impitoyable. Après des années de bécanes et des bobos pas trop graves, j'ai toujours plus de terreur devant une poussette que devant une chaise roulante. Je parie que le jour où je serai prêt à passer le pas, je n'écrirai plus une ligne, sur rien, pour personne.

Connais rien en peinture à part Dali et Giger. Je farfouillerai vos productions plus avant ces prochains jours. Merci de la visite et du long commentaire.

Écrit par : Stag Nation | 09/10/2007

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